Titre : La porte
Auteur : Magda Szabo
Littérature hongroise
Traducteur: Chantal Philippe
Titre original : Az Ajtó
Éditeur : Viviane Hamy
Nombre de pages : 277
Date de parution : août 2003

Quelle femme étonnante que cette gardienne d’immeuble! Emerence, le visage calme comme un lac, le front caché par un foulard qui ombre sa tête en permanence abat le travail de cinq personnes dans cet immeuble. Si tout le monde la connaît et la respecte, personne n’est jamais rentré chez elle. La porte est close à tout le monde.
Elle s’entourait de mystère comme d’un châle. Son ton franc et autoritaire, sa brusquerie matait les animaux et les humains pourtant prompts à l’aimer de manière inconditionnelle.
Originaire comme Magda de Nadóri, elle ne parle pas de son passé. Il paraît qu’elle n’a pas de lit pour dormir et qu’elle possède des trésors ayant appartenu à une famille juive pour laquelle elle travaillait.
A une époque où l’écriture prend davantage de place dans la vie de l’auteur, Magda demande à la gardienne d’immeuble si elle souhaite s’occuper de son ménage. Lorsque le mari de Magda tombe malade, Emerence dévoile toute sa bonté. Si la vieille femme est opposée à l’Église depuis une histoire de jeunesse, sa grandeur d’âme la pousse à aider son prochain quel qu’il soit.
 » Chez les hommes, comme chez les animaux, c’est la ruine qui l’attirait. »
Patiemment, la relation entre les deux femmes se construit. Emerence confie des bribes de son passé, accorde sa confiance sans se priver de critiquer largement le métier, la religion, l’attitude de Magda. Étrangement, comme le chien Viola, Magda ressent une attirance, presque une soumission envers la vieille femme imprévisible et emportée.
 » toute relation sentimentale est une possibilité d’agression »
Lorsque brutalement, Emerence s’enferme chez elle, loin du regard des autres, fuyant la pitié, Magda se retrouve confronter à un dilemme. Comment ouvrir cette porte, comment aider Emerence sans la trahir?

Dans une atmosphère un peu mystérieuse, Magda Szabo dresse le portrait d’une femme inoubliable. Anti-intellectuelle, contre toute forme de pouvoir, Emerence aide naturellement son prochain malgré une attitude parfois brutale. Elle a cette forme de bonté naturelle, sauvage qui prévaut à toute consigne religieuse inculquée au plus jeune âge.
«  Cette femme ne mettait pas sa foi chrétienne en pratique le dimanche entre neuf et dix à l’église, mais tout au long de sa vie, dans son entourage, et avec l’amour du prochain qu’on trouve dans la Bible... »

A l’occasion du centenaire de la naissance de Magda Szabo, La porte vient de paraître en format Poche (Livre de Poche, 1er février 2017), une belle occasion de découvrir cette grande écrivaine hongroise.

Retrouvez l’avis de The Reading Bibliophile qui m’a accompagnée pour cette lecture.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

28 avril 2017 à 9 h 20 min

Lu à sa sortie, il y a quelques années déjà, j’ai adoré ce livre, ce personnage. Puis le second roman La ballade d’Iza, tout aussi fort, qui met parfois mal à l’aise, relation d’une fille et de sa mère âgée…Une grande écrivaine, Magda Szabo



28 avril 2017 à 12 h 53 min

J’en profite pour noter aussi, ayant été également enchantée par « La porte » et son inoubliable héroïne..





28 avril 2017 à 21 h 31 min

C’est amusant parce qu’il en a été question dans mon groupe de lecture à la bibliothèque hier soir, si bien que je leur ai donné le lien vers ton billet aujourd’hui… 😉 Intriguée je suis.



30 avril 2017 à 23 h 57 min

Je viens de le lire. J’ai beaucoup aimé. Je ne ferai pas de billet mais c’est un livre marquant qui laisse des images fortes dans la tête. Quel personnage !



2 mai 2017 à 14 h 04 min

Il est vrai que je connais très peu la littérature hongroise.



Laure Micmelo
7 mai 2017 à 18 h 48 min

Je l’ai acheté !



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