Titre : De haute lutte
Auteur : Ambai
Littérature indienne
Traducteur : Dominique Vitalyos et Krishna Nagarathinam
Éditeur : Zulma
Nombre de pages : 224
Date de parution : 5 février 2015
Auteur :
Ambai, nom de plume de C.S. Lakshmi, est une femme de lettres, originaire du Tamil Nadu, au sud de l’Inde. Écrivain, traductrice, universitaire reconnue, Ambai compose patiemment une œuvre d’une grande finesse littéraire, récompensée par de nombreux prix.
L’œuvre d’Ambai est une immense découverte, inédite en français.
Présentation de l’éditeur :
Depuis sa plus tendre enfance, Cempakam vit dans la demeure d’un grand maître du chant traditionnel. Héritier d’une longue lignée de musiciens, il l’a accueillie, l’a formée à son art comme il l’a fait avec son propre fils, Shanmugan, au mépris des bonnes âmes qui voudraient que le chant soit réservé aux hommes. Devenus adultes, Cempakam et Shanmugan se marient – mariage d’amour entre deux artistes déjà reconnus. Mais le sentiment d’infériorité de Shanmugan face à l’éclatant talent de sa femme l’emporte insidieusement sur les valeurs transmises par son père. En bon époux hindou, il la cantonne peu à peu à la maison et l’éloigne de la scène…
Avec De haute lutte, et à travers les trois autres longues nouvelles qui composent le recueil, Ambai explore avec un regard singulier et une étonnante liberté de ton, demi-teintes soudain balayées par un trait percutant, toute la complexité du statut des femmes dans l’Inde d’aujourd’hui.
Mon avis :
Chentaramai, Châyâ, Cempakam et Chentiru, quatre femmes à des époques différentes de la vie.
La première est très jeune et elle est invitée à une journée commémorative du poète Muttukumaran, ce père qu’elle a peu connu mais qu’elle découvre par le récit de sa mère. Cette première nouvelle érige le portrait de l’homme indien, soucieux d’être celui qui est reconnu au détriment de l’épouse. Cette domination est plus ou moins violente mais souvent sournoise.
Châyâ est une jeune épouse, mère d’un jeune enfant. Brimée par la pingrerie excessive de son mari, elle courbe le dos et édicte silencieusement des lois contre les hommes. Son mariage avait été arrangé par sa famille. Enfin surtout son père, car sa mère n’était jamais consultée pour les décisions de la famille. Timidement, Châyâ tente de braver les décisions abusives de son mari jusqu’à penser au divorce, » pensée interdite aux femmes hindoues depuis des temps immémoriaux. »
Cempakam, mariée par amour au fils de son maître de chant, Ayya, s’efface pourtant devant lui. Elle a toutefois bien plus de talent que lui et Ayya lui a toujours assuré. Douce et intelligente, parviendra-t-elle à imposer son talent.
Enfin, Chentiru est une femme mature qui ressent le besoin de s’isoler, de se ressourcer dans la forêt loin de son mari. Celui-ci la soutient dans la gestion de leur entreprise commune mais elle est souvent écartée par les autres administrateurs. » Le jour est venu de réécrire nos épopées. » Dans sa maison forestière, elle écrit donc son histoire proche de celle de Sîta, l’épouse de Râmâ.
Si ces quatre femmes sont proches des « pativrata » : « épouse modèle, entièrement dévouée à son mari qu’elle considère comme son seigneur » ( oui, ils ont même un mot pour désigner cet état), elles sont par contre intelligentes, éduquées et un peu rebelles.
Ambai, en illustrant la condition de la femme hindoue, ne dresse pas un portrait sombre des hommes. Les pères ( comme Ayya) sont parfois très compréhensifs et les maris ne sont pas tous obtus. Par contre, il est clair que la femme doit se battre pour s’imposer dans le couple et la société.
Ces nouvelles sont toutes bercées par la culture tamoule, notamment avec la poésie et surtout la musique carnatique. La dernière nouvelle nous permet de retrouver quelques épisodes du Râmâyana.
Le style de l’auteur est d’une grande pureté. Et si le lecteur peut se perdre avec les termes étrangers, un glossaire en fin de livre permet de mieux comprendre les références.
A découvrir.
Commentaires
J’aime bien la maison d’édition Zulma, on peut toujours y découvrir des pépites! Je note ce titre dans un coin de ma tête, ta critique donne envie de le découvrir!
C’est aussi une maison d’édition qui me correspond. Et l’Inde est un pays qui m’intéresse particulierement.
J’aime découvrir une culture à travers un récit et l’Inde est un pays que j’aime beaucoup… Je note donc ce recueil. Merci !
Moi aussi, j’aime beaucoup ce pays.
J’aime beaucoup cette maison d’édition, ils ont de très bons titres et leurs couvertures sont très jolies.
Zulma a su trouver son identité avec ces couvertures. Et l’intérieur est souvent de grande qualité
Encore un titre à noter… (soupir)
J’ai déjà un peu tout essayé pour noter les titres qui me font envie. J’ai maintenant opté pour un carnet abécédaire que j’emmène â la bibliothèque ou en librairie. Malheureusement, je ne peux jamais tout prendre.
Oui, cela me tente beaucoup.
Condition féminine…c’est pour toi
très belles nouvelles, je ne suis pas féru d’Inde, et j’ai apprécié l’écriture et les personnages de femmes de l’auteure
C’est peut-être l’accompagnement musical qui donne à ses nouvelles une belle harmonie.
Je ne suis pas très attirée par l’Inde, mais pourquoi pas.
De bons avis sur ce recueil aussi. Et là aussi, nous sommes sous le signe de la musique.