Titre : La dernière nuit du raïs
Auteur : Yasmina Khadra
Éditeur : Julliard
Nombre de pages : 207
Date de parution : 20 août 2015
Auteur :
Yasmina Khadra est le pseudonyme de l’écrivain algérien Mohammed Moulessehoul, né en 1955 dans le Sahara algérien.
Yasmina Khadra est salué dans le monde entier. Sa trilogie Les Hirondelles de Kaboul, L’Attentat et Les Sirènes de Bagdad a largement contribué à sa renommée. La plupart de ses romans sont traduits dans de nombreux pays. Ce que le jour doit à la nuit – meilleur livre de l’année 2008 pour le magazine Lire et prix France Télévisions 2008 – a été adapté au cinéma par Alexandre Arcady en 2012.
Son site Internet : www.yasmina-khadra.com
Présentation de l’éditeur :
« Longtemps j’ai cru incarner une nation et mettre les puissants de ce monde à genoux. J’étais la légende faite homme. Les idoles et les poètes me mangeaient dans la main. Aujourd’hui, je n’ai à léguer à mes héritiers que ce livre qui relate les dernières heures de ma fabuleuse existence.
Lequel, du visionnaire tyrannique ou du Bédouin indomptable, l’Histoire retiendra-t-elle ? Pour moi, la question ne se pose même pas puisque l’on n’est que ce que les autres voudraient que l’on soit. »
Avec cette plongée vertigineuse dans la tête d’un tyran sanguinaire et mégalomane, Yasmina Khadra dresse le portrait universel de tous les dictateurs déchus et dévoile les ressorts les plus secrets de la barbarie humaine.
Mon avis :
Yasmina Khadra nous offre la dernière nuit du colonel Khadafi. C’est bel et bien un cadeau que de pouvoir entrer dans le cerveau de ce révolutionnaire acculé par les forces rebelles en cette journée et nuit du 20 octobre 2011.
En le faisant s’exprimer à la première personne, Yasmina Khadra donne la voix à Mouammar Khadafi sans exprimer aucun jugement. L’auteur n’est pas là pour juger mais pour tenter de comprendre l’âme de cet homme.
Retranché dans des lieux de Syrte, acculé par les rebelles et les frappes de l’OTAN, Khadafi, l’enfant béni du clan des Ghous, peut revenir sur son enfance hantée par les mensonges au sujet de son père, son adolescence rebelle, ses premiers éclats dans l’armée. Autant de secrets, de rebuffades qui lui donneront l’esprit de vengeance.
Lorsqu’il renverse la monarchie en 1969, il devient le Guide du peuple. Un peuple qui pourtant, se retourne en ce jour contre lui.
» Ce peuple m’a-t-il sincèrement aimé ou n’a-t-il été qu’un miroir qui me renvoyait mon narcissisme démesuré? »
Embarqué dans sa mégalomanie ( » C’est l’Histoire qui m’a écrit« ), à l’image de Dieu ( » Je suis comme le bon Dieu, le monde que j’ai créé s’est retourné contre moi.« ), soutenu par l’obédience des quelques fidèles prêts à mourir pour lui le raïs ne comprend pas cette trahison du peuple qui sort de sa condition de cheptel.
» Ne permets pas au menu fretin de te faire choir de ton nuage. » Le raïs se pense un être d’exception, guidé par les Voix, persuadé de son invincibilité et de sa protection divine.
L’orgueil, la susceptibilité ont fait d’un révolutionnaire adulé un tyran redouté. Mais face à son destin, la honte, la peur le questionnent sur le fondement du pouvoir.
Si au départ, je n’avais pas d’envie particulière à lire un roman sur Khadafi, personnage pourtant complexe et capital, c’est avec cet élargissement aux réflexions du pouvoir que j’ai complètement trouvé mon intérêt. Car, en ce moment de vérité où le destin d’un roi, d’un général, d’un leader se retourne, j’ai retrouvé la philosophie du pouvoir des bonnes tragédies.
Et puis c’est toujours un plaisir de lire Yasmina Khadra qui nous éclaire par sa grande culture sur cet événement historique et nous délecte de moments particuliers comme ce face à face avec le fantôme de Saddam Hussein ou cette obsession de Van Gogh.
D’autres avis élogieux chez Jérôme, Cultur’elle, Le blog de Natiora
Je remercie Babelio et les Éditions Julliard pour l’attribution de ce livre lors de la dernière opération Masse Critique
Commentaires
Très jolie critique qui me donne envie d’en savoir davantage sur cette oeuvre qui ne m’attirait a priori pas vraiment 😉
J’ai trouvé ce roman d’une force rare !
J’ai vraiment basculé sur le coup de coeur vers la seconde moitié. Cette réflexion sur le pouvoir m’a rappelé l’étude des tragédies de mes jeunes années. C’est lorsque je suis parvenue à sortir du cadre de Khadafi pour entrer dans un cas plus général que j’ai été convaincue.
Récupéré à la bibliothèque cette semaine, je vais bientôt m’y mettre. Et j’ai vraiment hâte !
Bonne lecture. C’est un des meilleurs romans de Khadra, je pense.
Il y a un petit moment que je n’ai pas lu Y Khadra, alors pourquoi ne pas m’y remettre avec ce roman ?
C’est indéniablement l’occasion.
Le sujet ne me tente pas trop non plus, mais je suis en train de revoir mon avis après avoir lu ton billet.
Youpi, je peux te faire changer d’avis. J’espère juste que tu ne le regretteras pas…
Ce n’est pas mon préféré de Khadra.D’autant que je viens de finir l’attentat que j’ai beaucoup apprécié.
J’ai lu L’attentat il y a bien longtemps et je crois que c’est celui qui m’a fait découvrir et aimer l’auteur.
Je n’ai pas encore lu cet auteur qui a l’air d’avoir beaucoup de talent mais ce ne sera pas avec ce titre, bien que ton billet incite à cette lecture, le thème ne m’intéresse pas du tout !