Titre : L’abattoir de verre
Auteur : J.M. Coetzee
Littérature sud africaine
Titre original : Moral tales
Traducteur : Georges Lory
Éditeur : Seuil
Nombre de pages : 166
Date de parution :  2018

J.M. Coetzee choisit Elizabeth Costello,  son héroïne d’un roman éponyme écrit en 2004 pour créer sept nouvelles autour du vieillissement de cette écrivaine australienne et de son rapport à la cause animale.

Qui sommes-nous par rapport à l’animal? La première nouvelle montre la réaction incontrôlable de peur face à un chien agressif. La femme qui passe deux fois par jour devant cette maison voudrait bien contrôler son rapport à l’animal.

«  la meilleure preuve que nous sommes des créatures déchues tient au fait que nous ne pouvons pas contrôler les mouvements de notre propre corps. »

Quelle genre de femme est celle qui n’éprouve aucune culpabilité à être infidèle? Elle est pourtant jalouse de son mari. Que cherche-t-elle?

«  Une femme comblée ne saurait être jalouse. »

Les cinq autres nouvelles se rapprochent autour du vieillissement progressif de l’écrivaine. 

A soixante-cinq ans, Mrs Costello se refait un look. Elle veut qu’on la regarde encore une fois comme une femme. Ses enfants n’osent pas lui dire que c’est peut-être inadapté et qu’elle risque d’être mortifiée si on l’humilie.

A soixante-douze ans, de Melbourne, elle se rend à Nice chez sa fille. Elle doit aussi y rencontrer son fils qui vit aux États-Unis. Réunion de famille! Elle se doute qu’ils veulent la convaincre de venir vivre plus près d’eux.

Ensuite, elle n’est plus qu’une vieille dame qui recueille les chats errants et un pauvre homme exhibitionniste. Lorsque son fils lui rend visite, ils s’affrontent sur un terrain philosophique avec beaucoup de respect et de pudeur. 

Son fils n’ose pas lui dire que la vieillesse va empirer, qu’elle glisse progressivement vers la mort et qu’il serait sage de déménager auprès de sa famille.

«  Qu’est-ce que, selon toi nous nions quand nous refusons l’appel de la bête souffrante? ». «  notre animalité commune ».

Le thème de la dernière nouvelle est lancé. La vieille dame voudrait construire un abattoir de verre pour montrer aux gens ce qui se passe à l’intérieur. Le thème très actuel de la souffrance animale est au coeur de cette nouvelle. 

«  Aimeriez-vous que vos derniers instants sur terre soient pleins de douleur et de terreur? »

Elisabeth Costello convoque Heidegger, Descartes et d’autres philosophes pour saisir les différences ou les parallèles entre l’animal et l’homme. 

«  Pour l’essentiel, je ne sais plus à quoi je crois. » mais il faut se souvenir de ceux qui n’ont fait que passer. L’écrivaine envoie à son fils le résultat de ses recherches pour un ultime témoignage.

Dans un style très épuré, J.M. Coetzee aborde des thèmes qui lui sont chers. Tout d’abord le rapport à l’animal qui constitue une manière de considérer son rapport aux autres. Et le regard intime sur le vieillissement, ce refus de ne plus avoir des autres qu’un regard de pitié, de compassion, une volonté de protection. 

Il n’est pas facile d’aborder ce recueil de nouvelles qui, sous un semblant de grande simplicité s’avère être un sujet de grande réflexion. Un livre qu’il convient peut-être de lire plusieurs fois pour en appréhender toute la profondeur.

Retrouvez l’avis de Mimi qui m’a accompagnée pour cette lecture.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

6 décembre 2018 à 12 h 47 min

Ma libraire me l’avait conseillé, mais j’avais reculé devant le thème.



6 décembre 2018 à 19 h 04 min

j’ai lu L’homme ralenti il y a bien des années et j’ai eu un mal fou à accrocher… donc, pas sûre de relire cet auteur.



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