Titre : Apeirogon
Auteur : Colum McCann
Littérature irlandaise
Titre original : Apeirogon
Traducteur : Clément Baude
Editeur : Belfond
Nombre de pages : 512
Date de parution : 20 août 2020

 

 

 

 

« Israël carburait au chaos. C’était un pays édifié sur des plaques tectoniques mouvantes. Les choses entraient constamment en collision. Tous les chemins menaient aux extrêmes, à la prochaine rupture, mais la vie atteignait le comble de l’intensité dans les moments de danger

Le roman de Colum McCann illustre parfaitement ce chaos. La construction est très particulière. De la mort tragique de deux enfants, de la lutte de leur père respectif pour la paix, l’auteur construit un kaléidoscope composé de mille et un fragments ( en lien avec Les mille et une nuits). Car curieusement  tout est relié comme si une bombe projetait  ses shrapnels, éparpillant les morceaux d’un tout.

Au centre de cette onde de choc, au milieu du livre, Rami, un israélien hostile à l’Occupation se présente et parle de l’attentat qui a coûté la vie à Smadar Elhanan (1983-1997), sa fille de quatorze ans et Bassam, un Palestinien étudiant l’Holocauste, fait de même. Amir Aramin (1997-2007), sa fille de dix ans a été abattue aux portes de son école par un jeune soldat israélien. Leurs témoignages résument toute la situation et sont particulièrement émouvants. Ce sont ces mêmes discours que les deux hommes vont main dans la main répéter dans tous les pays.

L’essentiel se concentre dans ces deux chapitres. Autour, avant et après, l’auteur creuse certains aspects du passé ou du présent de Bassam et d’Amir. Nous vivons au quotidien l’Occupation, l’humiliation et les risques aux checkpoints. Et surtout Colum McCann tire les fils de cette pelote, enrichissant le débat avec des anecdotes, des faits historiques ou culturels étonnants. C’est son apeirogon, cette figure au nombre dénombrablement infini de côtés. Ça fuse et ça revient toujours vers ce qui est inoubliable, Bassam et Amir.

« Qu’est-ce que tu peux faire, toi, pour empêcher que d’autres endurent cette souffrance insupportable ? »

Le sujet est capital, la construction originale. J’admire le courage de ces deux pères qui comprennent que la vengeance et l’Occupation sont le cercle vicieux qui endeuillera d’autres parents et s’allient malgré leurs origines. J’ai appris énormément grâce aux références historiques et artistiques. Mais j’ai aussi senti la redondance, la dispersion dans les propos.

Les droits d’adaptation cinématographique d’Apeirogon ont été achetés par Steven Spielberg et je suis très curieuse de voir le film qu’il en tirera.

J’ai lu ce roman en même temps que Mimi. Retrouvez sa chronique ici.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

9 décembre 2020 à 9 h 51 min

Je lis beaucoup de choses sur ce roman, surtout sur l’originalité de sa construction. Il est à la bibliothèque, alors je verrai si un jour l’envie arrive 🙂



9 décembre 2020 à 9 h 53 min

Ton billet fait écho à ce que j’en ai pensé… et je ne savais pas pour Spielberg ! Effectivement, hâte de voir le résultat 🙂



9 décembre 2020 à 12 h 34 min

ah curieuse de voir ce que Spielberg va faire de ce monument ( selon moi 🙂 )



9 décembre 2020 à 12 h 54 min

je retiens tes bémols même si le sujet et cette construction me tentent bien.



9 décembre 2020 à 14 h 23 min

je ne savais pas qu’il sera un jour adapté au cinéma. Le sujet était  » casse-gueule », il en a fait un livre qui d »note dans cette rentrée.



9 décembre 2020 à 15 h 21 min

ce roman a été un coup de cœur l’histoire, les histoires, la construction tout m’a plu et depuis j’ai du mal à trouver un roman captivant sniff 🙂
je ne suis pas sûre d’être tentée par le film par contre, j’aurais trop peur d’être déçue et je me demande ce que Spielberg peut en faire 🙂



11 décembre 2020 à 12 h 43 min

Il circule dans mon club de lecture, ma



11 décembre 2020 à 12 h 43 min

mais je n’ai pas encore trouvé le courage de l’emprunter.



franckartbeagmailcom
8 janvier 2023 à 21 h 14 min

J’ose le mot : chef-d’oeuvre.
Plongée dans le conflit israëlo-palestinien, ce roman virtuose est fait de mille récits autour de deux héros : RAMI et BASSAM, pères endeuillés et militants de la paix.
Des petites histoires s’entremêlent pour former un kaléidoscope fascinant de la nature humaine.
Mille choses sont racontées dans un tout bouleversant.
Sans mélancolie mais porteur d’espoirs.
Ce formidable livre nous dit que la démocratie n’est pas l’affirmation de soi, mais la rencontre de l’autre.
Incontournable et essentiel.



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