doerrTitre : Le mur de mémoire
Auteur : Anthony Doerr
Traducteur : Valérie Malfoy
Editeur : Albin Michel
Nombre de pages : 304
Date de parution : février 2013

Auteur :
Couronné à plusieurs reprises par des prix importants, Anthony Doerr construit peu à peu une œuvre inclassable et étonnante.

Sélectionné par la revue Granta comme l’un des meilleurs jeunes auteurs écrivains américains, il a déjà publié chez Albin Michel: Le nom des coquillages (2003) et A propos de Grace (2006).
Le mur de mémoire a été couronné par le Story Prize et par le Sunday Times Short Story Award, l’un des plus importants prix récompensant des nouvelles.

Présentation de l’éditeur :
De l’Afrique du Sud à la Lituanie, de l’Allemagne nazie à la banlieue de Cleveland, le livre d’Anthony Doerr est un voyage troublant dans l’espace et dans le temps. Le temps de la mémoire qui relie, comme un fil fragile, les personnages de ces six nouvelles, tous hantés par la perte ou la résurgence de leur passé, et confrontés à ce manque vertigineux de ce qui a été mais n’est plus. À l’image d’Alma, une veuve septuagénaire de Cape Town, à qui l’on tente curieusement de voler ses plus précieux souvenirs, dans la magnifique nouvelle qui donne son titre au recueil.

Nulle nostalgie sous la plume d’Anthony Doerr, plutôt la volonté d’évoquer, de son écriture fluide, cristalline et élégante, en quoi la mémoire façonne nos destins et fait de nous des êtres véritablement humains. Récompensé par les plus prestigieux prix anglo-saxons, révélé en France par Le Nom des coquillages, il poursuit une œuvre ambitieuse et originale qui ne ressemble à aucune autre.

Mon avis :
Le mur de mémoire est un recueil de six nouvelles. Chacune est suffisamment longue pour bien appréhender le personnage principal. La première qui donne son nom au recueil se passe en Afrique du Sud mais l’auteur nous fait voyager aussi en Lituanie, en Allemagne, en Asie et aux États-Unis car la mémoire est universelle. Elle est aussi sans âge. Ainsi, les personnages principaux peuvent être des personnes âgées, des adultes ou des enfants.
Chaque nouvelle montre l’importance des souvenirs. Dans le mur de mémoire, Alma une riche veuve qui perd la mémoire se fait implanter des cartouches de souvenirs dans des orifices crâniens. Elle revit ainsi les meilleurs et les pires instants de sa vie. Elle en a besoin pour continuer à vivre, garder le sens de sa vie.
Deux courtes nouvelles montrent le besoin de procréer et l’importance de l’héritage de la mémoire.
Village 113, qui est peut-être ma nouvelle préférée, montre l’attachement à un lieu, à une histoire qui nous définit. Savoir que l’on va perdre ce village natal qui va être englouti pour la mise en place d’un barrage est une déchirure pour certains habitants.
 » Peut-être, dit-il, qu’un lieu paraît différent quand on sait qu’on le voit pour la dernière fois. Ou bien c’est de savoir
que plus personne ne le verra. C’est peut-être cela qui change tout.
 »
Mais la mémoire ne rend pas nostalgique que les personnes âgées. Allison, 15 ans, rejoint son grand-père en Lituanie à la mort de ses deux parents. La difficulté d’aborder cette épreuve la pousse à chercher des reflets de l’enfance de sa mère et à s’attacher à la croyance de mythes rassurants comme la survie d’esturgeon
dans la rivière La Nemuras.
Enfin, la dernière nouvelle nous plonge dans l’Allemagne nazie et les douloureux souvenirs d’Esther qui revoit lors de crises d’épilepsie ses jeunes amies juives allemandes. Tant que nous vivons, ou que vivent des gens qui nous ont connu, notre mémoire, donc notre vie demeure. Il faut entretenir cette mémoire collective
afin qu’elle ne disparaisse pas avec les derniers survivants.
 » Toutes les heures, songe-t-il, partout sur la planète, des quantités infinies de souvenirs disparaissent, des atlas
entiers sont entraînés dans des tombes. mais au même moment des enfants s’animent, explorent des territoires qui leur semblent complètement nouveaux. Ils repoussent les ténèbres, ils sèment des souvenirs derrière eux comme des miettes de pain. Le monde est recréé.
 »
Dans chaque nouvelle, l’auteur prend  le temps de créer de vraies histoires attachantes pour démontrer l’importance de la mémoire, ce lien fragile entre les hommes, la matière d’une vie et le manque qui s’installe lorsque l’on perd certaines choses.
Le style est fluide et le récit possède une légèreté un peu mystérieuse, un brin de naïveté qui donnent une dimension un peu allégorique aux nouvelles.

Je remercie les Éditions Albin Michel de m’avoir fait découvrir cet auteur.

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