Titre : Kim Jiyoung, née en 1982
Auteur : Cho Nam-joo
Littérature sud-coréenne
Titre original : Palsip yi nyeon saeng Kim Jiyeong
Traducteurs : Kyungran Choi et Pierre Bisiou
Editeur : Nil
Nombre de pages : 206
Date de parution : 2 janvier 2020
Mariée depuis trois ans à Jeong Daehyeon, Kim Jiyoung, trente-cinq ans, a une petite fille d’un an. Depuis quelques jours, elle semble perdre la raison.
Cho Nam-joo balaie les différentes étapes de la vie de Kim Jiyoung de sa naissance en 1982 à ces jours de 2015 afin de comprendre la genèse de son mal-être. La maternité n’est que le déclencheur du poids que la société coréenne fait peser sur les femmes depuis des décennies.
Pour une femme, mener de front vie professionnelle et vie familiale s’avère parfois compliqué. Et peut-être davantage en Corée du Sud, pays où dans les années 80, les mères enceintes de filles avortaient en masse. Ce fut le cas de la mère de Kim Jiyoung. Mère de deux filles, elle avorta pendant sa troisième grossesse avant de donner naissance au fils tant désiré. Et pourtant, elle-même a souffert de cette domination masculine, contrainte de travailler en usine pour payer les études de son frère.
Si le pays évolue rapidement ( loi contre la discrimination hommes/femmes en 1999, création du ministère de l’égalité des sexes en 2001, abolition du système patriarcal en février 2002 avec mise en application en 2008), les mentalités peinent à suivre.
« Comment les filles sont-elles devenues ainsi, cette part de l’humanité qui se charge de toutes ces choses sans qu’on ait besoin de leur expliquer quoi que ce soit? »
Kim Jiyoung, diplômée, est refusée dans les grandes entreprises. En 2005, année où la narratrice se retrouve sur le marché du travail, le taux de femmes embauchées dans celles-ci était de 29,6%.
« Pour l’entreprise, une femme trop intelligente est un problème. »
Beaucoup d’employées n’imaginent même pas penser à un potentiel congé de maternité, privant ainsi de tout espoir les futures générations.
Lorsque les parents peuvent choisir le nom de famille à donner à leurs enfants, les barrières mentales restent fortes. Mais n’est-ce pas la même situation dans d’autres pays? En 2014, Kim Jiyoung, sur le point d’accoucher, est contrainte de quitter son travail. Débute alors pour elle, tous les schémas classiques et universels de la femme au foyer.
Le roman de Cho Nam-joo nous offre une vision plutôt inédite et intéressante de la vie quotidienne en Corée du Sud. Phénomène dans ce pays, ce premier roman expose sans tabous les conditions de vie de la femme dans un pays traditionaliste. Si, au travers de ce récit, le pays me semble évoluer rapidement, les barrières mentales sont fortes et les femmes se contraignent à un rôle primaire. Mais, dans une moindre mesure, n’est-ce-pas aussi le cas dans de nombreux pays?
Commentaires
J’avais lu un article avant sa sortie qui m’avait donné envie. Tu confirmes mon envie de le lire.
J’ai surtout aimé découvrir le côté social de ce pays. La littérature coréenne n’est pas si courante