fatahTitre : Le navire obscur
Auteur : Sherko FATAH
Éditeur : Métailié
Nombre de pages : 360
Date de parution : 27 janvier 2011

Auteur:
Sherko Fatah est né en 1964 à Berlin-Est d’un père kurde du nord de l’Irak et d’une mère allemande. En 2000, il a obtenu le prix Aspekte du meilleur roman en langue allemande pour En zone frontalière. Il est également l’auteur de Petit Oncle.

Résumé:
Né dans le Kurdistan irakien, Kerim ne connaît que la guerre, le pouvoir répressif des puissants, la
violence : son père est tué sous ses yeux. Kerim, encore adolescent, le remplace au sein de la famille et de la petite entreprise familiale, une auberge, il prend sa place aux fourneaux. Jusqu’au jour où, allant rendre visite à ses grands-parents dont la famille est sans nouvelles, il est capturé par ceux qui se nomment « les combattants de Dieu » : enrôlé de force dans leurs rangs, il les suit dans leurs exactions jusqu’à ce qu’il arrive, au prix d’un crime, à se libérer de leur violence et à leur échapper. De retour dans sa famille, Kerim n’a qu’une idée : quitter l’Irak le plus vite possible et gagner clandestinement l’Europe, et plus précisément l’Allemagne. Kerim survit à une traversée clandestine épouvantable et débarque chez l’un de ses oncles à Berlin où il souhaite commencer une vie nouvelle. Là, ce sont d’autres problèmes qui commencent : son passé le rattrape, il lui colle à la peau, l’intégration dans le quotidien européen ne ressemble pas à ce qu’il avait imaginé, même s’il trouve sur sa route amour et bienveillance. L’échec est programmé.

Mon avis:
Sherko Fatah dépeint la situation actuelle en Irak au travers du récit de la jeunesse de Kérim, aîné d’une famille de trois enfants.
Là où il habite, le jeune adolescent est relativement préservé. Même si il croise en allant à l’école des chiens errants affamés ou des camions pleins de prisonniers. Il perçoit la guerre par la peur constante de sa mère et par les épisodes de combats lointains lorsqu’il se rend chez ses grands-parents à la frontière iranienne.
Sa trajectoire va changer lorsqu’il assistera à l’assassinat de son père par des hommes du service secret venus déjeuner en son restaurant.
Après la dénonciation abusive d’Anatol, un ami de son père, ce second évènement va amorcer la culpabilité et le questionnement de Kérim.
Lorsqu’il se fera enlever par les combattants de Dieu, il est un être très malléable. On ne sait pas, à ce stade du livre comment il s’enfuit de ce groupe et revient chez sa mère, amaigri et riche.
Sa seule ambition sera alors de rejoindre son oncle en Allemagne. Il va alors vivre le sort des exilés, des passagers clandestins. Ce passage du livre n’apporte rien à son histoire personnelle si ce n’est qu’elle se termine elle aussi par un abandon et une culpabilité envers son compagnon de voyage qu’il abandonne sur une île déserte.
On le comprend, Kérim accumule les abandons, les sentiments coupables.
J’ai particulièrement aimé dans ce livre la construction lente et progressive qui donne à la dernière partie un grand intérêt.
Au fil de l’évolution de Kérim en Allemagne, j’ai compris toute la puissance de l’embrigadement inconscient des forces extrêmistes. Le professeur des combattants de Dieu a su insuffler en Kérim la haine des américains, hommes cupides et sans Dieu.
J’ai un peu été surprise par la remarque sur les attentats du 11 septembre. Elle est toutefois assez sibylline pour ne pas réellement choquer.
Le style littéraire est agréable, aisé et fluide. L’auteur est parvenu à construire un personnage intéressant car complexe malgré ses défauts. C’est un livre assez fort qui aide à entrevoir la folie de certains kamikazes.

 

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Auteur

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