Titre : Vingt-quatre de la vie d’une femme
Auteur : Stefan Zweig
Littérature autrichienne
Titre original : Vierundzwanzig stunden aus dem leben einer fra
Traducteur : Françoise Wuilmart
Editeur : Pavillons poche Robert Laffont
Nombre de pages : 144
Date de parution : 21 janvier2021
Les romans de Stefan Zweig sont généralement assez courts, proches de la longue nouvelle mais ils sont toujours particulièrement intenses. Notamment parce que ses personnages sont des passionnés. Sous la plume de Stefan Zweig, nous vivons leur flamme dans les moindres expressions.
Dans une pension de famille de Monte Carlo, au début du XXe siècle, plusieurs pensionnaires se gaussent du comportement d’Henriette, une femme mûre, mariée, partie sur un coup de tête avec son amant, un jeune homme français. Seul le narrateur défend Henriette. Mrs C., une anglaise de soixante-sept ans s’en étonne.
Si je vous ai bien compris, vous croyez donc que Mme Henriette, qu’une femme puisse être précipitée innocemment dans une aventure inopinée, autrement dit qu’il y a donc des actes qu’une femme aurait jugés impossibles une heure auparavant, et dont elle ne saurait être tenue responsable?
Mrs C. Voit alors en ce jeune homme le confident qui pourra entendre sa confession sans la juger et comprendre ces vingt-quatre heures de sa vie qui la hantent depuis vingt-cinq ans.
Mrs C., anglicane de riche famille, a fait un beau mariage. Malheureusement elle fut veuve à quarante ans. Ses enfants devenus grands n’avaient plus besoin d’elle. Pour rompre son ennui, elle s’accordait quelque fois un séjour à Monte Carlo pour le plaisir d’observer les joueurs des casinos, lieux appréciés de son défunt mari. Passionné de chiromancie, il lui avait appris à observer les mains des joueurs. C’est ainsi qu’elle s’est laissée prendre au charme d’un jeune homme en train de perdre tout son argent. Des mains qui tremblent, se soulèvent et se cabrent. La description de cette rencontre visuelle sur plusieurs pages est absolument remarquable.
Ruiné, le jeune joueur s’enfuit. Mrs C. devine qu’il est prêt à commettre l’irréparable. Elle le suit, hésite à l’aborder mais sait qu’elle doit le sauver. En quelques instants, sous le masque expressif de ce beau jeune homme, cette femme respectable oublie tous ses principes.
Si la veille, quelqu’un avait insinué que moi, femme au passé irréprochable, imposant à son entourage le strict et digne respect de valeurs conventionnelles, j’aurais cette entrevue familière avec un jeune homme totalement inconnu, à peine plus âgé que mon fils et qui avait volé des pendentifs de perles…je l’aurais pris pour un fou. Or pas un instant je ne fus choquée de son récit car il racontait tout cela avec un tel naturel et une telle passion que ses agissements semblaient être l’effet plutôt d’une fièvre, d’une maladie, que d’une offense à la morale.
Mais peut-on sauver un addict aux jeux?
Anglicane, Mrs C. n’a jamais pu confesser ces vingt-quatre heures à quiconque. Seule la vieillesse peut aider à avoir moins peur de son passé et une oreille attentive, indulgente, compréhensive est le meilleur moyen de se délester du poids de ce que l’on vit comme une faute.
Stefan Zweig a l’art de faire des ses personnages ordinaires des figures inoubliables tant il parvient à nous faire ressentir leurs passions, leurs sentiments. Quelle précision, quelle force dans le style. C’est toujours un grand plaisir de lire ou relire cet auteur.
Commentaires
Je ne l’ai pas lu mais vu au théâtre avec Clémentine Celarie…. Intense et fort 😉
J’aimerais beaucoup le voir au théâtre
je l’ai adoré, comme toutes les longues nouvelles ou courts romans de Stefan Zweig que j’aime énormément 🙂
J’ai aimé aussi tout ce que j’ai lu de Stefan Zweig
vu au théâtre et en film, mais jamais lu! à faire!
Je vais chercher le film. Plus Facile en ce moment que le théâtre
Beaucoup aimé ce court roman.
J’aime beaucoup ta conclusion. Sweg un auteur à lire et relire