Titre : Eureka Street
Auteur : Robert McLiam Wilson
Littérature irlandaise
Traducteur : Brice Mathieussent
Éditeur : 10/18
Nombre de pages : 545
Date de parution : première traduction française chez Christian Bourgois en 1997, Editions 10/18 1999
Auteur :
Robert McLiam Wilson est né en 1964 à Belfast ouest, quartier ouvrier catholique de la ville. Il s’expatrie à Londres ou, après des débuts difficiles, il obtient une bourse d’études à Cambridge, qu’il quitte rapidement pour se consacrer à l’écriture. En 1988, il remporte plusieurs prix littéraires en Grande Bretagne pour son premier roman, Ripley Bogle. Il publie ensuite La Douleur de Manfred,Eureka Street et Les dépossédés. Il a été salué par Granta comme un des auteurs les plus prometteurs de sa génération.
Présentation de l’éditeur :
Dans un Belfast livré aux menaces terroristes, les habitants d’Eureka Street tentent de vivre vaille que vaille. Chuckie le gros protestant multiplie les combines pour faire fortune, tandis que Jake le catho, ancien dur au coeur d’artichaut, cumule les ruptures. Autour d’eux, la vie de quartier perdure, chacun se battant pour avancer sans jamais oublier la fraternité.
Mon avis:
Nina (Readingintherain) avait eu un gros coup de cœur pour ce roman et m’avait convaincue à l’acheter. Pourtant, il dormait dans ma PAL depuis quelques années jusqu’à ce que Mimi m’en propose une lecture commune.
Au travers d’une bande de copains catholiques et protestant ( seul Chuckie est protestant), nous découvrons Belfast dans les années 90 à la fin du conflit nord-irlandais.
« La ville chérit ses murs comme on tient un journal. Selon cette scénographie saccadée, les murs racontent histoires et haines, ratatinées et décolorées par le temps. »
Jake, bagarreur après une enfance pauvre, est au début du récit récupérateur d’objets impayés. Un sale boulot qu’il supporte de moins en moins. Larguée par sa copine anglaise, « couillon sentimental« , il cherche l’âme sœur sans grand succès malgré sa mine boudeuse de grand séducteur.
Chuckie, un « gros plein de soupe » aux nombreuses rencontres sexuelles, cherche comment gagner de l’argent sans trop se dépenser jusqu’à sa rencontre avec Max, une américaine dont il tombe follement amoureux.
Souvent regroupés dans les bars, la bande de copains discutent de tout et de rien, un peu de politique au fil des événements mais sans chercher querelles même si le sujet peut parfois être explosif, surtout avec Aoirghe, l’amie de Max.Certes, les actes de terrorisme existent toujours, » on entendait toujours la violence, proche ou lointaine« et l’auteur décrit l’attentat de Fountain Street en prenant soin de donner de l’importance à la vie des victimes afin qu’ils ne soient pas juste un nom ou un chiffre sur un bilan. Les murs tagués et les fleurs sur le pavé sont les traces des violences. » Nous sommes terrifiés. Nous devons être terrifiés. Voilà pourquoi ça s’appelle le terrorisme. »
« Belfast est une ville qui a perdu son coeur« . Mais est-elle plus violente que Broadway, New-York ou San Diego où Chuckie découvre le banditisme.
Le chapitre consacré à la description de Belfast est assez remarquable.
» Mais la nuit, de maintes manières, simples ou complexes, la ville est la preuve d’un Dieu. Belfast donne souvent l’impression d’être le ventre de l’univers. C’est un décor souvent filmé, rarement vu. Dans chaque rue, Hope, Chapel, Chichester et Chief, grouillent les signes émouvants de milliers de morts qui les ont arpentées. Ils laissent leur odeur vivace sur le trottoir, sur les briques et les seuils et dans les jardins. Les natifs de cette ville vivent dans un monde brisé- brisé mais beau. »
Cette amitié entre Chuckie et Jake, ce pardon de Chuckie envers sa mère, les actes de bienveillance et de solidarité de Jake envers ceux que son premier métier a dépossédés ou envers Roche, ce gamin des rues battu par son père montrent toute l’humanité des irlandais qu’ils soient catholiques et protestants.
» Vous constatez qu’il existe bien une division entre les gens qui vivent ici. Certains appellent ça la religion, d’autres la politique. Mais la division la plus fiable, la plus flagrante, est celle de l’argent. »
Un roman d’une belle humanité dans un pays qui sort d’une crise violente, d’une guerre entre deux factions qui disaient qu’elles ne voulaient pas se battre.
Commentaires
J’aime beaucoup ton blog, tu lis des choses que je ne vois nul part. J’ai noté Eureka Street après avoir vu un film documentaire sur l’Irlande où l’auteur parlait de son pays. Il m’avait intéressé, je compte bien le lire.
Merci. J’espère que tu pourras le lire.
Et je regrette de ne pas avoir vu ce documentaire.
C’était très bien. Ils parlaient aussi avec Colm Toibin (on auteur dont je suis en train de tout lire), Edna O’brien et Roddy Doyle que j’ai également noté. J’en ai parlé chez moi si jamais ça t’intéresse.
J’ai lu Brooklyn de Colm Toibin et j’ai aussi un livre de Edna O’Brien dans ma PAL.
Je vais rechercher cet article sur ton blog.
Merci
Ouvrage qui a assez vite ennuyé Mimi. Il lui a manqué un véritable scénario, et surtout du mouvement.
Je comprends. Ce roman est davantage fait pour ressentir l’air du temps du Belfast des années 90. Avec davantage de relations humaines que d’actions.
Il est à la bibliothèque et, je l’ai retenu. Je vais aller lirele billet de Mimi
Pas de billet….j’ai abandonné en cours de route !!!
Du coup j’hésite à l’entamer… 😉
J’espère pouvoir lire ton avis bientôt.
Tout d’abord, bravo pour le blog; chouettes articles et visuel sympa.
J’avais adoré ce roman (lu il y a plusieurs années) ! Du même auteur, je te conseille aussi « La douleur de Manfred » – beaucoup plus sombre mais qui m’avait beaucoup touché.
Merci, je note La douleur de Manfred.
Dans Eureka Street, il parle aussi du personnage Ripley Bogle qui est un autre titre de l’auteur. Du coup, cela donne aussi envie de découvrir ce roman.
Je le note !
Un de mes coups de cœur d’il y a quelques années, ça me fait toujours plaisir que d’autres lecteurs l’aiment !
Plaisirs partagés
Je dois absolument le lire en plus j’adore le traducteur ! 🙂
Un livre souvent apprécié de ses lecteurs.
Je connais, jusqu’à aujourd’hui, Robert McLiam Wilson seulement comme contributeur à Charlie (ses chroniques doivent être rédigées en anglais, d’origine…). Peut-être faudrait-il que je découvre son oeuvre romanesque un mois au l’autre?
(s) ta d loi du cine, « squatter » chez dasola