Sur la route de jostein

Titre : La mort de Vivek Oji
Auteur : Akwaeke Emezi
Littérature nigeriane
Titre original : The death of Vivek Oji
Traducteur : Blandine Longre
Editeur : Gallimard
Nombre de pages : 288
Date de parution : 9 février 2023

 

Chronique d’une mort annoncée

Le lendemain des émeutes au marché, Kavita retrouve le corps de son fils, nu, simplement enveloppé d’un tissu avec des hibiscus rouges, sur la véranda de sa maison. Qui a tué son fils et qui a ramené son corps ? Pourquoi Vivek ne porte-t-il plus le pendentif de Ganesh qu’il ne quittait jamais ?

Cela l’accablait de ne pas savoir de qui il s’agissait, de ne pas savoir ce qui s’était passé.

Kavita n’aura de cesse de chercher comment et pourquoi son fils est mort. Si Chika le père se laisse abattre, elle, cherche des réponses auprès des amies de son fils et de son cousin, Osita.

Peut-être cherche-t-elle aussi ce qu’elle n’a pas voulu voir de son vivant quand Vivek, perturbé, devenait un squelette aux cheveux longs, un corps christique.

Une jeunesse en quête d’identité

Kavita, d’origine indienne, avait épousé le bel et solide Chika. Vivek est né le jour de la mort de sa grand-mère. Il en a hérité une marque de naissance au pied. Et il devra vivre chaque anniversaire entre joie et douleur.
Il trouve réconfort auprès de son cousin, Osita. Ce dernier aime passer son temps chez Chika, loin d’un père sévère et d’une mère embrigadée dans son église.
Dans le village, les femmes ( les Nigerwives) sont très proches. Si beaucoup souffrent en silence des infidélités de leurs maris, elles créent une communauté entre elles et leurs enfants.
Comme tous les adolescents de leur génération, les jeunes n’ont pas le même rapport au corps, au couple. Vivek se sent compris auprès de Juju, Elizabeth, Solto et Olumne, les filles des Nigerwives.

La société nigériane

Mais dans ces villages, comme dans tout le pays, chacun sait qu’il peut, au milieu d’une foule sauvage, se retrouver avec un pneu autour du corps. Vivek a-t-il été victime d’un accident lors des émeutes au marché comme le dit la police ou d’un meurtre ? Kavita parviendra-t-elle à découvrir la vérité ?
Akwaeke Emezi construit un roman sensible, plein de suspense. Au travers du destin de Vivek, elle pose une fois de plus la question de l’identité et du genre. En convoquant famille, adolescents, adultes, elle distingue les perceptions de chacun. Du refus de voir aux volontés d’exorcisme, de l’acceptation à l’implication, chacun croise Vivek différemment.
Ce récit lumineux et bouleversant se termine avec la beauté d’un être qui peut enfin se sentir aimée pour ce qu’elle est.
Une très belle lecture pour le Mois africain.