Titre : Frères d’âme
Auteurs : Edgar Morin, Pierre Rabhi, Denis Lafay
Editeur : L’aube
Nombre de pages : 176
Date de parution : 21 janvier 2021
A l’issue du premier confinement, Denis Lafay organise une rencontre entre Edgar Morin, 99 ans, sociologue et Pierre Rabhi, 82 ans, agro-écologiste. Suivre l’entretien de ces deux sages qui défendent ce que nous avons de plus précieux sur terre est à la fois angoissant parce que je me demande si nous ne sommes pas allés trop loin et si le progrès est réversible et rassurant parce qu’il nous laisse croire à la force de la solidarité, de la jeunesse et de l’amour.
Leur constat de la situation actuelle, gouvernée par le profit, la mondialisation, le capitalisme numérique avec l’enrichissement des GAFAM est assez sombre. La pandémie n’est que l’amplificateur des symptômes de l’époque moderne.
Cette épreuve pandémique, c’est nous qui l’avons provoquée. Elle nous remet à notre place : celle de la responsabilité et même de la culpabilité.
Elle démontre notre vulnérabilité mais elle n’est pas la seule démonstration de l’échec de nos comportements.
Toutes les onze secondes un enfant de moins de cinq ans meurt de faim.
Peut-elle être un évènement déclencheur pour l’évolution de nos mentalités ?
Certes nous assistons à des démonstrations de solidarité et les gouvernements n’ont-ils pas fait le choix de la survie des plus fragiles aux dépens de l’économie?
Mais on constate aussi que la PDG de Pfizer en profite pour surfer sur le cours de son action, que la Turquie tente d’étendre son hégémonie sur la Méditerranée ou que Bolsonaro soutient les ravageurs de forêts.
Edgar Morin et Pierre Rabhi dressent un constat sombre de notre époque. Mais ils proposent aussi des pistes optimistes grâce au renouveau des valeurs. Premièrement réapprendre le beau pour respecter la nature.
La Terre n’appartient pas à l’homme, l’homme appartient à la Terre.
Il faut apprendre aux enfants à admirer, à avoir le regard poétique.
Nous perdons notre capacité à contempler, à admirer, et ce dépérissement nous détourne de nos responsabilités, de nos devoirs à l’égard de la nature.
Eduquons nos enfants avec moins d’écrans et davantage de nature. Inscrivons l’écologie au programme scolaire. Aménageons des jardins, des espaces avec des animaux dans les écoles.
Toutefois, reporter les actions à la génération future risque d’être trop tardif. Il faut aussi conscientiser les adultes. L’acheteur a un pouvoir à exercer.
30 à 40% de la production des sociétés dites avancées n’est composé que de superflu.
Bien évidemment, il faut aussi introduire davantage d’éthique dans la politique, l’économie. Stopper la cacophonie des valeurs et revisiter la démocratie.
Amour, solidarité, intelligence, responsabilité, juste équilibre du « je » et du « nous ». Des évidences qui ne peuvent fonctionner qu’avec l’engagement de tous.
Douce utopie?
On ne peut pas concevoir l’avenir sans envisager l’utopie. dit Albert Jacquard, biologiste généticien, ingénieur et essayiste français ( 1925-2013)
Un livre à mettre entre toutes les mains de nos politiques. Mais sans attendre leur mouvement, rappelons-nous que notre bien commun qu’est la Terre est l’affaire de tous.
Le sûr n’est jamais certain, l’improbable n’est jamais impossible.
Je remercie Babelio et les Editions de l’aube pour cette lecture particulièrement éclairante.
Commentaires
Dommage de reprendre un titre paru il y a deux ans par Faye; je n’aime pas Edgard Morin (la faute à Bourdieu) mais j’apprécie Pierre Rahbi.
On aurait pu trouver un titre plus proche du texte.
je vais voir si je peux le trouver à la BM!
je viens de terminer « Impact » d’Olivier Norek… je suis donc dans l’ambiance…
Je suis assez intéressée par tous ces livres qui plaident pour l’écologie ( Richard Powers, Pierre Ducrozet…) La littérature pourra peut-être faire bouger les mentalités
moi aussi mais j’y vais à petite dose car j’ai un souci en 2019 je me suis précipitée sur le livre de Fred Vargas »L’humanité en péril » car époustouflée par son passage à LGL et j’ai lâché car cela me mettait le moral dans les chaussettes tant je me sentais impuissante avec mon tri sélectif, ma chasse au gaspi… donc lu un peu entravers.
En refermant « Impact » je l’ai ressorti 🙂
Douce utopie, je me pose la question, en effet.