Titre : Des raisons de se plaindre
Auteur : Jeffrey Eugenides
Littérature américaine
Titre original : Fresh complaint
Traducteur : Olivier Deparis
Éditeur : L’Olivier
Nombre de pages : 302
Date de parution :  13 septembre 2018

En lisant la quatrième de couverture, je ne m’attendais pas à ces nouvelles. Présenté comme les raisons de se plaindre de la gent masculine, je perçois davantage ce recueil sur le thème, non moins ironique, de « l’agréable absurdité de l’Amérique. »

Ces dix nouvelles écrites entre 1988 et 2017 mettent en scène des personnages, hommes ou femmes, en proie à leurs désillusions face aux aléas de la vie. Vieillesse, vie à l’étranger, désir d’enfant, assouvissement de sa passion, divorce, rêve américain, mariage forcé.

Je m’attarderais ici sur mes trois nouvelles préférées. Avec tout d’abord la première nouvelle, Les râleuses.

«  Parfois, les livres n’entrent pas dans la vie des gens par hasard. »

Celui qui a scellé l’amitié de Cathy et Della reste le point de repère de la marginalité de ces deux vieilles dames. Cathy refuse l’internement de son amie, de dix ans plus âgée, dans une maison de retraite pour démence sénile. Un livre, ce cadeau venu du froid, isolera nos deux râleuses comme les deux indiennes héroïnes du roman, jusque dans une fin poétique et énigmatique.

Autre coup de cœur pour la neuvième nouvelle, Fondements nouveaux. Kendall travaille à Chicago pour une maison d’édition détenue par un homme richissime,  ancien producteur de pornographie . Il doit fournir une version abrégée du livre de Tocqueville, De la démocratie en Amérique.

«  Qu’y-a-t-il de moins présent, dans l’Amérique de Bush, que l’égalité des conditions? »

Intellectuel sous payé, Kendall est soumis à la tentation de l’argent facile pour vivre dignement. Escroquerie, misogynie, tous les travers de l’Amérique ( qui malheureusement s’universalisent).

Enfin, la dernière nouvelle, Sujet de plainte, illustre un thème bien actuel avec toutefois une circonstance atténuante qui complique le jugement. Prakrti, jeune étudiante d’origine indienne, promise à un mariage arrangé, accuse un professeur américain de viol. 

Utilisant un langage sans tabou, Jeffrey Eugenides met en évidence la complexité de la mentalité américaine. Toujours prêt à toutes les turpitudes, envieux de liberté et d’aisance, le personnage trouve face à lui la désillusion engendrée par la pudibonderie implacable de la société américaine. 

Je remercie La librairie Dialogues pour cette lecture.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

2 décembre 2018 à 16 h 47 min

J’aime lire les nouvelles et ce bouquin me tentait éventuellement mais c’est un auteur que je n’ai jamais lu et, conseil demandé à ma libraire, il était plutôt négatif. Je ne sais pas trop; je pense l’emprunter si je tombe dessus en bibliothèque et essayer.



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