Titre : Rien que des mots
Auteur : Adeline Fleury
Éditeur : François Bourin
Nombre de pages : 177
Date de parution : 7 janvier 2016

Adèle est journaliste, mais peut-être pas de ceux qui cherchent à se faire valoir par les mots. Enfin, plus maintenant. Ayant souffert dans sa prime jeunesse d’un manque d’attention et de tendresse d’un père écrivain toujours prêt à battre des records d’écriture, marquée par le dépit de son mari Hugo lors du plagiat de son premier livre de poésie, Adèle veut sortir de la malédiction des mots.
Son fils, Nino qui va naître, elle le tiendra loin des livres. Il n’ira pas en classe, elle enfermera Hugo dans le grenier, le grand-père se terrera à la cave pour écrire. Nino ne doit pas savoir que père et grand-père sont écrivains, ne doit jamais voir un livre. Et cela tombe bien, avec l’essor du numérique, chacun a sa liseuse et le 21 juin 2017 un grand autodafé a détruit tous les livres papiers.
En 2025, à dix ans, Adèle offre à son fils un piano,  » la musique est une forme d’écriture moins dangereuse. »
Seulement, si les mères décident parfois un peu arbitrairement de l’avenir de leurs enfants, le poids de l’hérédité et surtout l’affirmation de l’adolescence écartent l’enfant du chemin décidé par les parents.
 » Désormais, maman, je serai le seul narrateur du roman de ma vie. En te privant de ton journal intime, je te punis. Je te retire la parole pour mieux composer mon existence. Je mets un point final à ta rédaction. Tu ne seras plus le démiurge manipulant à ta guise ma destinée. Je ne serai plus jamais ta marionnette. Pendant toutes ces années tu as essayé de tuer le meilleur de moi-même, de réécrire notre histoire familiale à ta façon. Tout est faussé depuis le départ. Tu m’as inventé une vie très loin de mon hérédité. Tu as décidé pour moi le chemin que je devais emprunter et, surtout, sur quels autres je ne devais pas m’aventurer. Maintenant j’ai quinze ans maman…Enfin je vais pouvoir être moi.« 
Avec cette fable futuriste, Adeline Fleury rend un bel hommage aux livres papier. Dans cette société où le numérique remplace les livres, les journaux, les manèges, les mots redeviennent la base d’œuvres d’art.
 » Adèle ne bouge pas. Elle a du mal à s’évader de sa rechute nostalgique. Malgré les années, elle n’est pas encore tout à fait sevrée. Il lui arrive de tricher, de franchir la porte de la chambre interdite. Elle ouvre alors au hasard un Albert Simonin, Truman Capote, Erri de Luca ou un Maupassant….même si elle peut en lire à satiété sur sa Linum, le plaisir n’est pas le même. Il ne sera jamais plus le même ! Il n’y aura plus jamais cette sensualité au tourner des pages, cette légère odeur d’encre séchée, cette rugosité du papier vieilli qui faisaient que les personnages s’animaient à la lecture, que l’auteur lui parlait, l’enrobait de ses mots. Non, la magie des mots n’opère plus du tout par écran interposé.« 
Avec ce premier roman, Adeline Fleury, jeune journaliste, me touche doublement avec son personnage d’Adèle parce qu’elle est une mère et une amoureuse des livres. Pour protéger son fils de ce qu’elle pense être une malédiction, elle emploie toute son énergie. Et il y a un amour fou derrière cette folie.
Avec Nino, l’enfant mots, les personnages semblent touchés par la grâce comme le père d’Adèle ou Monsieur Dutilleul, le professeur de piano. Comme si cet enfant tournait la malédiction en « don de Dieu« . Avec lui, nul doute, j’adhère à la SPLP, Société Protectrice des Livres en Papier.
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Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

10 février 2016 à 18 h 36 min

Tout est séduisant dans ton billet ! Noté !!



11 février 2016 à 14 h 50 min

Ca a l’air passionnant et très doux.



11 février 2016 à 23 h 27 min

Tout pourrait me plaire dans ce livre !
Hop, c’est noté. Merci.



13 février 2016 à 11 h 01 min

Ca a l’air d’être un très beau roman, je note le titre! 🙂





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