Sur la route de jostein

Titre : Le rituel du hublot
Auteur : Camille Deneu
Editeur : Mon petit éditeur
Nombre de pages : 138
Date de parution : août 2013

Auteur:
Très jeune auteure  qui vit et travaille  dans le Nord de la France, Camille Deneu  a  tout d’abord fait des études de Lettres, avant de bifurquer sur la publicité, domaine dans lequel elle travaille actuellement. Curieuse et avide de nouveaux horizons, elle continue d’écrire (articles, critiques, nouvelles) et aime enrichir de nouvelles formes d’écriture en s’associant à d’autres artistes.

Présentation de l’éditeur :
« Je suis un abîme. Je suis le vide, la faim, le manque personnifié. Un joli paquet cadeau pour un présent vérolé. Je crache à la face d’une génération au sein de laquelle je ne trouve pas ma place. Je regrette l’âge où shit voulait seulement dire merde en anglais, où l’on ignorait la signification des expressions troubles alimentaires ou inflation. Où jamais ne nous avait effleuré l’idée que nous ne deviendrons pas pilote de ligne ou princesse. Archéologue, vétérinaire, star de cinéma. Comblé. Aimé. Entier. Comment en arrive-t-on à cracher à la face du monde entier? »
Qu’est-ce qu’un roman si ce n’est une tranche de vie? La vie, c’est celle de Philomène à l’innocence avortée, femme-enfant désillusionnée et allergique à son époque. Trop tôt mordue par la gerçure de la mort, elle se débat dans une existence qui tourne à vide. Comment grandir sans identité? Faut-il lutter ou se résigner? Quête d’identité sur fond de remises en cause sociétales, « Le Rituel du hublot » est avant tout un roman d’espoir.

Mon avis :
J’ai accepté de lire ce premier roman de Camille Deneu parce qu’elle a su défendre son projet (elle ne travaille pas dans la publicité pour rien), parce qu’elle est du Nord (ou au moins y travaille) et surtout parce que la présentation ci-dessus m’intéressait énormément. En tant que mère d’adolescentes, j’espérais qu’une très jeune femme puisse me faire comprendre certaines attitudes de la jeunesse moderne.
A l’issue du prologue qui effectivement présente une jeunesse qui affiche sa différence par la provocation, le récit devient beaucoup plus personnel. Philomène, la narratrice explique son parcours de vie. Très jeune, elle adule sa mère d’une grande beauté et se trouve jalouse lorsque naît sa petite soeur, Lila, qui vient s’immiscer entre les deux.
Philomène est grande, intelligente et Lila est belle comme sa mère. Cette adolescence rebelle, elles n’ont pas pu la vivre, très vite confrontées à la leucémie de la mère. Serait-ce l’insouciance qui corrompt nos jeunes enfants ? Un drame humain vient certes mettre du plomb dans la tête mais aussi perturber les cœurs et les trajectoires. Philomène trouve heureusement des appuis auprès d’adultes comme Mado, cet excentrique amie de la mère.
 » Elle comptait parmi les personnes qui me donnaient l’espoir d’une autre vie. »
Camille Deneu a un énorme potentiel littéraire. Tout d’abord, elle manie la langue française avec élégance et intelligence. Il est assez rare de trouver du subjonctif et du vocabulaire aussi riche dans les textes modernes. On pourrait même dire que c’est un peu trop tant on en a perdu l’habitude.
Elle mène ses personnages avec beaucoup de naturel, de dynamisme et la jeune Philomène nous émeut dans son rituel du hublot, dans sa recherche de l’amour, de l’espoir, d’une autre vie.
«  Il faut plus de courage pour être lucide que pour fuir la réalité. »
Mon seul regret se trouve dans cette fin beaucoup trop expédiée qui m’a un peu troublée.

Camille Deneu possède une plume qui fait naître l’émotion et captive le lecteur pris de compassion et de passion pour la narratrice.
Je vous invite vivement à découvrir ce premier petit roman très encourageant.