Titre : Le pont de Bezons
Auteur : Jean Rolin
Éditeur : P.O.L.
Nombre de pages : 240
Date de parution : 20 août 2020

 

En 2019, Jean Rolin initie son projet « qui consiste à mener sur les berges de la Seine, entre Melun et Mantes, des reconnaissances aléatoires, au fil des saisons, dans un désordre voulu. » Avec Le pont de Bezons, il en fait un livre, certes très descriptif mais plutôt intéressant.

Descriptif…Nous suivons l’auteur sur les chemins, découvrant avec lui la faune et la flore. L’auteur est un contemplatif solitaire.
« Heureux qui a vu le jour se lever sur le pont de Bezons »
Il nous cite les noms des rues, des quartiers, des bâtiments et commerces qu’il découvre en chemin. Quand on ne connaît pas personnellement les environs, il est peu aisé de s’émouvoir. Et pourtant!

Intéressant…L’auteur insère quelques références historiques générales ou personnelles en fonction des lieux traversés. Une maison du parking proche de l’usine Safran n’appartenait-elle pas au peintre Caillebotte ou n’apparaît-elle pas sur Les coquelicots, le célèbre tableau de Monet?

Les coquelicots de Monet

Toute l’histoire de la France passe par Bezons, disait Céline. Le pont a sauté plusieurs fois pendant la seconde guerre mondiale. Anciennes zones militaires, entrepôts en ruine, usine des Mureaux où l’on construit l’étage principal de la fusée Ariane, cimetière des chiens où repose Clément, le chien de Michel Houellebecq entre autres. On croise des endroits où séjournèrent Madame de Sévigné, Berthe Morisot ou Elvire Popesco. Et à Carrières-sous-Bois, l’auteur se souvient de sa jeunesse en retrouvant l’ancienne maison familiale de son père.

L’ensemble est aussi et surtout une vision de l’abandon des berges de la Seine depuis les constructions des autoroutes et RER. Immeubles en démolition, déchets envahissants sur les berges et sur les eaux. Habitations, cafés et restaurants ont disparu. Tout un passé qui se perd. Certaines zones sont le refuge de ROM ou de réfugiés malgré l’astuce de soulever les terrains en vaguelettes pour empêcher l’installation de campements.

Seules les îles qui ne sont accessibles qu’en bateau entre Melun et Mantes semblent des zones privilégiées.

Malgré le sujet peu porteur, Jean Rolin capte et garde l’intérêt du lecteur tout au long de ces promenades. Écrivain et journaliste, l’auteur a un excellent don de l’observation, le style et les connaissances pour partager élégamment ses découvertes. Plusieurs fois, il a croisé des hommes, ROM, kurdes, tibétains mais, peut-être à cause de la langue, il n’y a pas trace d’échanges avec eux. Dommage, j’aurais aussi aimé partager cette expérience humaine.

Quand vous acceptez de vous aventurer sur des chemins inhabituels, vous découvrez parfois des beautés cachées. Sans ma participation au jury pour le prix du roman Fnac,  je n’aurais pas eu l’occasion d’explorer sous l’agréable écriture de Jean Rolin des coins oubliés mais riches d’histoire des bords de Seine.
Une belle découverte !

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

belavalflorin
25 août 2020 à 14 h 40 min

Nous n’avons pas reçu celui-là dans le cadre du Prix mais ta rubrique attire mon attention sur ce livre. Le seul nom de Rolin n’aurait sans doute pas suffit



27 août 2020 à 10 h 59 min

Toute l’histoire de la France passe par Bezons : voilà qui m’intrigue. A défaut d’y aller, je lirai certainement ce roman.



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