Titre : La promesse
Auteur : Damon Galgut
Littérature sud-africaine
Titre original : The promise
Traducteur : Hélène Papot
Editeur : L’Olivier
Nombre de pages : 304
Date de parution : 4 mars 2022
La promesse
Le récit commence avec celle qui sera le fil conducteur de ce roman. Amor Swart, une jeune fille de treize ans, quitte momentanément le pensionnat où elle vit depuis sept mois pour assister à l’enterrement de sa mère, Rachel.
Pour Amor, retrouver la ferme où elle a grandi, où elle fut frappée par la foudre, la maison où sa mère vient de mourir après six mois de longue maladie est une épreuve. Dont personne, ni son père, ni Astrid, sa soeur aînée ni son frère, Anton, soldat en permission ou sa tante Marina ne se soucie. Mais elle, insensible aux problèmes religieux de sa famille ne pense qu’à une seule chose. La promesse faite par son père sur le lit de mort de Rachel de léguer à Salome, la dévouée servante noire, la petite maison des Lombard où elle habite avec son fils. Seulement, cette promesse ne semble concerner personne à part Amor.
La famille Swart
Famille blanche protestante de Pretoria, les Swart sont les propriétaires aisés d’une ferme où Manie, le père dirige un parc à reptiles. Quelques temps avant sa mort, Rachel a renié le protestantisme pour renouer avec la religion juive. Ce qui ne plaît ni aux Swart, ni au révérend Simmers, guide spirituel de Manie et avide de récupérer les terres de son disciple.
Quatre enterrements
Damon Galgut construit son récit autour de quatre enterrements qui surviennent à une décennie d’intervalle. Chaque fois, le temps de quelques jours, la famille se retrouve à la ferme familiale proche de Pretoria. Entre ces quatre périodes, on ne sait pas ce qui se passe. Le lecteur constate simplement lors du chapitre suivant l’évolution physique, morale et familiale de chaque protagoniste. Et, en toile de fond, l’évolution du pays. De 1986 à 2018, plusieurs présidents se sont succédés. Si la place de Salomé progresse à chaque enterrement, le racisme, la violence, les coupures d’électricité sont toujours là. Et chaque fois, Amor revient avec la question récurrente de cette promesse faite sur le lit de mort de Rachel.
Des personnages égocentriques
Toutefois, cette promesse n’est pour l’auteur qu’un prétexte pour analyser finement les caractères de ses personnages. Malgré ce lien, chacun reste centré sur ses problèmes. Astrid, jeune fille anorexique puis femme frivole, ne peut résister au regard d’un homme, surtout quand il a de l’argent et des relations. Anton se bat avec ses démons depuis qu’il a tué une femme noire lorsqu’il était engagé dans l’armée. D’une manière théâtrale, l’auteur exprime parfois derrière les phrases prononcées, les phrases pensées par ces acteurs hypocrites. Il y a une volonté de véracité, de s’éloigner de la fiction. Et pour cela, l’auteur n’hésite pas à décrire à plusieurs reprises les écoulements corporels de ses personnages.
Les personnages secondaires comme la tante Marina, le révérend Alwyn Simmers ou l’avocate sont particulièrement représentatifs des suffisances de la population blanche de l’Afrique du Sud de l’époque.
De cette promesse familiale non tenue, Damon Galgut montre comment, malgré la fin de l’apartheid, l’Afrique du sud rumine ses blessures et conserve une part de racisme et de violence.
Des personnages finement analysés, une ambiance tendue, un contexte évocateur et un subtil parallèle entre l’histoire d’une famille et d’un pays, ce roman a obtenu à juste titre le Booker Prize 2021.
Commentaires
Un Booker Price qui pourrait m’intéresser tant on a peu parlé des blancs pauvres d’Afrique du Sud.
Je n’avais jamais lu cet auteur mais c’est un fin analyste des personnalités
Je le note
A lire