salvayreTitre : Pas pleurer
Auteur : Lydie Salvayre
Éditeur : Seuil
Nombre de pages : 288
Date de parution : 21 août 2014

Auteur :
Lydie Salvayre est née en 1948 d’un couple de républicains espagnols exilés dans le sud de la France depuis la fin de la guerre civile espagnole. Son père est andalou, sa mère catalane. Elle passe son enfance à Auterive, près de Toulouse, dans le milieu modeste d’une colonie de réfugiés espagnols. Le français n’est pas sa langue maternelle, langue qu’elle découvre et avec laquelle elle se familiarise par la littérature.
Lydie Salvayre a obtenu le prix Hermès du Premier roman pour La Déclaration, le prix Novembre (aujourd’hui prix Décembre) pour La Compagnie des spectres et le prix François Billetdoux pour BW.

Présentation de l’éditeur :
Deux voix entrelacées.
Celle, révoltée, de Bernanos, témoin direct de la guerre civile espagnole, qui dénonce la terreur exercée par les Nationaux avec la bénédiction de l’Église contre « les mauvais pauvres ».
Celle, roborative, de Montse, mère de la narratrice et « mauvaise pauvre », qui a tout gommé de sa mémoire, hormis les jours enchantés de l’insurrection libertaire par laquelle s’ouvrit la guerre de 36 dans certaines régions d’Espagne, des jours qui comptèrent parmi les plus intenses de sa vie.
Deux paroles, deux visions qui résonnent étrangement avec notre présent et qui font apparaître l’art romanesque de Lydie Salvayre dans toute sa force, entre violence et légèreté, entre brutalité et finesse, porté par une prose tantôt impeccable, tantôt joyeusement malmenée.

Mon avis :
Le hasard de mes lectures m’a portée en plusieurs occasions au coeur de la guerre civile d’Espagne de l’été 1936. Nationalistes, communistes, libertaires, phalangistes, franquistes, FAI, POUM, PSCU, j’avoue y avoir perdu plusieurs fois mes marques.
Avec Pas pleurer, Lydie Salvayre m’a beaucoup éclairée sur le sujet.
En mêlant deux voix, celle de Bernanos à Majorque et celle de Montse originaire d’un village catalan, l’auteur montre deux visages de cette période mouvementée.
«  L’été radieux de ma mère, l’année lugubre de Bernanos dont le souvenir resta planté dans sa mémoire comme un couteau à ouvrir les yeux : deux scènes d’une même histoire, deux expériences, deux visions qui depuis quelques mois sont entrés dans mes nuits et mes jours, où lentement elles infusent. »
Car c’est depuis un village du Sud Ouest de la France, à la fin de sa vie que Montse raconte à sa fille, la narratrice, cet été 36 qui restera l’année de sa plus belle rencontre, le plus beau moment de sa vie qui ne sera ensuite que l’ombre de ce jour.
La voix de Bernanos dénonce surtout le soutien de l’Eglise espagnole pour tous ces meurtres perpétrés par les franquistes.
 » L’Eglise est devenue la Putain des militaires épurateurs. » Des milliers de gens jugés suspects sont abattus dans les champs.
Montse, elle, après avoir été raillée par Don Jaume (  » Elle a l’air bien modeste. ») alors qu’elle le sollicitait pour un emploi de bonne, s’engage avec son frère Josep parti rejoindre l’armée des libertaires de Durruti sur le front de Saragosse. C’est dans cette ville où l’on brûle l’argent et toutes les valeurs de la République qu’elle connaîtra l’amour avec un français de passage.
Elle restera en ville chez sa sœur dans l’attente vaine du retour du français alors que Josep, écœuré par le meurtre de curés, s’en retourne chez ses parents.
 » On peut donc tuer des hommes sans que leur mort occasionne le moindre sursaut de conscience, la moindre révolte? »
Au village, il entre à nouveau en conflit avec le communiste Diego, le fils adultère de Don Jaume.
Le conflit entre les deux hommes devient un réel problème familial lorsque Montse revenue enceinte de la ville se fera épouser par Diego.
Bernanos rejoint la France en mars 1937 avant de s’exiler au Paraguay en 1939. Avec Les grands cimetières sous la lune, il aura éclairé ses lecteurs sur les dangers qui déchireront ensuite l’Europe.
 » Je crois que le suprême service que je puisse rend à ces derniers ( les honnêtes gens) serait précisément de les mettre en garde contre les imbéciles ou les canailles qui exploitent aujourd’hui, avec cynisme, leur grande peur. »
C’est en mêlant l’ Histoire et l’épisode romanesque que Lydie Salvayre parvient à éclairer et à intéresser son lecteur malgré un récit compliqué par les changements de points de vue, les passages des années 36 aux années actuelles et surtout des phrases exclusivement espagnoles ou prononcées dans le dialecte de Montse.
Une lecture pas facile qui éclaire néanmoins cette période complexe et peu connue (de moi) de l’histoire de l’Espagne.

rentrée

 

Auteur

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Commentaires

20 octobre 2014 à 13 h 08 min

J’ai de suite été attirée par ce roman mais j’ignorai tout du sujet. Merci de m’avoir éclairé mais maintenant je ne suis plus sûre qu’il me tente.



20 octobre 2014 à 13 h 55 min

J’ai lu quelques billets qui ne m’avaient pas donné envie et paradoxalement, avec les extraits que tu mets, il pourrait me plaire ! 😉 Mais pas tout de suite ! 😉



Micmelo
20 octobre 2014 à 22 h 40 min

Je suis en cours de lecture, et je suis absolument fascinée par le style de l’auteur



21 octobre 2014 à 9 h 39 min

J’aime beaucoup ce livre. La dimension historique m’attire vraiment. Je vais sûrement l’acquérir. Sinon, Jostein, as-tu lu « Viva » de Deville? Là aussi, le personnage de Trotsky devient le protagoniste de l’histoire. Les peintres Diego Rivera et Frida Kahlo sont aussi présents dans cette fresque. Très intéressant…



    21 octobre 2014 à 18 h 44 min

    Non je n’ai pas lu Viva. Il me semble n’avoir jamais lu Patrick Deville et, je ne sais pas pourquoi, ça ne me tentait pas (un à priori sûrement). Si tu me le conseilles, je vais m’y intéresser un peu plus. Merci



alexmotamots
21 octobre 2014 à 21 h 03 min

Comme toi, j’ai appris sur l’Histoire de l’Espagne avec cette lecture.



22 octobre 2014 à 10 h 25 min

Une très bonne lecture également en ce qui me concerne. J’ai mis ton billet en lien sur mon blog 🙂



24 octobre 2014 à 0 h 28 min

Comme toi, j’avais de vagues notions concernant la guerre civile, mais c’est bien plus clair maintenant. Le plus important reste quand même que c’est un très beau texte !



31 octobre 2014 à 15 h 07 min

Je ne connais pas du tout l’histoire espagnole et encore moins la guerre civile, il est à la médiathèque, je l’emprunterai sûrement !



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