Titre : Les fleurs de la guérilla
Auteur : Matias Castro alias Lorenzo
Illustrateur : Leo Trinidad
Littérature uruguayenne
Traducteur : Alexandra Carrasco
Editeur : Les Arènes
Nombre de pages : 256
Date de parution : 25 mai 2022
Histoire d’un homme et d’un pays
La révolution cubaine a largement inspiré le monde littéraire et cinématographique grâce à la personnalité charismatique du Che. Par contre, je connaissais moins l’histoire de Pepe Mujica, président de l’Uruguay de 2010 à 2015.
Né en 1935, orphelin de père à l’âge de six ans, Pepe est élevé avec sa soeur par sa mère, une femme courageuse, militante pour le Parti National.
Pepe apprend la culture des fleurs avec un couple de voisins japonais. Sur les marchés, il perçoit les discussions sur la situation de son pays, notamment la pauvreté des paysans. Depuis les années 50, la misère du peuple augmente tandis que les classes aisées s’enrichissent par la corruption.
Sa mère lui donne une conscience politique. Peu à peu, Pepe se rapproche d’Enrique Erro, un député du Parti National qui souhaite créer un groupe interne et dénoncer les politiciens véreux.
Candidat libre à l’Université, envoyé à Cuba, en Russie puis en Chine, Pepe forge ses valeurs révolutionnaires. Avec ses amis, il mène des actions à la Robin des Bois, n’hésitant pas à voler pour aider le monde paysan et ouvrier.
Plus tard, à la tête des Tupamaros, mouvement d’extrême gauche qui prône la guérilla urbaine, il entre dans la clandestinité après avoir été blessé, emprisonné et torturé dans les prisons de la junte militaire.
Une narration originale
Lorenzo, journaliste uruguayen et Leo Trinidad, dessinateur costaricain, se mettent en scène dans cette bande dessinée. A la veille de la fermeture des frontières en raison du COVID, ils attendent fébrilement l’accord de Pepe Mujica pour une interview.
Nous assistons ainsi à leur travail de réflexion, de mise en forme de cette œuvre consacrée aux milles vies de José Mujica. Grâce à une boîte de jeu, ils exhument des faits du passé, tentant de comprendre comment l’homme est devenu ce président pragmatique et novateur.
Comme pour n’importe quelle figure historique, il faut tenir compte des circonstances, ce n’est pas une fleur qui pousse au hasard, là où le vent a déposé du pollen.
Les deux auteurs n’hésitent pas à relever les errements, les contradictions de l’homme, notamment lors de ses prises de position ultérieures.
Le vieil homme est une personnalité complexe et en apparence contradictoire.
Un parcours chaotique
Fils respectueux devenu fleuriste, passionné de cyclisme, militant d’extrême gauche suite au constat de pauvreté du monde paysan, guérillero actif avec les Tupamaros, emprisonné douze ans, Pepe Mujica fut sénateur, ministre puis président de l’Uruguay. Une vie bien remplie dans un pays où la corruption appauvrit le monde paysan et ouvrier.
Quand on ne connaît pas l’histoire de cette période, la forme et la construction de cette bande dessinée ne sont pas la meilleure approche.
Les textes sont riches, explicites apportant ainsi un gros volume d’informations. L’intervention des auteurs, même si elles se démarquent avec un fond de couleur bleue, casse le fil du récit. Ses intrusions m’ont plus perturbée que renseignée. Par contre, elles apportent dynamisme et parfois humour dans un pan de l’histoire assez sombre.
Cette lecture est donc pour moi une belle approche de cette période uruguayenne de la seconde partie du XXe siècle. Elle m’a permis de découvrir l’histoire d’un homme politique important pour l’histoire de l’Uruguay. Mais le volume d’information et le biais utilisé pour le transmettre ne m’ont pas facilité la lecture. Par contre, c’est un album de très belle facture. Et il m’a donné envie d’en savoir davantage sur l’homme, plutôt dans une version roman.
Commentaires
J’ai bien aimé cette présentation d’un homme ayant servi les plus pauvres de ses concitoyens. Ce n’est pas si fréquent tellement il est plus facile de servir les plus riches.
PS. Une petite coquille sur tupamaros écrit tuparamos
J’aurais aimé qu’ils nous parlent aussi de son action au gouvernement. Apparemment il a fait de bonnes choses en tant que président. Et ensuite il a gardé sa simplicité et son amour de la terre. Merci pour ton oeil attentif, j’ai corrigé 😉