Titre : Deux brûle-parfums
Auteur : Eileen Chang
Littérature chinoise
Titre original :Chenxiang xie diyi luxiang
Traducteur : Emmanuelle Péchenart
Éditeur : Zulma
Nombre de pages : 224
Date de parution : 9 avril 2015
Auteur (source éditeur):
Née à Shanghai en 1920, Eileen Chang est initiée très tôt au raffinement des chefs-d’œuvre de la littérature chinoise. Après un dernier séjour à Hongkong au début des années cinquante, elle se détourne d’une gloire déjà considérable et s’exile aux États-Unis. Elle s’éteint à Los Angeles en 1995. Ces Deux brûle-parfums, tout premiers textes publiés en 1943, et jusqu’ici inédits en français, devraient nous rappeler une fois pour toutes la place insigne de la flamboyante Eileen Chang dans la littérature du xxe siècle.
Présentation de l’éditeur :
C’est le cœur battant qu’on entre dans l’univers de ces Deux brûle-parfums, deux courts romans virtuoses, et comme en miroir, sur les mœurs anglaises et chinoises de l’époque, où pudeur et obscénité répondent à des convenances d’une exquise hypocrisie, offrant à Eileen Chang un champ d’analyse romanesque d’une folle richesse.
Premier brûle-parfum. La jeune Wei-lung sollicite la protection d’une tante, riche mondaine mise au ban de la famille. Madame Liang recèle en effet tous les philtres de l’intelligence pratique de la haute société chinoise, et voit en Wei-lung l’appât qu’elle n’espérait plus…
Second brûle-parfum. Roger Empton, professeur à South China University, est parfaitement amoureux de la très éthérée Susie, une jeune fille idéale qui par grand mystère ignore tout des désirs d’un homme normalement constitué. Au soir de leurs noces, Susie s’enfuit du lit conjugal comme une volaille décapitée, faisant bientôt du malheureux Roger Empton la risée de la bonne société coloniale.
Mon avis :
Zulma, en proposant une première traduction française d’un second livre d’Eileen Chang me fait découvrir la littérature chinoise avec une auteure du XXe siècle que je ne connaissais pas.
Eileen Chang nous invite à deux reprises à allumer un brûle-parfum le temps qu’elle nous conte ces deux courtes histoires romanesques. Peut-être, ces brûle-parfums fictifs aident-ils au bien-être et au dépaysement avec une senteur orientale. En tout cas, tous les sens sont ici en éveil.
Les deux histoires se déroulent à Hongkong et parlent de rencontres amoureuses. La première se déroule dans un milieu exclusivement asiatique mais avec des personnages marqués par les effets de la colonisation. La seconde met en scène un professeur anglais et Susie, une jeune anglaise élevée de manière assez stricte dans la société hongkongaise.
Wei-Lung, jeune fille studieuse, se retrouve confrontée à la grande vie sulfureuse de sa tante, qui, malgré son âge, son riche mari polygame et son vieil et riche amant aime attirer les jeunes hommes de Hongkong. Elle voit ainsi en la jeune et naïve Wei-Lung un superbe appât, prompt à remplacer ses deux jeunes servantes. En mauvaise conseillère, elle la persuade qu’un riche mariage vaut mieux que des études. Encore faut-il éviter les jeunes noceurs, les officiers anglais et les vieux polygames. De garden-parties à l’anglaise en somptueux cadeaux, Wei-Lung devient dépendante de cette vie même si elle peine à concilier grand amour et intérêt sous les conseils de sa tante : » Quand tu le tiendras fermement, une bonne fois pour toutes, alors seulement tu pourras le laisser tomber ou le garder pour te distraire. Là serait le vrai talent. »
Eileen Chang cadence remarquablement son histoire en nous enfermant petit à petit dans le cas de conscience de la jeune Wei-Lung.
Dans la seconde histoire, Roger Empton illustre les risques de l’amour fou surtout face à une jeune fille naïve, sans aucune éducation amoureuse. Si les jeunes chinoises ont pourtant une large éducation sexuelle par la lecture de livres explicites, Susie, jeune anglaise est « psychologiquement immature« . La nuit de noces entre ce professeur de 40 ans et la jeune oie blanche de 21 ans réserve quelques surprises. Si elles nous font sourire, leurs conséquences sont pour le moins dramatiques. L’auteur affiche ici les contrastes entre deux éducations et nous fait basculer de la légèreté et de l’amusement au drame.
Dans un style très fluide, avec un charme suranné qui donne une dimension un peu théâtrale, Eileen Chang nous divertit avec deux histoires romanesques tout en nous instruisant sur la société hongkongaise de cette période post-colonialiste d’avant-guerre.
En quelques pages bien construites, elle fait basculer par leurs relations amoureuses le destin de deux personnages initialement confiants en leur avenir.
J’ai apprécié aussi le dépaysement tant par les mentalités que par les paysages débordant d’althéas, d’ipomées et d’azalées.
Commentaires
celui-ci aussi m’attend
Tu es donc très attendu…
Tiens, tiens. je le note
Sur le site de la biblio, il y a un autre ouvrage de cet auteur : un amour dévastateur, je l’ai retenu
Je viendrai lire ton avis quand tu l’auras lu. Je ne dis pas non à un autre roman de l’auteur.
J’ai déjà remarqué cet ouvrage sur autre blog, ton avis confirme ma première impression. J’aimerai sentir et ressentir cette délicieuse odeur de brûle-parfum.
Certains associent une musique à un récit. Ici c’est une senteur, celle de l’orient.
ça a l’air charmant et un brin désuet! Je me rends que compte que je ne lis pas (jamais?) de littérature chinoise!
La littérature chinoise du XXIe siècle doit être un peu différente. Enfin, je suppose car il ne me semble pas en avoir lu non plus.
Cela me tente bien; je le note.
Pas si courant de la littérature chinoise du XIXe.
C’est une de mes lectures en cours. J’avais lu et apprécié le précédent roman que les éditions Zulma avait publié l’an dernier de cette auteure, « Love in a fallen city ». Il était suivi d’une très belle nouvelle.
Je n’avais pas lu ce premier roman traduit et édité en France par Zulma mais c’est la seconde fois qu’on me le conseille. Je vais m’y intéresser.