Titre : Dîner à Montréal
Auteur : Philippe Besson
Editeur : Julliard
Nombre de pages : 198
Date de parution : 29 mai 2019
Dix-huit ans après sa rupture avec Paul Darrigrand, Philippe croise son ancien amant lors de la signature de son roman Se résoudre aux adieux dans une librairie de Montréal.
Surpris, l’auteur parvient toutefois à oser inviter Paul à dîner. Celui-ci accepte mais vient avec sa femme, Isabelle. Philippe viendra avec Antoine, un étudiant rencontré quelques mois auparavant.
Dans ce huis-clos, les conversations sont empreintes de sous-entendus. Paul et Philippe ne peuvent ouvertement évoquer le passé devant leur compagnon. Entre conversations anodines, évocations de leurs vies respectives, Paul utilise souvent l’analyse des romans de l’auteur pour exposer des traces de leur histoire et lancer des questionnements silencieux pour le plus grand malaise de tous.
« la vie ça ne fait pas un livre, jamais, la vie réécrite ça peut en faire un. »
Chacun joue son rôle. Isabelle souhaite éviter les sujets sensibles. Paul surprend en voulant se questionner sur le passé. Antoine assiste au spectacle. Philippe est curieux de comprendre Paul, sans vouloir blesser les deux autres.
Les points cruciaux sont abordés entre les deux ex-amants lorsque Isabelle et Antoine s’échappent pour fumer une cigarette. La conversation directe est alors plus périlleuse.
Philippe Besson poursuit et termine son cycle autobiographique sur ses amours passées. Le talent s’exprime une fois de plus grâce à la sincérité de l’auteur, dans l’analyse sans tabous des sentiments de chacun.
« Le commentaire de l’actualité est une béquille bien commode.»
Mais ici l’essentiel réside dans l’intime entre la vie assumée de Philippe, bien loin d’être idéale dans les moments de solitude et de doute sur son charme et les réticences de Paul, incapable d’assumer et privilégiant la tranquillité au risque de passer à côté du bonheur.
Dans une conversation policée, l’auteur joue avec la différence entre ce qui se dit et ce que l’autre entend, ne sachant jamais, comme lors de la rupture si le coeur prime sur la raison.
Grâce à la finesse de l’écriture, le regard de l’auteur, nous assistons vraiment à ce dîner à Montréal. Percevant autant les regards, les attitudes que les mots prononcés, le lecteur se positionne en spectateur privilégié de ce huis-clos sous haute tension.
Commentaires
Je le lirai certainement. J’avais été très touchée par « Arrête avec tes mensonges ».
Le second m’avait moins touchée mais celui-ci est, une fois de plus, superbement écrit
Lecture prévue.
Tu ne seras pas déçue
Ce livre me donne vraiment envie 🙂
Avec le second, je craignais l’enlisement. Ce troisième récit montre que l’auteur peut toujours nous surprendre