Titre : Tes ombres sur les talons

Auteur : Carole Zalberg
Éditeur : Grasset
Nombre de pages : 144
Date de parution : 10 février 2021

 

Melissa Carpentier est née dans une famille modeste. Ses parents, peu démonstratifs, ne lui apprennent pas les gestes de l’amour mais lui inculquent que «  continuer l’école est un privilège ». Une leçon bien apprise puisque la jeune fille parvient à intégrer une classe préparatoire et monte à Paris.

Carole Zalberg fait de son personnage un anti-héros. Mélissa n’est pas vraiment belle. Plutôt charpentée et d’allure grossière. Ses premiers pas dans le monde du travail révèlent rapidement une incompétence à la prise de décision. Elle n’est pas embauchée à l’issue de sa période d’essai.
«   Elle avait acquis des compétences impressionnantes mais elle était incapable de les exercer. »

Sans travail, elle retourne chez ses parents. Comme tout jeune actif ayant goûté à la liberté, elle n’y trouve plus à sa place. Ce sera donc un retour à Paris et l’enchaînement de petits boulots alimentaires. La jeune femme est une proie facile pour Marc, un leader charismatique proche du gourou qui l’embarque dans une révolte anti-migrants. Lors d’une manifestation contre l’ouverture d’un centre d’hébergement d’urgence pour les sans-abris, Mélissa est involontairement responsable de la mort de Mehdi, le jeune enfant d’une migrante. Pourtant, amoureuse de Marc, elle s’entête à se croire élue. Jusqu’au jour où Marc la prend sans sentiment pour évacuer sa rage contre son adversaire.

« L’enfant mort gisait sous sa pensée en berne

Melissa a besoin de fuir, de repartir à zéro pour effacer sa honte. Elle suit un ami fortuné à Manhattan puis se perd à Key West au milieu des marginaux. Ses rencontres jalonnent un parcours de rédemption, notamment auprès de Jane, la mère d’un homme qu’elle a accompagné  en voiture jusqu’à Tacoma.  Elle ira toujours plus loin jusqu’en Alaska se guérir au coeur d’un monde sauvage loin du marigot parisien où les combats et les conflits perdurent.

« Tout est abîmé : le débat, les manifestations, la démocratie. Tout est faussé par cette guerre incessante de phrases et d’images sorties de leur contexte, distordues à l’infini, reprises parfois d’un continent à l’autre et commentées jusqu’à l’usure. »

Mais si l’éloignement aide à se réinventer, seul son retour aura valeur de confirmation.

Loin du déterminisme social, le roman de Carole Zalberg montre que chacun peut s’égarer en croisant les mauvaises personnes. Mais les actes commis pèsent sur la conscience et le chemin peut être long avant de retrouver le droit d’aimer le beau. Le roman est le récit de ce chemin. En campant un personnage peu charismatique, avec une narration à la seconde personne, je n’ai ressenti que peu d’empathie pour Mélissa. La rencontre avec Jane était un beau moment qui aurait pu me faire basculer si il avait été plus long et plus profond.  Bien évidemment, je suis toujours sous le charme de la sensibilité et de la poésie de Carole Zalberg mais Mélissa ne m’a pas bouleversée.

Auteur

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Commentaires

22 février 2021 à 12 h 11 min

Le peu d’empathie pour le personnage est peut-être voulue par l’auteure, une mise à distance….. Tous les personnages ne sont pas créés, je pense, pour susciter de l’empathie mais aussi pour nous faire réfléchir….. Alors si c’est le cas c’est réussi, Non ? En tout cas cette Mélissa est à l’image de beaucoup de personnes qui évoluent et se laissent entraînées par les personnes rencontrées plus fortes au niveau du caractère et du pouvoir 🙂



    22 février 2021 à 12 h 21 min

    Oui je pense effectivement que c’est voulu pour d’une part mettre de la distance sur son comportement temporaire que l’on ne peut que regretter et aussi pour mieux apprécier son évolution. D’ailleurs je l’ai sentie frémir dans cette rencontre avec Jane. Mais je regrette que ce ne soit qu’un frémissement. Mélissa est effectivement un cas classique de ces jeunes qui sortent avec un beau diplôme et ne se sentent pas à leur place sur des postes à responsabilité. Et il suffit d’un peu de malaise pour se laisser dériver. Penses-tu le lire?



22 février 2021 à 16 h 12 min

J’hésite encore… Après avoir terminer « Le Berger » j’ai besoin d’autre chose..
J’aime être dérangée par un livre, mais il faut que j’éprouve un minimum d’empathie pour le personnage principal:-)



23 février 2021 à 9 h 56 min

J’ai trouvé le prétexte de la secte trop mince et peu réaliste au final, simple détour pour permettre à l’auteure de raconter une reconstruction…



23 février 2021 à 14 h 09 min

Je choisirai donc plutôt un autre roman de l’auteure, au vue de ton ressenti sur celui-ci.



23 février 2021 à 17 h 01 min

je pense parvenir à cerner le genre du roman et j’hésite… cela dit, je ne connais pas l’autrice, ce serait peut-être l’occasion?!



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