Sur la route de jostein

Titre : Le bâtard de Nazareth
Auteur : Metin Arditi
Editeur : Grasset
Nombre de pages : 198
Date de parution : 22 mars 2023

 

Vie et destin de Jésus

Inspiré par l’essai de Daniel Marguerat, Vie et destin de Jésus de Nazareth, Metin Arditi reprend l’hypothèse que Jésus soit un « mamzer » ( un bâtard). Ainsi, il livre sa propre vision de l’enfance et du destin de Jésus.
Jésus est le fruit du viol de Marie par un soldat romain. Joseph épouse la jeune femme enceinte et fait de Jésus son fils. La bonté de Joseph illumine une fois de plus ce récit.
Mais lorsque Samuel, son seul camarade, le traite de « mamzer », Jésus comprend enfin pourquoi lui et sa mère sont mis au ban de la société.
Cette blessure va forger son destin.
Enfant intelligent, il ne tarde pas à remettre en cause les lois de la Torah. N’est-il pas injuste d’exclure les impurs sous prétexte de sauvegarder la vigueur du peuple juif ?

Jésus, humanisé

Dans ce récit romancé, Jésus est humanisé. Il n’est pas le fils de l’esprit saint. Ses miracles sont le résultat de ses dons de guérisseur et de sa connaissance des plantes. Quand ils ne sont pas tout simplement mis en scène par ses compagnons. Il est un homme qui succombe aux charmes de Marie de Magdala. Humain et féministe, son unique volonté est de donner une place aux impurs, aux femmes. Baptisé par Jean, il n’adhère pas à son prosélytisme par la peur. Contre la loi du Talion, il prône le pardon pour endiguer la violence.

Judas, fondateur du christianisme

Dans cette fiction, Judas est l’instrument du destin de Jésus. Mais là où Jésus veut réformer les Lois, Judas veut mener une révolution. L’ambition de Judas est de provoquer la scission avec la religion juive, en créant ce qui sera le christianisme.
Les quarante jours passés dans le désert sont ici une confrontation avec Judas. Un face à face qui mène Jésus à Jérusalem pour affronter le Sanhédrin. Et vers son destin sur la croix.

Un roman qui ouvre le débat

Si la conception virginale de Jésus est parfois remise en cause, Metin Arditi va ici beaucoup plus loin. Il fait de Jésus un fils reconnaissant envers son père et défenseur de sa mère, un amant auprès de Marie de Magdala. Et il remet en cause les miracles et la résurrection. L’auteur veut ainsi montrer comment une blessure d’enfance peut guider un destin. Et comment certains peuvent utiliser un parcours unique pour créer un mythe et une religion.
Blessé dans son âme, Jésus s’élève en défenseur des exclus, en féministe. Il met souvent en garde les docteurs de la Loi.

Rien d’extérieur à l’homme ne peut le rendre impur. Seuls ses mots et ses pensées, ce qui vient de l’intérieur de lui-même, pourront l’avilir. Pas ce qu’il mange ni ce qu’il boit. Pas même s’il fait ou non ses ablutions. Ce sont ses mots et ses pensées, je te le dis. En excluant les impurs, tu invites les Nations à nous exclure à notre tour, si un jour l’occasion devait se présenter à elles. Là serait la fin de notre peuple.

Les religions sont justes quand elles prônent l’amour, la charité et le pardon mais il faut se méfier  de l’interprétation que certains peuvent faire des textes sacrés.

Ce roman un peu court, basé sur une idée, se révèle un peu superficiel à la lecture mais il offre une large ouverture sur la réflexion.