Titre : Paradis amer
Auteur : Tatamkhulu Afrika
Littérature sud-africaine
Titre original : Bitter Eden
Traducteur : Georges-Michel Sarotte
Éditeur : Presses de la Cité
Nombre de pages : 295
Date de parution : 20 août 2015

Auteur :
Poète et écrivain, Tatamkhulu Afrika (1920-2002) est né en Egypte d’un père égyptien et d’une mère turque. Ses parents meurent lorsqu’il est encore enfant, il est alors recueilli par des amis de la famille en Afrique du sud. Tandis qu’il participe à la Seconde Guerre mondiale en Afrique du nord, il est fait prisonnier à Tobruk, en Libye ; c’est cette expérience qui sera à l’origine de la rédaction de Paradis amer. De retour en Afrique du sud, il devient fervent militant anti-apartheid, et se retrouve enfermé pendant onze ans dans la même prison que Nelson Mandela.

Présentation de l’éditeur :
« Un livre extraordinaire, comme l’on en voit peu. Un texte qui doit être lu, étudié, et aimé. Une véritable oeuvre d’art. »New York Journal of Books

Un vieil homme, Tom Smith, reçoit une lettre et un colis de la part d’une personne qu’il n’a pas vue depuis cinquante ans : Danny, qui fut prisonnier avec lui pendant la Seconde Guerre mondiale, en Afrique du Nord. Dans cette intimité contrainte, tous deux se surprirent à ressentir l’un pour l’autre de forts sentiments qui les aidèrent à supporter les terribles conditions de détention, mais qui furent aussi source de conflits violents et passionnés…
Roman autobiographique, Paradis amer nous plonge avec virtuosité dans l’atmosphère d’un camp de prisonniers et évoque avec finesse la fatigue des corps, mais aussi la naissance du désir.

«Paradis amer est incisif et lyrique, caustique et émouvant. C’est une lecture enivrante. » Christos Tsiolkas

Mon avis :
La réception d’une lettre et d’un colis de la part d’un notaire s’occupant du testament d’un ancien ami plonge Tom dans les souvenirs de sa détention en camp de prisonniers pendant la seconde guerre mondiale.
Dans un premier camp géré par les Ritals, Tom se retrouve un peu contre son gré avec Douglas Summerfield, un jeune père de famille qui possède toutefois des manières féminines avec un langage précieux et une tendance à materner son ami. Cependant sa grande gentillesse les rapproche et ils s’associent pour subvenir à leurs besoins. Dans le camp, il faut se débrouiller afin de pouvoir troquer cigarettes ou travail contre des colis de nourriture.
Pourtant, une nuit, Danny, un anglais sportif, se reconnaît dans le cauchemar de Tom. Danny comprend que Tom a subi dans l’enfance les mêmes sévices que lui.  » Dans ton rêve tu disais à ton père d’arrêter de te faire une chose que mon père avait l’habitude de me faire. »
Danny et Tom, pourtant farouchement révulsés par l’attitude de certains homosexuels du camp, se rapprochent inévitablement dans une amitié masculine. Si Danny passe son temps à faire du sport, Tom aime faire l’acteur de théâtre pour Tony, un metteur en scène homosexuel. En lui proposant un rôle de femme, Lady Macbeth, Tony révèle peut-être peu à peu une part dormante de la féminité de Tom. Lorsqu’il est sur scène, Tom n’est qu’ « un être androgyne culpabilisé » qui prend en compte « la douceur du pouvoir et l’amertume de son déclin programmé » et oublie ainsi les rigueurs du camp.
L’auteur nous plonge dans l’enfer des camps avec la promiscuité des corps, les conditions sanitaires déplorables mais aussi les débrouilles des uns et des autres pour tenter de survivre et d’occuper dignement ses journées.
 » Le grand égaliseur qu’est l’indigence est désormais parmi nous et la seule société vraiment sans classes commence à s’établir, à notre corps défendant, comme le cancer ou la vieillesse. »
C’est dans les moments les plus difficiles, comme le transfert à pied du camp italien à un camp allemand, que les amitiés se révèlent indispensables à la survie, créant ainsi des liens inoubliables plus fort que toute vie antérieure.
 » Chaque jour surviennent des petites horreurs qui, nous le savons, nous hanterons plus longtemps qu’un massacre. »
Tatamkhulu Afrika évoque avec des mots assez crus cet univers d’hommes captifs ( je regrette que nombre de choses finissent en étrons ou autres matières corporelles ) mais c’est peut-être aussi cette juxtaposition de comportements sans tabous et de cette sensibilité contenue, réprouvée mais saisissable entre Tom et Danny qui fait toute la finesse de ce récit.
L’amitié des deux hommes se révèle être comme un joyau, un sentiment pur émergeant des conditions difficiles de survie de ces corps décharnés et avilis.
Et c’est avec cette pureté de sentiment que l’auteur touche son lecteur. Sans cette fois dénaturer le sentiment par le rapprochement vulgaire des corps, la sensualité et l’émotion prennent le pas sur les instincts primaires.
Cette lecture pourra déplaire par son réalisme souvent cru ( j’avoue avoir plus d’une fois été agacée par cette ambiance très masculine) mais elle cache une très belle histoire d’amitié dans un récit qui se veut aussi un témoignage historique autobiographique.

Je remercie Babelio et les Éditions Presses de la Cité pour l’attribution de ce livre lors d’une opération Masse Critique spéciale.

 

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RL2015

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

17 septembre 2015 à 15 h 42 min

C’est le côté témoignage qui ne me tente pas.



18 septembre 2015 à 11 h 01 min

ça pourrait me plaire… tu parles d’ambiance masculine… et macho?



21 septembre 2015 à 18 h 34 min

ce roman a l’air passionnant ! merci pour ton billet



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