Titre : Le monde extérieur
Auteur : Jorge Franco
Littérature colombienne
Titre original : El mundo de afuera
Traducteur : René Solis
Éditeur : Métailié
Nombre de pages : 272
Date de parution : 17 mars 2016

En août 1971, à Medellin, Mono Riascos, autrefois gosse des bidonvilles, enlève le riche homme d’affaires, don Diego Echavarria Misas. Avec un château au centre d’un grand parc naturel construit lors de son retour d’Allemagne à la fin de la seconde guerre mondiale, cette famille de Medellin devient un sujet d’envie et de haine pour les gosses de la rue. Mono, gamin, passait son temps à admirer Isolda, la fille de don Diego lorsqu’elle s’évade dans le parc et la forêt, refuge de son esprit fantasque.
Il faut dire que la petite fille se retrouve bien seule cloîtrée dans son château, à peine surveillée par Hedda sa professeur allemande ou par sa mère, Dita, « une allemande bien élevée, fille de pasteur » aux pensées toutefois très libérales. Alors, elle s’échappe souvent dans sa maison de poupées ou la forêt pour discuter avec des animaux imaginaires. Mono, perché dans les arbres la contemple, avec sa mini jupe rouge.
C’est elle que plus tard, devenu adulte, il aurait aimé enlever mais il devra se contenter du père vieillissant.
Avec ces deux personnages, Jorge Franco illustre la fracture sociale de Medellin. Prostitution, violences de rue, marihuana, perversion de certains flics comme Tombo qui fait partie de la bande de Mono, la jeunesse devient folle comme le symbolise le festival d’Ancon, « le Woodstock colombien« . Pendant ce temps, Diego écoute Wagner mais sa famille ne parvient pas pour autant au bonheur.
«  Moi, le temps, dit-elle, je ne le supporte plus. Tout ce qu’il amène il l’emporte sans pitié. Il amène l’amour, il l’épuise et il l’emporte. Il emporte ta mémoire, tes souvenirs, il emporte tes forces. Il amène aussi la douleur, et si tu la supportes, il te laisse une blessure avec laquelle tu es obligée de vivre jusqu’à ce que ce maudit temps décide de t’emporter, toi…toute cette histoire et ce qui nous est arrivé avec Isolda, me fait dire que mes années de bonheur n’auront été que la répétition d’une pièce de théâtre qui n’a finalement pas marché. »
En croisant habilement les différentes époques, l’auteur finit par nous laisser comprendre les états d’âme des différents personnages au cours de cet enlèvement. Mais une part de flou persiste toutefois. Ce qui, avec la fin elliptique, fait aussi de ce récit inspiré d’un événement réel un conte avec une touche de fantastique.
Les personnages de Diego et Mono sont bien ancrés. En découvrant leur monde respectif qui se rencontrent en la personne d’Isolda, nous assistons à une intéressante confrontation et une parfaite illustration de la fracture sociale du pays.
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Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

29 mars 2016 à 12 h 33 min

Il a l’air pas mal du tout ! Je note 🙂



29 mars 2016 à 13 h 05 min

Bof, pas plus tentée que cela. le dernier récit d’enlèvement que j’ai lu m’a laissé un goût d’inachevé.



29 mars 2016 à 22 h 12 min

Métailié a souvent de bons auteurs. Je note, ce que tu en dis est tentant



leranchsansnom
31 mars 2016 à 22 h 46 min

Cela me fait penser que j’ai un autre Métailié de Jorge Franco qui m’attend. Va falloir m’y mettre et me plonger dans ce mélange de violence et de prostitution Made in Medellin.



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