Titre : La treizième heure
Auteur : Emmanuelle Bayamack-Tam
Editeur : POL
Nombre de pages : 512
Date de parution : août 2022
La treizième heure
A la suite de sa rupture amoureuse avec Hind, Lenny, passionné de poésie, crée l’Eglise de la Treizième heure. Inspiré par Artemis, le poème de Nerval, cet homme charismatique et christique souhaite ouvrir un endroit où cesse la persécution.
Car il faut bien comprendre que la motivation première de nos nouvelles recrues, c’est la gêne et la haine que leur inspire leur histoire familiale.
Cette communauté millénariste regroupe une centaine de membres, des marginaux angoissés par l’évolution du monde. C’est aussi le lieu où il a décidé d’élever Farah, sa fille abandonnée à la naissance par Hind. La poésie est le moteur de la théologie et de la liturgie de cette communauté.
Trois personnages, trois univers
Le roman est construit en trois parties, donnant chacune la parole à un des membres de cette famille. Successivement, Farah, Lenny et Hind livrent leur histoire et les liens qui les unissent. Chacun inscrit son récit dans son univers. Respectivement, la littérature, la poésie et la chanson.
Passionnée de littérature, Farah ouvre le bal. Née intersexuée, elle se pose surtout des questions sur sa mère. Son père ne lui en a jamais parlé, ses grands-parents brouillent les informations en mentionnant Hind ou Sophie, une treiziémiste.
Une ado bousillée par mes frasques, perturbée par les mensonges de son père mais déterminée à faire bonne figure.
Lenny est un homme souriant malgré ses démons intérieurs. Un doux au coeur tendre qui a trouvé refuge dans la poésie. Hind a bouleversé sa vie. Il conte avec passion son histoire d’amour.
Sans elle, j’aurais conservé toute ma vie les mêmes préférences molles, je n’aurais rien rejeté, rien écarté, rien abjuré.
Le récit de Hind bouleverse la tranquille acceptation de Farah et Lenny. Trans, elle est une femme flamboyante, une femme de passion plus que de bonheur.
Le désir, Farah, c’est tout sauf simple, surtout quand on en éprouve très peu pour soi-même, ce qui a longtemps été mon cas.
Des questionnements contemporains
La treizième heure est un roman de passion, de ruptures et de retrouvailles. Passion amoureuse, passion pour la littérature, la poésie et la chanson. Passion aussi pour les autres quelque soient leur origine, leur genre. C’est aussi un roman sur les nouvelles familles avec l’acceptation des genres, les possibilités de la GPA.
Entre Farah et Hind, on constate la différence de l’acceptation suivant les générations.
La communauté offre un refuge aux névrosés du monde actuel. A tous ceux qui craignent le réchauffement climatique, la guerre, l’épidémie. Aux marginaux.
C’est donc un roman foisonnant, actuel, original. Si j’ai aimé l’approche de Farah, respecté la vision tendre de Lenny, Hind m’a choquée lors de ses confessions à Farah. De plus son univers musical omniprésent m’a finalement agacé.
Prix Landerneau 2022
Emmanuelle Bayamack- Tam a reçu le Prix Landerneau 2022 pour ce roman. Elle était en compétition avec :
– Hadrien Bels, Tibi la blanche
– Blandine Rinkel, Vers la violence
– Emilienne Malfatto, Le colonel ne dort pas
Commentaires
Tu ne lui aurait donc pas donné de prix.
Non j’ai voté pour Tibi la blanche 😉