Titre : Arène
Auteur : Negar Djavadi
Éditeur : Liana Lévi
Nombre de pages : 432
Date de parution : 20 août 2020
Benjamin Grossmann, trente-cinq ans, né dans un quartier de Belleville, a été bercé par le cinéma des Frères Lumière, de Fellini et d’Orson Welles. Ses parents travaillaient tous deux dans l’univers du cinéma. Aujourd’hui, il est un exemple de réussite. Il est responsable du développement de la branche française de Be Current, principal concurrent de Netflix et habite un riche quartier de Paris.
Il ne se doute pas que le jour où il rend visite à sa mère à Belleville, le vol de son portable va le projeter dans l’arène, dans un scénario digne d’une série populaire. Sa vie, mais aussi celle de plusieurs personnes impliquées dans cette affaire vont basculer.
« L’histoire de l’humanité est jonchée de vies détruites à cause d’une minute d’inattention ou de négligence, ou d’un évènement sans importance, mais qui fait basculer soudain dans l’horreur. »
Lors d’une course poursuite et d’une altercation, le voleur trébuche et se blesse. Le lendemain, une équipe de police découvre un corps inerte sur les berges du canal saint-Martin. Alors qu’elle assène des coups de pied dans le cadavre, Sam , une femme flic d’origine marocaine, est filmée par une jeune copwatcher. La vidéo sortie de son contexte devient vite virale sur les réseaux sociaux. Dans ce quartier sulfureux où rivalisent plusieurs gangs, la violence ne tarde pas à flamber.
Telle une hydre, le mal se déploie sur ce quartier défavorisé de Paris, « un quartier qui se fracture tels des continents, être séparé chaque jour par des mers d’irrévérence, d’arrogance et de préjugés. »
Plusieurs personnages entrent en scène autour de Benjamin, hanté par sa possible culpabilité et son éventuelle déchéance. L’auteur multiplie ainsi les points de vue. Copwatcher, femme flic, mais aussi un jeune afghan recueilli par la mère de Benjamin, une candidate à la mairie de Paris, un militant prônant la défense des musulmans.
Negar Djavadi porte un regard avisé sur notre société. En imaginant un quartier fictif de Paris, elle peut se permettre d’insister sur les désordres d’un lieu où toutes les violences cohabitent. Migrants, clochards, trafics, précarité, chômage, terrorisme, violences policières, désengagement politique, addictions aux psychotropes ou au pouvoir hypnotique du divertissement. Le regard est cynique, réaliste, percutant. Même dans les hauteurs des tours de Be Current, au-dessus du commun des mortels, Benjamin devra affronter la réalité, aller au-delà d’un regard sur des statistiques d’audience depuis son portable. Lorsque les tensions raciales se mêlent à la précarité, la réalité devient parfois plus sombre que la fiction.
Une très bonne lecture qui m’incite à sortir de mes étagères Désorientale, le premier roman de l’auteure qui connut un très beau succès à sa sortie.
Commentaires
Ma libraire m’a parlé en bien de ce roman en me recommandant de lire Désorientale 😀
J’ai acheté Désorientale en format poche
Merci pour ta chronique (la mienne est entre les mains de Karine Papillaud).J’ai préféré Arène à Désorientale dont la construction m’avait déplue. Ce qui est amusant ici, c’est que l’origine de l’autrice n’apparaît pas. J’apprécie ses points de vue nuancés sur la police par exemple, vue du dedans. Je souscris complètement à sa critique de la dérive des réseaux.
Je lirai Désorientale, je pourrais comparer. Moi aussi, je trouve son regard très pertinent.
Un auteur que je ne connais pas. Merci pour la découverte.
A découvrir
« Désorientale » est un magnifique roman. Je vais me laisser tenter par « Arène ».
Si j’en crois les avis, Désorientale va me plaire