Titre : Demoiselles aux moyens modestes
Auteur : Muriel Spark
Littérature anglaise
Titre original : The girls of slender means
Traducteur : Léo Dilé
Editeur : Robert Laffont Pavillons Poche
Nombre de pages : 208
Date de parution : 31 mars 2022
Un lieu, une époque
Nous sommes en Angleterre en 1945. Londres est une ville en ruine où peuvent encore traîner des bombes dans les jardins. C’est encore une période de rationnement et « tous les gens bien étaient pauvres. »
L’action se passe plus précisément au club May de Teck, une pension pour jeunes filles de moyens modestes de moins de trente ans. A part trois vieilles filles aux cheveux gris, les pensionnaires sont effectivement toutes très jeunes. Dans cette maison victorienne de plusieurs étages, on parle beaucoup de poésie, un peu de politique et d’argent mais surtout d’amour. Ces demoiselles qui paradent chacune leur tour dans une magnifique robe de Schiaparelli, rêvent de rencontrer l’homme de leur vie.
Les semaines avaient passé; et puisque au club May de Teck il s’agissait de semaines de jeunesse au sein de l’ethos de guerre, elles étaient capables de comporter de rapides évènements et renversements de situations, de promptes formations d’amitiés intimes, toute une gamme d’amours perdues et découvertes qui, dans la vie ultérieure et en temps de paix, demandaient des années pour éclore, s’épanouir et se faner.
Légèreté et drames
Jane Wright travaille dans la maison d’édition de Georges Johnson. Elle ne cesse de vanter son travail intellectuel et rêve de publier un poète anarchiste sans grand talent, Nicholas Farringdon. Ce dernier tombe sous le charme de toutes ces demoiselles. Notamment, Joanna, une fille de pasteur à la poésie déclamatoire et surtout la longiligne et magnifique Selina.
A la lueur du destin tragique de Nicholas en Haïti, l’auteur nous replonge à cette époque où il fréquentait le club. Au coeur de cette pension de jeunes filles, les sujets se mêlent et surgissent un peu dans tous les sens au gré des bruits de la maison. On découvre épisodiquement les occupations intimes de quelques unes de ces quarante pensionnaires. Jane écrit des lettres à des écrivains célèbres pour vendre ensuite des autographes. Selina collectionne les amants. Joanna clame ses cours de diction. Sous quelques échos de la fin de la guerre et du pays en période électorale qui ne sauraient altérer l’envie de légèreté de ces demoiselles.
Tout est bien frivole et pourtant un drame va se jouer en ces lieux.
Un style un peu désuet
Paru en 1963, ce petit roman aux allures de pièce de théâtre est un peu désuet. Il campe parfaitement l’ambiance d’après-guerre dans une pension de jeunes filles. Mais, comme en huis-clos, les bruits du dehors sont amoindris. Plongé dans le quotidien de jeunes filles qui entendent bien vivre leurs passions, on y entend à peine les échos de la guerre finissante et les causes du destin tragique de Nicholas.
Cette petite lecture était l’occasion de découvrir une des plus grandes écrivaines écossaises du XXe siècle.
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