Titre : Le saut oblique de la truite
Auteur : Jérôme Magnier-Moreno
Éditeur: Phébus
Nombre de pages : 112
Date de parution : 2 mars 2017

Être peintre est un avantage évident pour décrire les paysages. Surtout ceux de la Corse où la nature revêt tant de couleurs qui sont, d’ailleurs ici, les titres des différents chapitres.
L’auteur a commencé ce texte en 1999, en prenant des notes dans un petit carnet lors d’un voyage en Corse où il devait retrouver Olivier, un ami un peu farfelu, étudiant lui aussi en école d’architecture, pour une partie de pêche à la truite du côté de Corte.
Olivier sera aussi fuyant que les truites des froides rivières. Des occasions ratées qui sont néanmoins source de retour à la nature et de rencontre avec soi-même.
Les mots sont pour l’auteur comme un appareil photo. Et ce voyage est une occasion exceptionnelle de se ressourcer loin du tapage du monde.
Ce n’est qu’en 2016 que l’auteur ose se séparer de son manuscrit pour le glisser dans une boîte aux lettres à destination d’un éditeur.
Pas facile de lâcher son bébé, de clore un souvenir de jeunesse et surtout de faire le deuil de sa mère qui voyait en ce roman une envie de vivre de son fils.
Les passages descriptifs sont pour le lecteur une agréable évasion.
 » La vallée, peu encaissée à cet endroit, est en effet couverte de buissons de myrte, de romarin, de ciste et de bruyère, moutonnant comme s’ils étaient régulièrement taillés par une escouade de jardiniers nippons. Ces arbustes arrondis aux dégradés de couleur infinis -du vert tendre à un vert presque noir- cascadent harmonieusement vers le fond de la vallée. Là, coulant entre des rochers de granit beige adouci et sculpté par le temps, la Tavignano m’apparaît, féérique, étincelant, telle une rivière de diamants serpentant dans son écrin de velours végétal. »

Pourquoi cette belle narration descriptive est-elle entrecoupée d’expressions crues des désirs masculins et besoins humains du narrateur? Peut-être pour montrer qu’il n’est qu’un homme dans cette nature si pure. D’ailleurs ses rencontres sont elles aussi avec des êtres assez charnels (la conductrice qui le prend en voiture, les allemands du refuge) ou cauchemardesques ( propriétaire des chambres d’hôte).

Un beau moment d’évasion dans un paysage exceptionnel mais j’aurais aimé davantage d’introspection pour saisir la fragilité du personnage. La nature invite plutôt au lyrisme et il me semble que l’auteur, plutôt que d’évoquer sa fêlure suite au décès de sa mère ou sa déception suite au rendez-vous manqué avec son meilleur ami, a préféré se cacher derrière un registre burlesque qui animalise l’homme.
Un mélange des genres qui peut séduire et une superbe occasion de respirer la nature corse.

Je tiens à remercier l’auteur pour l’envoi de ce livre, pour sa belle dédicace et la superbe personnalisation de son courrier. Je garde le tout  précieusement dans ma bibliothèque.

 

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

23 avril 2017 à 17 h 33 min

tout me plaît… sauf tes bémols! Zut alors!





25 avril 2017 à 13 h 56 min

Je viens de le découvrir sur instagram, la couverture est sublime et ce titre très intriguant ! Si j’ai la possibilité, je ferais en sorte de le découvrir, même si je vais avoir les mêmes bémols que toi pour sûr. Mais bon, tu leurs trouve une raison, un équilibre, donc ça me rassure quelque peu !



25 mai 2017 à 18 h 44 min

J’ai les mêmes bémols que toi.



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