trioletTitre : Mille regrets
Auteur : Elsa Triolet
Éditeur : Denoël
Nombre de pages : 304
Date de parution de cette édition : 19 février 2015
Première parution : 1942
Auteur :
Elsa Triolet, née Ella Kagan le 12 septembre 1896 à Moscou et morte le 16 juin 1970 à Saint-Arnoult-en-Yvelines, est une femme de lettres et résistante française née de parents juifs de Russie.
Première femme à obtenir le Prix Goncourt (en 1944), elle fut la muse d’Aragon qu’elle épousa en 1939.
Présentation de l’éditeur :
Les regrets sont les peines liées au désir d’un retour du passé. Ces quatre nouvelles décrivent la ronde infernale de ceux qui ont été ballottés dans la tourmente de l’Histoire. Au-delà de l’incertitude d’une époque, il est surtout question d’hommes et de femmes avec leurs peurs, leurs amours, leurs joies, leurs souffrances, surpris par le regard lucide jusqu’à sembler parfois impitoyable, mais toujours fraternel d’Elsa Triolet.
Préface de Macha Méril
Mon avis :
Quatre nouvelles, quatre personnages en mal d’amour, un même décor entre Paris et le Sud de la France dans le murmure de la seconde guerre mondiale.
Mille regrets nous présente une jeune femme recluse dans le Sud depuis que son riche amant a disparu, prisonnier de guerre.
« Tony était pour moi le monde entier, tout le monde. »
Elle se sent désormais abandonnée, vieillie, misérable. La guerre lui a pris son amour et sa belle vie parisienne. Elle exprime une nostalgie aiguë et dévorante. Mais plus que l’amour, ne serait-ce la jeunesse, la belle vie dont elle déplore surtout la perte?
Henri Castellat a fait des études de droit à Paris. Il y est ensuite resté et il est devenu un jeune espoir de la littérature française. Mais à trente-cinq ans, il est toujours soumis à une mère jalouse et tyrannique qui veut lui faire épouser une ancienne conquête avec laquelle il a eu un fils. Henri, lui, préfère papillonner à Paris sans jamais dire « je t’aime » à personne. Lorsque la jeune Dolly remet en cause ses principes, pourra-t-il encore faire face à son destin?
Charlotte la généreuse, dans Le destin personnel,  doit accueillir la famille de son mari, prisonnier de guerre, chez elle pendant l’hiver de 1940. Exaspérée, elle accepte l’invitation de son ami Margot à la rejoindre en sa demeure d’arrière pays, une vieille bâtisse dans les collines qu’elle retape avec son mari Jean-Claude. Elle apprécie cette solitude dans cette nature si reposante, allant jusqu’à dormir à la belle étoile dans les collines. Très vite, l’on perçoit qu’elle est déçue par l’amour et ses vacances impromptues ne peuvent que conforter son pessimisme.
Enfin, quel plaisir de découvrir Louise ( La belle épicière) dans son petit quartier parisien, là où tout le monde se connaît. Elle est  mariée à Simon, un  homme serpent contorsionniste, absent même quand il est épisodiquement à la maison. Pourquoi n’aurait-elle pas droit elle aussi au bonheur et à l’amour? Elle qui a consacré toute sa vie à son commerce et son fils, n’a-t-elle pas le droit de vivre? Mais plus elle avance dans sa transformation, plus le vide se fait autour d’elle. « Les femmes sont toujours pleines d’illusions. » et le réveil peut parfois être brutal.
Avec une écriture simple, Elsa Triolet décrit pourtant très richement les lieux et les ambiances. Pour cette émigrée, « Paris est toujours beau » même si les conditions de vie pendant la guerre y sont difficiles. Mais, sont omniprésents la nostalgie, la déception amoureuse. Dans leur désir de plaire, les personnage ont pourtant une profonde tristesse, une grande insatisfaction.
Elsa Triolet peint superbement son décor et sait nous faire découvrir des personnages simples et attachants, perdus dans une époque difficile et soumis au désir de plaire. Un livre à redécouvrir.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

10 mars 2015 à 13 h 42 min

De mon côté, c’est Henri mon personnage préféré. Comment il se marie pour faire plaisir à sa maman, le pauvre… 🙂



10 mars 2015 à 15 h 44 min

Une auteure enfin ré-éditée. Chic !



    10 mars 2015 à 19 h 00 min

    Je dois avoir quelques classiques de cette auteure qui traînent dans la bibliothèque de lycée des filles. Mais j’avoue que sans cette réédition, je ne serais peut-être pas allée les chercher.



10 mars 2015 à 17 h 02 min

Yv a aimé lui aussi. Et de deux !





10 mars 2015 à 23 h 10 min

Ce recueil fut pour moi une belle façon de découvrir Elsa Triolet. J’ai adoré les deux premières nouvelles.



    11 mars 2015 à 7 h 39 min

    La première a une ambiance très particulière, un brin mystérieux. L’art de l’auteur est de savoir créer ces ambiances avec une grande simplicité de style, me semble-t-il.





Laure Micmelo
14 mars 2015 à 10 h 11 min

Entièrement d’accord !



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