Titre : Les lisières
Auteur : Olivier Adam
Editeur : Flammarion
Nombre de pages : 458
Date de parution : 22 août 2012

A la fin de ma chronique sur Le coeur régulier, j’émettais le souhait de lire Olivier Adam dans un registre moins sombre. Les échos que j’avais pu avoir sur Les lisières ne me poussaient pas à plonger dans ce roman qui attend sur mes étagères depuis sa parution.
«  Qu’est-ce qui me poussait à toujours imaginer les gens rongés par l’ennui, usés par le quotidien, blessés d’être ainsi réduits, leur vie tenant dans des boîtes à gants? »
Olivier Adam, en campant un auteur à succès dont l’univers est très proche du sien, semble vouloir se justifier vis à vis de tous ceux qui lui reprochent son pessimisme. Mais c’est peine perdue pour moi. Je ne vois en Paul qu’un être égoïste, il étale sa mélancolie et sa douleur incapable de prendre la peine de s’intéresser aux autres.
Bien sûr, le narrateur perçoit une blessure d’enfance qui l’aurait poussé au suicide à l’âge de dix ans, qui a fait de lui un adolescent ténébreux anorexique, qui le portait vers des camarades charismatiques capables de le porter, de combler son manque.
«  Avais-je à ce point besoin qu’on s’occupe de moi? »
Paul est éternellement en fuite. Il quitte la banlieue de ses parents pour vivre à Paris avec sa femme Sarah. Après la naissance de Manon, la Maladie l’envahit à nouveau. La mer serait un remède apaisant, le couple part s’installer en Bretagne où naîtra leur second enfant.
«  Je n’étais pas là. Je ne l’avais jamais été. C’était comme une maladie. »
Divorce, les enfants un week-end sur deux et puis l’obligation de se rendre en banlieue parisienne chez ses parents alors que sa mère est hospitalisée.
Retrouver le visage froid et dur de son père, les reproches de son frère bien trop à droite, les amis d’enfance qui n’ont jamais pu sortir de leur banlieue et souffrent aujourd’hui du chômage, d’ennui, de sinistrose.
Paul s’enfonce, devient violent envers un médecin qui s’approche trop de sa femme alors que lui ne voit aucun problème à donner de faux espoirs à son ancien amour de jeunesse.
S’intéresse-t-il à la santé de sa mère ou seulement à chercher une solution à ses doutes d’écrivain de bord de mer qui décrit les malheurs du monde. Il s’est éloigné du niveau social de ses parents et ne trouve peut-être pas La place comme l’évoque si bien Annie Ernaux.
J’ai détesté ce Paul, plein de contradictions, qui semble conscient des difficultés mais n’agit jamais qu’aux lisières, incapable de prendre en compte la douleur des autres.
Si je n’accroche plus du tout à cette noirceur dans les récits d’Olivier Adam, son approche assez synthétique de la société est claire et pertinente. En toile de fond de ce roman, on trouve Fukushima, la montée du front national, le vie dans les banlieues, le clivage politique et la différence des classes, les douloureuses conséquences du divorce sur la garde des enfants, la fin de vie. Le contexte, les personnages bien campés, le style fluide en font une lecture intéressante et aisée.
Mais comme le préconise le psy de Paul, j’aurais tendance à demander à l’auteur « Vous n’avez jamais pensé à écrire un jour quelque chose qui vous fasse du bien? Et qui fasse du bien autour de vous? »

Je remercie Edyta de m’avoir accompagnée pour cette lecture. Pour une fois, nos ressentis de lecture sont divergents. Pour elle ce fut un coup de coeur. Retrouvez son avis ici.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

29 mars 2018 à 10 h 36 min

Quant à moi, je penche – très largement – du côté de l’avis d’Edyta :-))



29 mars 2018 à 13 h 08 min

C’est vrai, un feel good book, pourquoi pas ?



29 mars 2018 à 18 h 23 min

Comme toi je n’ai pas apprécié le nombrilisme de Paul et j’ai arrêté la lecture. Ce livre fait partie d’un lot que je vais donner à la bib



29 mars 2018 à 19 h 52 min

Oui j’ai vu je viens de chez Edyta. Pour moi, ce livre est un coup de coeur mais tu n’es pas la seule à ne pas aimer la noirceur d’Olivier Adam. C’est bizarrement sans doute ce que je préfère chez lui… Son dernier te plairait sans doute plus !! 😉



30 mars 2018 à 0 h 21 min

Merci Jostein pour cette lecture commune. On est au moins d’accord sur deux points: le contexte socio-politique très intéressant et la qualité de l’écriture.



30 mars 2018 à 13 h 07 min

Le psy de Paul a posé exactement la question que j’aimerai lui poser.



    30 mars 2018 à 13 h 21 min

    Ce roman me semble un essai de justification pour les lecteurs comme moi. Un bon début de thérapie, mais il faut persévérer 😉 Non, je rigole. Qu’il ne change rien, ses lecteurs l’aiment pour cette ambiance



30 mars 2018 à 22 h 38 min

Moi aussi, j’ai ce livre depuis sa parution sur mes étagères. Mais son côté sombre dès les premières pages me l’avait fait refermé. Je le lirais bien sûr un jour.



eimelle
31 mars 2018 à 8 h 11 min

Je n’ai encore jamais lu cet auteur il me manque un déclic !



31 mars 2018 à 8 h 43 min

Par deux fois, j’ai commencé des romans d’Olivier Adam, et deux fois, ils me sont tombés des mains… J’aime pourtant les romans sombres, aussi ai-je du mal à mettre le doigt sur ce qui ne me plaît pas chez Olivier Adam. Le pessimisme, je pense, de ses personnages qui voient toujours le côté sombre des choses…



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