Titre : La fille du diable
Auteur : Jenni Fagan
Littérature écossaise
Titre original : Luckenbooth
Traducteur : Cécile Schwaller
Editeur : Métailié
Nombre de pages : 352
Date de parution : 11 février 2022
Un immeuble maudit
En 1910, Jessie Mac Rae, la fille du diable, quitte son île à bord d’un cercueil pour rejoindre Edimbourg. Son père l’a vendue à Monsieur Udnam, propriétaire de l’immeuble du 10 Luckenbooth Close afin de porter l’enfant que sa fiancée Elise ne sait lui donner. Au bout de trois jours de gestation naît Hope, une adorable petite fille qui porte déjà les traces de ses futures cornes. Face à la violence de Udnam, qui fait régner sa loi dans tout l’immeuble, Elise et Jessie se rapprochent pour protéger Hope. Dans un ultime combat, Jessie lance une malédiction sur l’immeuble et ses habitants que les trois femmes hanteront à jamais.
Je vous maudis, vous et votre précieux Luckenbooth, pour l’éternité.
Une ribambelle de personnages au travers des années
Au fil des années, l’auteur nous fait monter les étages de l’immeuble et nous laisse découvrir ses locataires. En 1928, nous faisons la connaissance de Flora, une hermaphrodite qui assiste à un bal masqué chez son amant au 2F2.
En 1939, au 3F3, nous découvrons Levi, un homme noir venu de Louisiane qui travaille à la bibliothèque des ossements de l’école vétérinaire. S’acharnant à créer un squelette de sirène, il est le premier à percevoir les traces de fantômes dans l’immeuble.
L’immeuble joue de nous comme d’un orchestre. Il est horriblement mal accordé.
En montant les étages et suivant les années, l’immeuble se dégrade. Juste après la guerre, nous croisons Ivy, une jeune fille de dix-sept ans prête à s’engager comme espionne pour venger la mort de son frère dans un camp de travail. Puis Agnès, une sexagénaire passionnée de spiritisme. Enfin Willilam Burroughs et Billy, son amant poète.
Dans les années 70 et 80, les étages supérieurs accueillent Queen Bee, une jeune femme et son gang en guerre contre une triade hong-kongaise et Ivor, un homme récemment divorcé, allergique à la lumière.
Jusqu’à Dot, la dernière squatteuse de l’immeuble avant son effondrement en 1999.
Edimbourg
Derrière ces tranches de vie de personnages originaux plutôt sombres, il y a cet immeuble, symbole de l’évolution de la ville d’Edimbourg au fil du XXe siècle. Edimbourg, une ville vampire qui réunit gens fortunés, hommes de Dieu et mendiants.
Il y a deux villes à Edimbourg. Il y en a une au-dessus du sol et une en-dessous, une au centre et une en périphérie.
Longtemps, on y a vendu les enfants pauvres pour en faire des bonnes et des ramoneurs. William Burroughs et son ami savent que les riches restent toujours impunis. Que l’on peut laisser jouer Hitler mais que l’on brûle les sorcières.
Les gens qui sont aux commandes ne sont pas des disciples de Platon, ce sont des garçons riches assoiffés de pouvoir.
Un roman social étonnant
La fille du diable est un roman atypique, sombre et original. Derrière tous ces personnages éclectiques, l’auteur met en lumière la ville d’Edimbourg dans toute sa complexité, sa mixité.
Les vrais Édimbourgeois ont une part de surnaturel; cela souligne leur genre particulier de folie.
Jenni Fagan illustre très bien cette folie et la main mise des puissants comme M. Udnam sur les pauvres et les femmes. Il est à l’image de la société écossaise de l’époque.
Ce n’est pas un roman facile à lire car l’auteur nous embarque dans de multiples histoires souvent sombres et tragiques. Mais de cette atmosphère centrée autour de l’immeuble du 10 Luckenbooth Close, il en ressort une image pregnante de la ville d’Edimbourg.
Commentaires
je pense que ce sera sans moi…
Pour la ville d’Edimbourg, alors, que j’avais visité il y a longtemps.
Tu y retrouveras peut-être des souvenirs.