Titre : Le roitelet
Auteur : Jean-François Beauchemin
Littérature québécoise
Editeur : Lettres d’Amérique
Nombre de pages : 144
Date de parution : 18 janvier 2023
Un livre atypique
En premier lieu, la couverture nous interpelle. Un oiseau semble chuter mais il lève bec et yeux vers le ciel. La couleur de la couverture est patinée par le passage du temps. Un temps qui donne une valeur aux choses.
Ce récit avec ses courts chapitres est un recueil d’instants de vie comme de courts poèmes en prose.
Oui, presque rien n’arrive dans cette histoire, mais tout y a un sens.
Ce sont des moments insignifiants mais lumineux, parfois des réflexions métaphysiques, parfois des incursions fantomatiques d’êtres chers, ou des récits d’instants tragiques. Mais la lumière est toujours au bout du tunnel.
Deux frères
Dans une ferme, deux frères de 13 et 15 ans, se retrouvent seuls face à la naissance d’un veau. C’est le moment de bascule pour le cerveau adolescent du frère cadet.
mon frère devenait peu à peu un roitelet, un oiseau fragile dont l’or et la lumière de l’esprit s’échappaient par le haut de la tête.
Aujourd’hui âgé d’une soixantaine d’années, le narrateur-écrivain vit paisiblement auprès de sa femme, de ses voisins fermiers et d’un couple de coréens. Son jeune frère, employé chez un pépiniériste, vit à proximité. Le chien Pablo et le chat Lennon, les fantômes des êtres chers accompagnent en permanence les instants du narrateur.
J’essaye le plus possible de favoriser dans ma vie comme dans celle des autres les comportements affables et bienveillants. J’ai appris avec l’expérience que cette façon de vivre en société est l’équivalent d’un lubrifiant entre deux pièces mobiles.
Simplicité et espoir
Au fil des épreuves liées à la schizophrénie de son frère, l’écrivain sensible tente de l’accompagner, de se glisser avec lui dans cette brèche ténébreuse. L’amour se traduit par l’écoute, la proximité rassurante de l’un et de l’autre. Chacun apprend de l’autre.
C’est trop demander à son extrême sensibilité de vivre dans ce monde orageux, plein de grisaille et de crachin. En un sens, ton frère se bouche les oreilles et regarde ailleurs. Si tu veux l’aider, regarde dans la même direction que lui.
De ces turbulences de la vie, l’auteur apprend aussi à chercher l’espoir. Et son environnement champêtre est un précieux remède.
Une nature douce
Soyez peintres avant d’être poètes.
En pleine nature, on apprend beaucoup de la nature animale. La fidélité, la présence rassurante d’un chien, la résistance d’un oiseau, la tranquillité d’un chat. Chaque parcelle de vie vaut la peine qu’on s’y intéresse. Et c’est en prenant conscience de la beauté de la nature que l’on trouve sens à sa vie.
C’est un livre remarquable qui saisit par la douceur de l’amour, la lumière de l’espoir, le pouvoir lénifiant de l’environnement.
Une très belle découverte.
Commentaires
Je ne serais pas aller vers ce genre de livre, mais pourquoi pas.
On fait de belles rencontres parfois en sortant de son domaine de prédilection
J’ai découvert le Roitelet par sa superbe couverture.
Il ne se passe rien mais la joie règne malgré la maladie du frère.
nb: ce n’est pas autobiographique du tout! sauf l’âge de l’auteur: la soixantaine.C’est lui qui l’a dit.
J’ai dû le laisser influencer par les revues de presse. Plusieurs dont Telerama le classe en récit autobiographique. Mais je te fais confiance si c’est l’auteur, lui-même, qui l’a dit
Le pauvre J-F Beauchemin s’évertue à répéter que ce n’est pas autobiographique: il a quatre frères et une soeur. Les chiens se sont succédé…il nous a envoyé la photo du dernier, avec son épouse Manon.
Depuis le Roitelet, je lis tout ce que je trouve de cet auteur; il a écrit 25 bouquins mais il est actuellement difficile de s’en procurer en France. J’ai regardé quelques vidéos intéressantes.
Effectivement tu l’as écrit dans ton précédent commentaire. Dans chaque roman, il y a toujours une part d’autobiographie mais je vais corriger le mot pour respecter le souhait de l’auteur.