gamboaTitre : Prières nocturnes
Auteur : Santiago Gamboa
Littérature colombienne
Éditeur : Métailié
Nombre de pages : 312
Date de parution : 9 janvier 2014

Auteur :
Né en Colombie en 1965, Santiago Gamboa a étudié la littérature à l’université de Bogotá jusqu’en 1985, puis la philologie hispanique à Madrid. Il est l’auteur d’une thèse de doctorat à la Sorbonne sur la littérature cubaine. Journaliste au service de langue espagnole de RFI, correspondant du quotidien El Tiempo de Bogotá à Paris puis diplomate au sein de la délégation colombienne auprès de l’UNESCO, à Paris, et conseiller culturel de l’ambassade de Colombie en Inde. Il réside actuellement à à Rome. Ses livres sont traduits dans 17 langues.

Présentation de l’éditeur :
Accusé de trafic de drogue et emprisonné à Bangkok Manuel, un étudiant en philosophie colombien, risque la peine de mort s’il ne reconnaît pas sa culpabilité, mais sa seule préoccupation est de revoir sa sœur, disparue. Touché par son histoire, le consul de Colombie, amateur de cocktails au cœur tendre, se lance à la recherche de la jeune femme pour convaincre Manuel de lutter malgré tout. Il va découvrir le désert affectif d’une famille immergée dans une société violente, d’une petite bourgeoisie prisonnière du qu’en-dira-t-on et fascinée par une richesse inaccessible.
Dans une prose limpide teintée de mélancolie, ce roman nous parle d’une femme prête à tout pour défendre son idée de la justice et permettre à son frère de vivre ses rêves, et d’un étudiant qui n’hésite pas à risquer sa vie pour retrouver la seule personne qui lui a donné son amour. Formidable raconteur d’histoires Santiago Gamboa nous emmène à travers le monde sur les traces de son héroïne passionnée et cynique qui retourne sa beauté contre ceux qui veulent l’exploiter et fait d’un amour fraternel une raison de vivre.

Mon avis :
Prières nocturnes, ce sont celles d’un frère et d’une sœur, chacun enfermé dans des prisons physiques ou morales.
Manuel, 27 ans est emprisonné à Bangkwang en Thaïlande pour possession de drogues. Il avait quitté Bogota à la recherche de sa sœur partie au Japon comme escort-girl.
Issu d’un milieu de classe moyenne, né dans une famille de conservateurs soumis au régime d’Alvaro Uribe, Manuel et Juana vont très vite avoir envie de fuir ce pays.
 » Seules les difficultés que nous vivions pouvaient produire quelque chose de durable, nous avions compris cela très jeunes et c’est ce qui explique qu’on croyait que notre vie, au fond, avait de la valeur à condition que nous restions ensemble. »
Manuel se plonge dans la littérature, le cinéma ou la peinture à la bombe sur des murs pour oublier son malaise jusqu’à ce qu’il découvre la philosophie.
Juana, étudiante en sociologie comprend vite la volonté du gouvernement d’Uribe à faire un nettoyage social par les paramilitaires. Elle n’a plus qu’un rêve, celui de gagner assez d’argent pour que son frère parte étudier en Europe et devienne un grand cinéaste.
Manuel confie son histoire au consul de l’ambassade de Colombie à New Delhi qui est chargé de s’occuper de lui puisqu’il n’y a pas d’ambassade de Colombie en Thaïlande. Le consul, homme de lettres ( on pourrait croire qu’il s’agit de l’auteur) est un personnage sensible, intelligent, lettré et amateur de gin. Avec lui, l’auteur nous entraîne en Inde, en Thaïlande, au Japon et en Iran à la recherche de Juana.
Découverte du monde avec Bangkok, la capitale asiatique du sourire où règnent embouteillages, drogue et sexe puis le Japon plus futuriste mais qui ne cache pas moins un tourisme sexuel important et bien sûr la Colombie avec les abus du pouvoir politique d’Uribe. Mais les voyages se font aussi par la littérature et le cinéma grâce à la richesse culturelle du consul.
Roman d’amour, roman noir, roman politique, les récits des différents personnages sont passionnants et sont aussi enrichis par des intervenants un peu sulfureux comme Monsieur Echenoz, un écrivain français cynique (plus proche de Houellebecq en fait que d’Echenoz) qui influencera fortement Juana et les monologues d’Inter-nette, un intervenant externe qui nous sort de l’histoire par des récits hallucinatoires (rêves de Bella) , des récits décalés ( opération d’un transsexuel) ou des précisions historiques (histoire de Bangkok ou du gin).
Le roman est ainsi d’une grande richesse alliant passion d’un frère et d’une sœur, enquête  au cœur de pays aux pouvoirs politiques entravants, découvertes de paysages et de cultures. Les personnages sont étonnants. Manuel et Juana ont tous deux une grande force de caractère construite en réaction à une enfance décevante mais ont aussi la naïveté de la jeunesse et agissent aveuglément poussés par leur amour fraternel.
Le consul, homme universel, amateur de lettres et d’alcool est sans aucun doute le personnage le plus posé et intéressant du roman. Il nous fait voyager, comprendre et vivre cette histoire.

Je vous conseille ce roman dense aux multiples facettes si vous cherchez une lecture passionnante et enrichissante.

New Pal 2014 rentrée 14

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

valmleslivres
17 février 2014 à 14 h 48 min

Noté pour le challenge!







alexmotamots
18 février 2014 à 9 h 42 min

Ces prières nocturnes me tentent bien.



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