Titre : Les sept mariages d’Edgar et de Ludmilla
Auteur : Jean-Christophe Rufin 
Editeur : Gallimard
Nombre de pages : 384
Date de parution : 28 mars 2019

«  Sur le temps long, le couple apparaît comme le produit sans cesse changeant d’influences multiples, de prises de conscience et d’incapacité à communiquer, de chutes et de relèvements, de transformations intérieures et de contraintes sociales. »

Jean-Christophe Rufin s’affranchit du couple romanesque classique, soit fusionnel, soit déchiré. En s’inspirant de sa propre expérience, avec Edgar et Ludmila, il construit un couple mouvant au fil des sentiments et  des aléas de la vie. Quelque soit l’attirance, la passion, la magie de la première rencontre, chaque caractère reprend le dessus. Les origines et les destins des deux personnages ne peuvent que compliquer le long fleuve, pas si tranquille, de la vie du couple.

Edgar est né de père inconnu. Il est élevé modestement par sa mère, vendeuse de fleurs sur les marchés. Le jour où il monte à Paris, il aide un gentleman à changer une roue de sa voiture. Cet homme, notaire, lui propose de devenir son garçon de courses. En 1958, il part avec Paul, le fils du notaire et leur copine respective pour un voyage Paris Moscou à bord d’une Simca Marly. Ce voyage couvert par Paris Match, sous haute surveillance des autorités russes les amène au centre d’un petit village où Ludmilla profite de cet événement pour attirer l’attention, en se perchant, nue, en haut du grand chêne.

Edgar, énergique et séduisant est sous le charme des yeux à la puissance envoûtante de Ludmilla. Issue d’une famille originaire de la Crimée, déportée pendant la guerre, Ludmilla joue la folle pour échapper à la convoitise des hommes.

A son retour en France, Edgar apprend la mort de sa mère. Il n’a plus qu’une idée en tête, sauver Ludmilla de sa détresse comme il aurait voulu sauver sa mère de la misère. Il retourne à Kiev, recherche Ludmilla, l’épouse et la ramène à Paris.

Les premiers temps de l’exil ne sont pas faciles. Edgar regrette d’avoir entraîné la jeune femme dans sa misère. Il se sent incapable de la protéger, de la faire vivre dignement. Il lui propose de divorcer pour que chacun soit heureux ailleurs.

Le jeune homme ne reviendra vers sa bien-aimée qu’une fois sa réussite assurée et son compte en banque bien rempli. 

Au fil des réussites, des rencontres, des échecs de chacun, les mariages se font et se défont. L’amour est réel de part et d’autre mais l’orgueil d’Edgar le pousse à fuir quand ses affaires périclitent. 

A la manière d’un Bernard Tapie, Edgar construit un empire, en s’engageant dans des activités variées, parfois à la limite de la loi. Ludmilla devient une star de l’opéra, mondaine et capricieuse. L’un et l’autre parcourt le monde, laissant leur fille Ingrid en marge de leur vie.

«  les deux parents d’Ingrid, chacun de son côté, avaient perdu tout contact avec la réalité. Ils vivaient dans un monde que seul l’argent permet d’atteindre. »

Le narrateur, médecin,  rencontre Ingrid alors qu’elle fait un stage dans son hôpital. Il est fasciné par l’histoire peu banale de ses parents, mariés sept fois ensemble depuis leur rencontre au pied d’un chêne en Russie. Il enquête auprès d’eux et de leurs amis et nous raconte cette histoire d’amour incroyable. 

A la fois concerné et observateur, le narrateur semble nous conter une histoire vraie. Edgar nous fait penser à Bernard Tapie, Ludmilla à une cantatrice célèbre mais tout sort de l’imagination de l’auteur, lui-même confronté aux aléas du divorce et du remariage puisqu’il s’est marié quatre fois dont trois fois avec la même femme.

D’une construction assez classique, cette fiction se révèle plaisante grâce aux frasques de ce couple peu ordinaire. Sept mariages, ce n’est pas rien. Le point de vue extérieur du narrateur, la richesse des vies des protagonistes des années 60 à nos jours nous empêchent certainement de se lasser de ces chutes et relèvements successifs.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

7 juillet 2019 à 9 h 56 min

Je pense que ce roman pourrait me plaire ! Merci 🙂
Vivement le poche !



8 juillet 2019 à 19 h 57 min

j’aime cet auteur et je souhaiterais vraiment lire ce roman.



14 juillet 2019 à 20 h 33 min

Les livres de Jean-Christophe Ruffin me font toujours de l’oeil mais je n’arrive pas à faire le grand saut.



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