Titre : Une si longue lettre
Auteur : Mariama Bâ
Littérature sénégalaise
Editeur : Litos
Nombre de pages : 176
Date de parution : 23 août 2023
Première parution : 2001 chez Le serpent à Plumes
La lettre
Ramatoulaye vient de perdre son mari. Dans une longue lettre, elle confie à sa meilleure amie, Aïssatou, les épreuves de sa vie. C’est à la fois une forme de remerciement et une explication de choix de vie complètement opposés. En évoquant la trajectoire de ces deux femmes, Mariama Bâ décrit la condition féminine dans une société patriarcale et notamment la détresse des femmes face à la polygamie.
La polygamie
Contrairement à l’avis de sa mère, Ramatoulaye épouse Modou. Alors qu’elle arrête ses études, Modou part suivre sa formation de médecine en France.
Une femme doit épouser l’homme qui l’aime mais point celui qu’elle aime, c’est le secret d’un bonheur durable.
Toutefois, malgré l’ingérence de la belle-famille, Ramatoulaye est heureuse pendant une trentaine d’années. Le couple aura douze enfants.
Puis, sans concerter sa femme, Modou épouse une jeune amie de sa fille. Ramatoulaye finit par accepter la polygamie malgré l’avis de ses enfants.
Le cas de bien d’autres femmes, méprisées, reléguées ou échangées, dont on s’est séparé comme d’un boubou usé ou démodé.
Aïssatou, elle, n’accepte pas de partager son mari. Cette fille de bijoutier n’a jamais été acceptée par sa belle-famille. Sa belle-mère a spécialement éduquée une jeune nièce pour la faire épouser par son fils, Mawdo. Aïssatou refuse cette position. Elle a le courage de partir avec ses quatre fils. Par la lecture et les études, elle parvient à conquérir une belle situation.
La famille
Deux choix opposés, deux chemins de vie différents mais deux femmes blessées par le comportement de leur mari et de leur belle-famille.
En faisant le choix de rester, Ramatoulaye résiste pourtant aux traditions. Elle n’acceptera pas les demandes en mariage et elle tentera d’élever correctement ses enfants malgré les difficultés de leur adolescence.
Notre société actuelle est ébranlée dans ses assises les plus profondes, tiraillée entre l’attrait des vices importés, et la résistance farouche des vertus anciennes.
L’éducation devient une priorité. Si elle n’est plus épouse, elle reste plis que jamais une femme et une mère.
Et puis, on est mère pour comprendre l’inexplicable. On est mère pour illuminer les ténèbres. On est mère pour couver, quand les éclairs zèbrent la nuit, quand le tonnerre viole la terre, quand la boue enlise. On est mère pour aimer, sans commencement, ni fin.
Un roman culte
Lors de sa parution, ce roman connaît un grand succès. Mariama Bâ obtient un prix littéraire encore jamais attribué aux femmes. Inscrit dans les programmes scolaires et universitaires en Afrique, Une si longue lettre est devenu un classique de la littérature africaine. Traduit dans plus de vingt langues, ce livre a été édité plusieurs fois en France.
Mon coeur est en fête chaque fois qu’une femme émerge de l’ombre.
Au-delà de la condition féminine africaine, ce roman s’adresse à toutes les femmes. C’est un éloge à la famille et à la solidarité Cette lettre est aussi le témoignage touchant de la solidarité entre deux amies.
Commentaires
J’ai énormément aimé ce texte sensible, révoltant, porté par la belle écriture de Mariama Bâ.
Une belle découverte. Je suis contente d’avoir pu le proposer pour les concours du mois africain
Nous avons le plaisir de lire cette oeuvre
Cette chronique est largement consultée. Le livre doit être conseillé dans les programmes scolaires. Une si longue lettre est devenu « un classique » incontournable. Bonne lecture