Titre : Maintenant ou jamais
Auteur : Joseph O’Connor
Littérature irlandaise
Titre original : The thrill of it all
Traducteur : Carine Chichereau
Éditeur : Phébus
Nombre de pages : 384
Date de parution : mars 2016

Fans de rock, vous allez adorer. Les autres s’intéresseront davantage à cette histoire d’amitié qui bouscule la vie des quatre membres d’ un groupe irlandais fictif des années 80, The ships in the night.
Robbie Goulding, fils d’émigrés irlandais, rencontre Francis Mulvey à l’université de Luton, ville proche de Londres. Fran, ce garçon maquillé au look étrange l’intrigue et l’attire. Originaire d’un orphelinat Vietnamien, adopté en premier lieu par un couple irlandais de « salopards », puis par les Mulvey, Fran est un adolescent rebelle, fracassé de l’intérieur.
Robbie lui fait découvrir la musique et sa famille l’accueille avec humour et réserve.
 » Ses yeux étaient comme des lacs froids. Il faisait penser à ces chapelles délabrées qu’on trouve dans le Nord battues par les éléments, mais qui résistent encore. »
Rejoint par Trez, une jeune violoncelliste et son frère, Sean, un joueur de batterie occasionnel, ils montent un petit groupe, jouant dans les squares.
 » Trez est la musicienne la plus douée que j’ai jamais rencontrée, un vrai prodige vingt-quatre carats qui jouait depuis qu’elle avait cinq ans. Fran, avec le temps, allait se révéler un artiste si unique en son genre qu’il aurait pu réécrire les règles de son mode d’expression. Mais c’est Seán Sherlock et personne d’autre qui a fait de nous un groupe, à la dure, sur un tempo d’enfer. Ce garçon était capable de diviser le temps en tranches magnifiques, de retourner les rythmes à l’envers, de les renverser, tandis que le battement insistant et sourd de son irrésistible pied droit sans pareil assenait une basse vicieuse. »
Le groupe donne son premier concert en juin 1983, les critiques presse sont mauvaises. Un héritage inattendu de Fran permet au groupe de s’installer à Londres. Premier enregistrement en studio, envoi d’une cassette vers les radios et télés, concerts universitaires, déplacements dans une voiture d’occasion tractant une remorque à chevaux. Robbie a arrêté ses études, Fran devient de plus en plus accroc à l’héroïne mais même si le groupe peine à vivre ensemble, la reconnaissance commence à venir avec la diffusion d’un titre sur Radio 1.
C’est pourtant le moment que choisit Fran pour lâcher le groupe. Trez part étudier aux États-Unis.
L’amitié prend le pas et les trois garçons traversent l’Atlantique.
Tout repart à zéro. Vie dans les squats, défonce, musique dans Washington Square Park jusqu’à se faire remarquer par le propriétaire d’un petit label, Eric Wallace.
Les années 85 et 86 sont enfin celles du succès jalonnées toutefois par les frasques de Fran et qui sera la gloire et la perdition du groupe.

Vingt-cinq ans après, on retrouve Robbie, ruiné par les procès et fracassé par les déceptions et l’abus d’alcool. Alors que le succès de Fran en solo est éclatant, lui galère dans la misère et les problèmes de santé. Si il aime toujours la musique, il s’en est éloigné le plus possible. Alors qu’elle est pourtant sa seule voie de guérison.
«  Quand on entend  » You make me feel like a natural woman » ou  » The first time I ever saw your face », on sait que malgré toute notre violence et notre vulgarité, nous ne sommes pas des primates- et même si la vanité, la haine, la fragilité, la concupiscence, la stupidité, la cruauté et toutes les petites choses vicieuses du quotidien existent, il y a aussi Bessie Smith et Cole Porter. »
Trez qui connaît bien son ami lui propose de remonter sur scène à Dublin. Mais en trio puisque Fran fait cavalier seul.
C’est sans aucun doute pour moi, la partie la plus touchante. Robbie Goulding, irlandais hypersensible, nostalgique du passé, blessé par l’attitude de Fran, son meilleur ami doit affronter ses démons.
 » En fait, « goulding », c’est un verbe, ça veut dire ressasser pendant trop longtemps sans jamais tourner la page. »

La musique, la création artistique, les aléas et les joies de la scène, les galères des concerts, les personnalités différentes et parfois incompatibles d’un groupe sont autant de thèmes qui rythment ce roman. On ne peut que vibrer pour les rêves de ces jeunes qui voient en la musique un moyen de sortir de leur ennui provincial, de leurs drames d’enfance. Les galères rassemblent, le succès et l’argent déstabilisent les jeunes gens, surtout ceux meurtris par un terrible passé. L’amitié peut-elle résister à certaines épreuves?

Un très beau roman qui m’a surtout convaincue par sa mise en place et sa dernière partie ( les parties liées aux relations amicales). Mais les années américaines, les années concert, si elles m’ont paru un peu plus lourdes, malgré de superbes rencontres avec Patti Smith par exemple ou plus rapidement Dylan, raviront les spécialistes de musique.

Je remercie Babelio et les Éditions Phebus pour la découverte de ce roman à l’occasion de le dernière opération Masse critique.

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Commentaires

16 juin 2016 à 10 h 27 min

J’avais beaucoup aimé « A l’Irlandaise » de Joseph O’Connor, mais je n’ai pas lu d’autres romans de cet auteur. Celui-ci me tente beaucoup, notamment parce que j’écoute beaucoup de rock!



Sandrine
16 juin 2016 à 16 h 29 min

Pour l’instant, je n’ai lu qu’un roman de Joseph O’Connor mais je vais rattraper ça car il m’a beaucoup plu. Merci pour ce billet, ce titre-là pourrait-être le bon.



16 juin 2016 à 20 h 45 min

Tiens on dirait qu’avec ce titre, O’Connor sort de ses thèmes habituels. Je le lirai lorsqu’il sortira en poche, je pense (je note que tu as aimé, mais sans enthousiasme délirant !) Et sinon, A l’irlandaise est génial (@Sandrine : drôle ? J’ai plutôt gardé le souvenir d’un roman très sombre…?), Muse est génial, Redemption Falls est excellent…



    16 juin 2016 à 22 h 14 min

    Comme je le dis dans ma chronique, la période centrale m’a moins convaincue. Peut-être parce que l’on repart au creux de la vague aux Etats-Unis. On refait un peu le même cycle. Mais la dernière partie est excellente!
    Je peux donc en lire un autre sans trop me tromper.



17 juin 2016 à 8 h 13 min

le thème ne m’intéresse pas donc j’ai fait l’impasse dessus.



luocine
18 juin 2016 à 6 h 10 min

Bonjour, un petit air de cette musique que je n’écoute pas souvent … pourquoi pas . Pour moi le voyage sera double, vers l’Irlande que j’aime et les groupes de rock que j’aime moins mais que je veux bien découvrir.



19 juin 2016 à 12 h 39 min

Moi qui n’y connais pas grand chose en musique rock des années 80, je ne suis pas tente. A tord, certainement.



    19 juin 2016 à 19 h 28 min

    Comme toujours certains titres ne le disaient pas grand chose et en les écoutant sur youtube, je me disais  » ah, bah, oui bien sûr ». Mais j’ai surtout aimé cette histoire d’amitié



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