Titre : Moronga
Auteur : Horacio Castellanos Moya
Littérature salvadorienne
Titre original : Moronga
Traducteur : René Solis
Éditeur : Métailié
Nombre de pages : 352
Date de parution : 23 août 2018

Horacio Castellanos Moya est une des voix les plus puissantes de la littérature latino-américaine. Il me fallait donc le découvrir pour avoir un écho de la société salvadorienne au travers de la saga des Aragon qui traverse les bouleversements politiques du Salvador de 1948 à nos jours.

Peut-être faudrait-il en lire plusieurs parmi la douzaine de romans écrits par l’auteur pour mieux se familiariser avec cette écriture crue et acide et l’ensemble des personnages qui s’entrecroisent dans les différents romans. Métailié , qui publie les romans de l’auteur depuis 2011 a d’ailleurs récupéré les droits pour sortir dans la collection Suites l’ensemble de l’œuvre de Castellanos Moya.

Moronga signifie « petit boudin » ou vulgairement l’organe sexuel masculin. Le ton est donc donné dès le titre avec le nom de ce truand abject. Violence et humour jalonnent ce roman noir écrit en trois parties.

Dans la première partie, José Zeledon, ancien guérillero, rejoint son ami Rudy dans une petite ville ennuyeuse du Wisconsin. Rudy, appelé désormais Esteban Rios est devenu un père de famille tranquille et guide José vers la stabilité en lui procurant un travail de chauffeur de bus scolaire. Mais le salvadorien n’en a pas fini avec les maras (gangs criminels). Il attend un contact du Vieux pour une mission plus périlleuse que la conduite d’un bus ou la surveillance de messages en espagnol entre les étudiants ou le personnel de la faculté. 

C’est lors de cette surveillance qu’apparaît le personnage de la seconde partie du livre. Erasmo Aragon est un professeur d’espagnol médiocre, libidineux et paranoïaque. Une thèse sur Roque Dalton, poète accusé d’être un agent de la CIA et assassiné en 1975 par l’armée révolutionnaire du peuple, le conduit à Washington pour une enquête dans les documents déclassifiés de la CIA.

De ces deux exilés, je préfère l’histoire mélancolique et humaine de José, intéressant témoignage d’un homme d’action frustré d’être sur la touche, rêvant encore et toujours de l’adrénaline de l’action. 

Avec Erasmo, homme lubrique et paranoïaque qui génère l’antipathie, l’auteur nous livre un récit plus tragi-comique. Son incapacité à résister à un châssis féminin l’entraîne dans une histoire scabreuse où son passé refait surface. Son cerveau nous entraîne d’une histoire à l’autre sans le moindre répit.

La troisième partie réunit astucieusement les personnages dans un moment particulièrement noir et violent qui donne sens à l’ensemble du roman.

En dehors d’une vision particulièrement caustique et intéressante de la société de surveillance des États-Unis au puritanisme exacerbé, «  ce pays malade de moralisme et de surveillance », j’ai peiné à m’inscrire dans le vécu de José Zeledon et d’Erasmo Aragon.

Je pense qu’il faut davantage de connaissance de l’auteur et de lectures de romans antérieurs pour apprécier pleinement l’histoire des personnages. Aurais-je envie de m’y plonger?

 

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

belavalflorin
14 septembre 2018 à 10 h 11 min

Merci pour toutes ces infos, je n’avais plus wordpress



14 septembre 2018 à 11 h 58 min

Tu m’as presque donné envie de découvrir ce roman, mais si il faut en avoir lu d’autres de cet auteur avant, je ne suis pas certaine de tenter.



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