isherwoodTitre : Rencontre au bord du fleuve
Auteur : Christopher Isherwood
Littérature anglaise
Traducteur : Léo Dilé
Éditeur : Fayard
Nombre de pages : 206
Date de parution : 29 octobre 2014
Premières éditions : Flammarion en 1992, 10/18 en 2001
Auteur :
Grande figure littéraire du vingtième siècle, Christopher Isherwood (1904-1986) quitta l’Angleterre en 1929 pour séjourner à Berlin et dans plusieurs pays d’Europe, avant de parcourir la Chine en compagnie de W.H. Auden. Tous deux s’installèrent ensuite aux États-Unis, où Isherwood devint, en 1946, citoyen américain. Son œuvre abondante est nourrie des voyages et des rencontres qui ont jalonné sa vie.
Présentation de l’éditeur :
Deux frères se retrouvent en Inde après une longue séparation. Oliver, le plus jeune, un idéaliste, s’apprête à renoncer à tout désir humain et à prononcer ses vœux de moine hindou. Patrick, un brillant éditeur londonien, avec femme et enfants à Londres et amant en Californie, feint d’admirer les convictions d’Oliver tout en critiquant ses choix en privé.
Avec force et subtilité, Christopher Isherwood raconte ici le tragique affrontement de deux êtres complexes, liés par le sang mais que tout oppose : chacun est pris dans la lutte éternelle entre le plaisir et le devoir, l’égoïsme et Dieu, et se trouve déchiré par des tourments secrets qu’il doit mettre à nu pour trouver sa voie.
Mon avis :
Six ans qu’ils ne se sont pas vus. Oliver se décide toutefois à écrire à son frère Patrick pour lui demander une faveur : aviser leur mère qu’il ne travaille pas pour la Croix Rouge en Inde mais qu’il va prochainement prononcer ses vœux pour être moine dans un monastère au bord du Gange.
Patrick est un brillant éditeur anglais, actuellement aux États-Unis pour la production d’un film. Il est le frère aîné, toujours un peu supérieur, aimant braver les interdits pour se démarquer. Il a toujours été jaloux de la force et de l’indépendance d’Oliver. Mais c’est lui qui a épousé Pénélope avec laquelle il a eu deux filles.
Oliver avait une carrière prometteuse dans la banque. Mais « toutes les affaires sont immorales » et il préfère s’investir auprès des quakers au Congo puis au sein de la Croix Rouge en Allemagne.
Là, en 1958, il rencontre un Swami, un moine hindou qui a prononcé ses vœux. Il devient son disciple et à sa mort, cinq ans plus tard, il rejoint son monastère au bord du Gange.
Une relation épistolaire s’engage entre les deux frères. Les lettres sont tout d’abord empreintes de gêne, de réserve, de craintes de blesser l’autre ou de trop se dévoiler. Puis le lecteur accède aussi aux lettres de Patrick à son jeune amant Tom, à sa femme Pénélope et sa mère. Toute la complexité et l’hypocrisie du personnage se révèlent alors.
Les pensées d’Oliver nous sont connues par l’écriture de son journal intime.
«  Son pouvoir sur moi n’est rien d’autre que mon propre doute et ma propre faiblesse. Si je crois vraiment en ce que je dis croire, alors un million de Patrick seront incapables de m’ébranler. Je ne me sentirai pas menacé par lui, et par conséquent je n’aurai pas à me couper de lui et à le haïr. »
Chaque frère ressent les non-dits de l’autre, suppose des sentiments. Patrick veut faire avouer à son frère son sentiment d’insécurité, ses doutes, son orgueil. Oliver tente de mettre en évidence l’ego de Patrick, son besoin de contrefaire. Chacun amène l’autre à réfléchir sur son destin. Amour et devoir, refus d’ambition et renoncement.
« Certes, ce qu’ils appellent renoncement, nous l’appellerions refus des responsabilités, mais ce n’est pas chose facile à réaliser. »
 » Le besoin d’être nécessaire est-il plus fort que l’amour? »
Cet échange fraternel avec des bribes de jalousie et d’amour est aussi éclairé par les couleurs du Gange et les vagues réflexions sur le pays et le bouddhisme.
« Sur la rive d’en face il y a des maisons roses et jaunes, pareilles à des jouets gaiement coloriés, au milieu des palmiers. Les quelques cheminées d’usines elles-mêmes n’ont rien d’offensant : elles sont si absurdement peu à leur place qu’elles ne paraissent que bizarres. Et, Mère, que ne peux-tu voir cette incroyable lumière durant les quelques minutes de crépuscule tropical, au moment précis où le soleil se couche! Elle brille à travers la brume légère qui s’élève de la surface du fleuve, et tout devient doré, un riche vieil or verdâtre du XVIIIe siècle, exactement comme dans un Guardi. »
 Rencontre au bord du fleuve est une réflexion intéressante sur deux conceptions de vie différente. Le côté épistolaire, s’il dévoile astucieusement les personnalités peut sembler assez lourd mais il me paraît bien adapté à la situation. L’auteur reste suffisamment imprécis et changeant pour nous perdre dans les convictions profondes de chaque frère et nous laisser notre part d’interprétation et de réflexion.
Je ne regrette pas d’avoir décidé de découvrir cet auteur anglais.
nouveaux auteurs

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

6 décembre 2014 à 20 h 39 min

Il me semblait l’avoir déjà lu mais je n’ai pas retrouvé le titre.



alexmotamots
7 décembre 2014 à 19 h 33 min

Il a l’ai pas mal, tout en finesse.



Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *