Titre : Le caprice de vivre
Auteur : Jadd Hilal
Editeur : Elyzad
Nombre de pages : 212
Date de parution : 22 août 2023
Quinze ans de colocation
Ils se sont rencontrés en Khâgne. Houman Basara et Souleymane s’étaient installés dans une colocation de la rue Monge. Et ils ont très vite été rejoints par Warda Shahid. Entrés dans la vie active, ils continuent à vivre sous le même toit. Mais une décision professionnelle de Warda risque de faire exploser ce trio.
Warda, trente-quatre ans, originaire du Liban, est journaliste au Monde. Talentueuse, elle a reçu le Prix Albert Londres en 2016. Entière, elle se bat pour imposer sa féminité et ses origines face à un milieu professionnel d’hommes blancs. Provocante, elle fait l’amour pour se laver des atrocités croisées lors de ses missions de grand reporter. Souleymane est son amant occasionnel. Elle n’accepte que le sexe et surtout pas l’amour.
Souleymane a arrêté ses études au milieu de la khâgne pour devenir ostéopathe. Peu convaincu par son métier, ce garçon flemmard ne se pose pas beaucoup de questions. Il passe son temps à monter un dossier sur la maltraitance des chameaux au Qatar.
Houman a quitté la Palestine au grand regret de ses parents. Ecrivain, il vient de se faire refuser son second manuscrit par son éditeur. Houman pense que la littérature est universelle, qu’elle ne doit pas dépendre d’un lieu, ni des origines de l’auteur. Il refuse de s’enfermer dans son identité arabe. Amoureux fou de Warda, sa « rose des sables », il ne veut pourtant pas répondre à sa demande de sexe.
Lorsque Warda veut enquêter sur l’implication de son grand-père dans le Farhoud, émeute sanglante contre les juifs de Bagdad en 1941, Houman pressent le point de divergence qui fera exploser leur trio.
Des sensibilités différentes.
C’est ce qu’il décide de raconter dans son nouveau manuscrit. Et c’est aussi le thème du roman de Jadd Hilal. Trois personnages de ce (presque) huis-clos, de jeunes actifs en quête de positionnement entre leur intégration parisienne et leur identité raciale, réagissent différemment aux situations qui s’imposent.
Houman craint que les sujets d’etude de Souleymane et de Warda stigmatisent des préjugés sur les Arabes. Lui ne se veut ni Palestinien, ni Arabe. Mais il est tourmenté par cet amour fou et impossible qu’il voue à Warda.
Souleymane, comme à son habitude, ne dit rien mais suit son objectif. Et parvient même à se libérer de l’emprise de Warda.
Warda est prête à tout pour dire la vérité, quitte à perdre son emploi et l’amour de ses proches.
Il y a de quoi être emmerdé de ce que cette affaire sur mon grand-père montrerait du Moyen-Orient, d’accord. Mais fermer sa gueule comme tu le fais ? Tu ne vois pas à quel point c’est lâche que tu n’écrives pas sur des cruautés de ce genre, plutôt que sur notre trio dont tout le monde s’en fout.
Questionnements intimes, passions, vengeances font exploser ces quinze années d’amitié.
Le caprice de vivre est un roman très actuel. Il nous interroge sur la place de cette jeunesse en quête de place dans la société. Comment s’intégrer dans cette société blanche, patriarcale avec le poids de ses origines?
Le style un peu rugueux est aussi très contemporain, notamment avec le langage et le comportement crus de Warda. Ce sont des personnages très marqués et tranchés. Aussi peuvent-ils déplaire mais le sujet est très intéressant.
Commentaires
Ce que tu dis du langage me refroidit un peu.
Seule Warda est provocante, elle rend même les deux personnages masculins un peu mous. Pas courant. Elle réagit sûrement en réaction à ce qu’elle subit, notamment dans son milieu professionnel.