serpaTitre : Contrebande
Auteur : Enrique Serpa
Littérature cubaine
Traducteur : Claude Fell
Éditeur : Zulma
Nombre de pages : 288 en format Poche
Date de parution : 2009 puis 2013 en format Poche

 

Auteur (source Zulma) :
« Vous êtes le meilleur romancier d’Amérique latine, et vous devez tout abandonner pour écrire des romans » disait Ernest Hemingway à Enrique Serpa à qui il reprochait de consacrer trop de temps à son activité de journaliste. Quant à Eduardo Manet, qui a accepté de préfacer la traduction de Contrebande, il place sans hésiter Serpa aux côtés des plus grands, Carpentier, Faulkner ou… Hemingway.
Enrique Serpa (1900-1968) a été traduit pour la première fois en français chez Zulma en 2009.

Présentation de l’éditeur :
« Années vingt à La Havane. Le poisson se fait rare. Les marins et leurs familles crient famine. Le narrateur, propriétaire de la goélette La Buena Ventura, reste amarré à ses regrets. Un tantinet pleutre mais superbement attachant, il se lamente, vomit ses semblables et leurs passions sordides – mauvais alcools, jeux d’argent, prostituées usées. Il traîne son désarroi, nous offre des pages effervescentes sur un port à l’agonie, sur ces hommes et ces femmes à la dérive, épaves parmi les bateaux à quai. Il se laisse emporter dans des rêves de fortune par un capitaine âpre au métier, appelé Requin. Bientôt, le patron de La Buena Ventura vendra son âme au diable, à ce Requin des bas-fonds, pour le meilleur et le pire. » Martine Laval, Télérama

Mon avis :
Le narrateur est un ancien chimiste reconverti en armateur depuis une crise de neurasthénie. Propriétaire de trois goélettes, lui et son équipe de pêcheurs cubains végètent depuis que les navires frigorifiques américains inondent le marché du poisson et que les limites des eaux territoriales ont été modifiées.
La misère s’installe à La Havane mais les souhaits de grève des pêcheurs sont souvent avortés par la peur des représailles.
Requin, patron de l’équipe de La Buena Ventura convainc l’armateur de se lancer dans un commerce plus rentable, le transport de tonneaux de rhum à destination de l’Amérique en pleine prohibition.
Le narrateur, d’un milieu plus aisé et religieux, acculé par le manque d’argent se lance dans cette aventure qui peut l’amener vers la déchéance ou la prospérité avec une éternelle peur au ventre.
Contrebande est un roman d’aventures qui allie d’excellentes descriptions tant de la vie cubaine que de la vie en mer et une fine analyse psychologique de personnages troublés complexes.
Si Requin est un ancien repris de justice, bagarreur, avec une vraie âme de chef, il n’en reste pas moins sensible et respectueux envers ses amis ou de pauvres clandestins. L’affreux tueur Scot ( « cette plaie pantelante, orageuse et hérissée de rancoeur et de menaces« ) peut exprimer une véritable trouille face à l’immensité de la mer la nuit. Et le narrateur, intimidé, craintif qui ne comprend pas comment des tueurs peuvent annihiler tout remords n’en vient-il pas à se lancer dans une aventure illégale.
Nous sommes dans un monde d’hommes, le monde de la mer qui peut toutefois réservé des moments de calme et de poésie.
 » En revanche, la solitude en mer absorbe et purifie tout. Elle règne sur toutes choses comme un despote sur le territoire de sa victoire. La raison en est qu’en mer la solitude, énorme et mystérieuse, frôle l’éternité. »
Mais l’auteur, en journaliste et auteur cubain témoigne aussi de cette misère du peuple tant en ville avec la prostitution et la violence qu’en campagne à Boca de Jaruco avec la faim, la boue et la résignation.
«  En mer, les hommes sont fatalistes et stoïques, mais sur terre, sans cesser d’être fatalistes, ils deviennent résignés, comme s’ils avaient à nouveau contracté un lointain complexe d’infériorité. »
La fracture sociale se creuse de plus en plus avec une population nantie propriétaire de plusieurs villas ou ces américains qui paient pour le plaisir de pêcher.

 Contrebande est un roman passionnant, témoignage social du Cuba des années 20, mais aussi analyse psychologique de personnages déchus et terriblement humains.

Je remercie Libfly et les Editions Zulma qui m’ont permis de découvrir cet auteur dans le cadre de l’opération Zulma Poche.

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Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires



4 juillet 2014 à 8 h 27 min

Ouhhhh un auteur oublié, riche d’aventure et d’une époque passionnante. Je ne peux que noter également. Quel plaisir que certaines maisons d’éditions rééditent (ou éditent du coup) des classiques laissés par le temps.



alexmotamots
4 juillet 2014 à 14 h 33 min

Encore un titre intéressant chez Zulma.



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