Titre : Antoine des Gommiers
Auteur : Lyonel Trouillot
Littérature haïtienne
Editeur : Actes Sud
Nombre de pages : 208
Date de parution : janvier 2021
Dans un corridor débouchant sur la Grand-Rue vivent Franky et Ti Tony, deux frères, sans autre famille depuis la mort de leur mère Antoinette. Elle les disait descendants d’Antoine des Gommiers, un devin qui attirait étrangers, notables et stars, bravant la seule route chaotique entre Point-à-Pitre et Jeremie.
Franky a le goût des mots et des figures de style. Sans un sou, il n’a pourtant pas fait d’études mais il passe son temps dans les livres d’histoire, ressuscitant les morts du passé pour en faire des héros.
Ti Toni, lui, est un bagarreur. Avec son ami Danilo, il apprend à sur ivre dans le présent de cette terre violente de débauche et de mensonges. Il travaille à la banque de borlette, un espace de vente de loterie populaire. Antoinette, comme bon nombre d’habitants des corridors y tentait sa chance à l’issue de rêves prémonitoires.
Le roman alterne les confidences de Ti Tony sur le quotidien rythmé d’angoisse et d’espérance et le récit de la vie d’Antoine des Gommiers. D’un côté, nous affrontons les accidents d’Antoinette, de Franky, les rivalités de gangs, les premiers amours, les humiliations, l’indigence. De l’autre, nous suivons les exploits d’un charlatan ou d’un génie doté d’une sagesse présocratique.
Je ne suis pas entrée facilement dans le récit de vie d’Antoine des Gommiers préférant le réel de Ti Tony malgré sa façon de tourner en rond. Jusqu’à cet instant où Ti Tony se démène pour faire reconnaître auprès du Président de l’Institution les valeurs du manuscrit de son frère. C’est un passage particulièrement intense qui donne tout son sens au récit de la vie d’Antoine des Gommiers, un récit que Franky a écrit pour échapper à son immobilité, pour plonger dans un passé qui peint en bleu la noirceur quotidienne, qui rappelle, à la faveur d’Antoine des Gommiers, qu’il ne faut pas se soumettre à l’inévitable ni occulter le beau.
Une fois de plus, Lyonel Trouillot nous conte une fable poétique nous menant sur le chemin de la vie, de l’amour, de l’espérance malgré la noirceur de la réalité.
« tous vos beaux livres rangés, reliés, toutes ces petites merveilles de votre salle des trésors, qu’est-ce qu’on s’en fout de la véracité des faits, si ça ne mène pas sur un chemin. »
Commentaires
Mais tu sais que tu peux ajouter une participation au mois latino avec ce titre, Haïti faisant partie de la liste des pays « éligibles ». Je récupère ton lien du coup.
Oui je l’avais noté dans mes intentions de lectures pour ce challenge. Merci d’anticiper en récupérant le lien.
Un auteur, un conteur
j’ai découvert sa plume il y a quelques jours et sa beauté m’a frappée !
Moi aussi j’adore son écriture
Pas certaine d’accrocher, alors je ne le note pas.
Tu en trouveras bien d’autres