panhTitre : L’élimination
Auteurs : Rithy Panh avec Christophe Bataille
Éditeur : Grasset
Nombre de pages : 336
Date de parution : janvier 2012

Présentation de l’éditeur :
« A treize ans, je perds toute ma famille en quelques semaines. Mon grand frère, parti seul à pied vers notre maison de Phnom Penh. Mon beau-frère médecin, exécuté au bord de la route. Mon père, qui décide de ne plus s’alimenter. Ma mère, qui s’allonge à l’hôpital de Mong, dans le lit où vient de mourir une de ses filles. Mes nièces et mes neveux. Tous emportés par la cruauté et la folie khmère rouge. J’étais sans famille. J’étais sans nom. J’étais sans visage. Ainsi je suis resté vivant, car je n’étais plus rien. »
Trente ans après la fin du régime de Pol Pot, qui fit 1.7 millions de morts, l’enfant est devenu un cinéaste réputé. Il décide de questionner un des grands responsables de ce génocide : Duch, qui n’est ni un homme banal ni un démon, mais un organisateur éduqué, un bourreau qui parle, oublie, ment, explique, travaille sa légende.
L’élimination est le récit de cette confrontation hors du commun. Un grand livre sur notre histoire, sur la question du mal, dans la lignée de Si c’est un homme de Primo Levi, et de La nuit d’Elie Wiesel.

Mon avis :
Ce témoignage  de Rithy Panh, plus de trente ans après le régime du Kampuchéa démocratique de 1975 à 1979, est bouleversant. Rithy avait treize ans lorsque cela a commencé. Il y a perdu presque toute sa famille, son identité, son humanité. Par ce récit, il ne veut « ni sacralisation, ni banalisation », il veut comprendre.
Son métier de cinéaste lui permet de mettre des images et surtout de les expliquer. Ce livre permet de mettre des mots sur cette horreur.
L’auteur alterne le récit de sa jeunesse et la confrontation avec le principal bourreau, Duch. Les deux témoignages sont violents. Le récit de la déshumanisation, du génocide est horrible mais le rire et la négation de Duch sont révoltants.
Duch affiche son attitude  » Ne pas voir, ne pas regarder, ne pas entendre. Annoter les dossiers dans on bureau : telle est sa position officielle » . Et pourtant, dans le centre S21 que dirige Duch, on torture, on viole, on fait avouer et on extermine.
Dehors, les Khmers rouges  anéantissent la classe intellectuelle, font les mariages, interdisent les lunettes, uniformisent les habits et  changent les prénoms.
 » Dans ce monde, je ne suis plus un individu. Je suis sans liberté, sans pensée, sans origine, sans patrimoine, sans droits : je n’ai plus de corps. Je n’ai qu’un devoir : me dissoudre dans l’organisation. »
Rithy Panh fait un récit sans concession, dénonçant les avocats de la défense, le secrétaire de l’ONU, l’absence des autres pays. Son style est simple et efficace, il raconte sans rien omettre de l’horreur, et reconnaît les rares soutiens qui l’ont aidé à résister.

Ce document est un témoignage capital et bouleversant.

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Auteur

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