Titre : Kintu
Auteur : Jennifer Nansubuga Makumbi
Littérature ougandaise
Titre original : Kintu
Traducteur : Céline Schwaller
Editeur : Métailié
Nombre de pages :480
Date de parution :22 août 2019
Au XVIIIe siècle, Kintu gouverne le Buddu, une des dix provinces du Buganda. Mariée à Nnakato, il se refuse à épouser Babirye, sa soeur jumelle comme l’impose la tradition ganda.
« La tradition prétendait que les vrais jumeaux étaient une même âme qui, ne parvenant pas à résoudre le conflit primal de l’être, se scindait pour donner naissance à deux personnes. »
Sa bien aimée Nnakato, tardant à mettre au monde un héritier, Kintu est contraint d’héberger sous son toit et de féconder la jalouse Babirye. Le couple se retrouve ainsi les parents de quatre paires de jumeaux. Jusqu’au jour où Nnakato accouche enfin d’un fils, Baale, véritable héritier.
Lorsque Ntwire, un Tutsi, arrive à Kiyiraka avec le nourrisson de sa femme morte en couches, Nnakato allaite l’enfant, faisant de Kalema le jumeau de lait de Baale.
En se rendant à Llibya afin de rendre hommage au nouveau souverain du Buganda, Kintu emmène Kalema. L’enfant restera quelques années au service du roi. En chemin, Kintu giffle Kalema pour avoir bu à sa gourde. La violence du coup tue l’enfant fragile. De retour chez lui, Kintu ne parlera pas de cet accident, spoliant l’enfant de rite funéraire. Ntwire, soupçonneux jette un sort sur la famille de Kintu.
« S’il est vivant, je le ramènerai ici et je vous présenterai mes excuses. Mais si je ne le trouve pas, pour vous, pour votre foyer et pour tous ceux qui en naîtront, la vie sera une souffrance.»
Rapidement, le sort s’acharne sur Baale, Nnakato et Kintu. Mais Jennifer Nansubuga Makumbi nous emmène bien plus loin, sur les troisième, quatrième et même cinquième générations du clan de Kintu.
Dans les années 2000, nous assistons à la lapidation de Kamu. Nous suivons Suubi en proie avec le fantôme de sa jumelle. Nous faisons la connaissance de Paulo, fils incestueux de jumeaux, et de ses grand-parents adeptes de la secte des réveillés. Puis nous croisons Isaac, fils de Nnamata violée par son professeur, un homme en peine suite au décès de sa femme, craignant de lui avoir transmis le sida. Souvent ignorants de leurs racines, ils ne peuvent imaginer que leurs malheurs ont un lien, une source.
Miisi, symbole du mélange harmonieux entre paganisme et intellectualisme, avait douze enfants. Il ne lui en reste aujourd’hui que deux et une dizaine de petits enfants.
« Pour lui, l’humanité était maudite, de toute façon. L’esprit était une malédiction : sa capacité à retourner en arrière pour regretter et à se projeter dans l’avenir pour espérer et s’inquiéter n’était pas une bénédiction. »
Lorsque des essaims d’abeilles envahissent sa maison, un homme abeille le conduit au lieu où sont enterrés ses ancêtres. Il lui demande de réunir tous les descendants et de construire des sépultures décentes pour Nnakato, Baale et Kintu. Tous sont alors convoqués autour d’un médium pour tenter de conjurer le sort.
Si la première partie concertant Kintu est claire, le discours se perd ensuite dans les arcanes des descendances. Les récits autour de Paulo ou Isaac sont plutôt bien construits et romanesques. Ceux de Kamu et Suubi sont plus morcelés. Avec Miisi, on entre dans la construction d’un lien sous des aspects un peu plus légendaires.
Pour un premier roman, Jennifer Nansubuga Makumbi propose une grande fresque sur plusieurs générations. En multipliant les personnages actuels, elle complexifie son récit. D’autant plus qu’elle y insère aussi ( de manière trop superficielle à mon sens) des informations sur les rites, l’histoire du pays avec les religions, la colonisation, les guerres, la politique d’Amin Dada.
L’ensemble m’a semblé assez inégal, parfois trop tentaculaire, trop épars. Dommage car la première partie était bien maîtrisée et me laissait pleine d’espoir pour entrevoir l’histoire et la vie actuelle en Ouganda. Mais ce n’est qu’un premier roman et Jennifer Nansubuga Makumbi a un grand potentiel pour défendre la littérature est-africaine. A suivre.
Commentaires
Merci pour cet avis! un élément de plus dans mon intérêt pour la littérature africaine; l’ Ouganda est une première pour moi
Oui, pas courant la littérature ougandaise
Dommage, en effet. Mais merci pour ton avis.
Une auteure à suivre
Un roman sur plusieurs générations, de quoi s’y perdre ? Je ne crois pas avoir lu un auteur ougandais, ce serait l’occasion de découvrir cette littérature.