Titre : Ce qui est pour toi, la rivière ne l’emporte pas
Auteur : Viktor Lazlo
Editeur : Robert Laffont
Nombre de pages : 240
Date de parution : 25 janvier 2024

 

Un parcours exceptionnel

Qui est cette femme noire assise près de Danton, lors de la proclamation de l’abolition de l’esclavage à la Convention ?

Nicolas André Monsiau – L’abolition de l’esclavage proclamé à la Convention
Photo (C) RMN-Grand Palais / Agence Bulloz

Ce tableau de Nicolas-André Monsiau illustre le parcours exceptionnel d’une jeune esclave.
C’est en 1752 au domaine des Bois-Tranchés ( Martinique) que nous rencontrons une fillette métisse de six ans. Pour une couleur de peau plus claire, souvenir du viol par le maître, sa mère la rejette.
A sept ans, le maître, Monsieur de Lalung, l’emmène à la Grande Maison, au service de sa femme, une autrichienne sans enfant. Le maître la baptise Olvidia.
Il faudra du temps et plusieurs galères avant que Madame de Lalung comprenne le comportement de son mari et décide de protéger la jeune fille.
Après un ouragan qui ravage le domaine, Madame de Lalung rentre en France. Et elle emmène Olvidia et son fils dans ses bagages. La traversée est longue et périlleuse.
Plus tard, leurs vies seront bouleversées par la Révolution française. Et ce sera pour Olvidia l’occasion de servir la mémoire des esclaves des Bois-Tranchés qu’elle ne peut jamais oublier.

Un proverbe créole

Sa ki la pou-w, larivyè pa ka chayé-ï ( Ce qui est là pour toi, la rivière ne l’emporte pas) ce qui veut dire que nul n’échappe à son destin. Olvidia, symbole de la cruauté des maîtres, a l’opportunité de s’instruire, d’être affranchie. Mais elle n’oublie jamais les siens. Ni sa mère, ni le vieux Bundu, ni la sorcière Sibony, ni son bien-aimé. Pourtant elle est une traîtresse et elle vivra désormais constamment avec cette culpabilité envers les siens. Une culpabilité qui la pousse à vivre son destin pour la cause de l’abolition de l’esclavage.

Un grand roman d’émancipation

Avec un personnage exceptionnel, de nombreuses aventures, Viktor Lazlo capte l’intérêt du lecteur. Dans un style simple et fluide, l’auteur illustre une grande cause et un dilemme intime.
De la Martinique à la France, en passant par un séjour en Autriche, ce roman est un témoignage historique romancé qui traduit très bien la vie de l’époque. Avec précision et concision, nous percevons les conditions sordides des plantations esclavagistes, les dangers et la pénibilité des traversées maritimes, la misère des français sous le règne de Louis XV, l’action des révolutionnaires et surtout d’Olympe de Gouges.
Et dans cet univers misérable, il y a la simplicité, la culpabilité et le courage d’une femme lumineuse qui empoigne courageusement son destin.

 

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

5 février 2024 à 20 h 43 min

C’est une belle idée de retracer/imaginer le destin de cette femme à partir du tableau.



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