Titre : la confusion des sentiments
Auteur : Stefan Zweig
Littérature autrichienne
Titre original : Verwirrung der Gefühle
Traducteur : Tatjana MARWINSKI
Éditeur : Robert Laffont
Nombre de pages : 160
Date de parution : 24 janvier 2019 dans la collection Pavillon Poche
Freud considérait cette nouvelle de Stefan Zweig comme un chef d’œuvre. Pas étonnant, Zweig possède cet « art particulier, qui jaillit comme une flamme. » L’auteur utilise d’ailleurs de nombreuses métaphores autour de l’eau ou du feu qui symbolisent la fluidité et la fulgurance de son écriture.
Le jeune Roland fait ses études à Berlin. Mais il s’adonne davantage aux plaisirs qu’à l’étude. Son père l’envoie alors dans une école de province.
Dès son arrivée, il est subjugué par le discours fougueux d’un professeur sur l’époque élisabéthaine et le théâtre de Shakespeare.
« Jamais je n’avais vécu chose pareille, l’extase du discours, la passion de l’exposé comme un phénomène élémentaire, et cette expérience surprenante, d’un coup, m’envoûta. »
Roland s’inscrit à son cours. Le professeur lui propose de loger à côté de chez lui et l’invite souvent à son domicile. L’étudiant plonge dans l’étude pour remercier le maître. Il l’idolâtre tant qu’il en oublie sa vie privée. Aveugle aux réactions des autres professeurs ou étudiants, sourd aux mises en garde de la femme du professeur, Roland constate pourtant les changements étranges du comportement du maître et ses absences soudaines et imprévues.
« Plus je cherchais à l’approcher, plus il me repoussait avec dureté et même crainte. rien ne devait, rien ne pouvait l’approcher, ni pénétrer son secret. »
Le récit est bref, condensé mais il contient tous les ingrédients nécessaires à l’exposé de passions aveugles du triangle amoureux composé du maître, de l’élève et de la femme du professeur. Roland, dans la fougue de sa jeunesse perçoit son trouble et son élan pour la femme du professeur au tempérament vif et sportif. Beaucoup moins ce sentiment étrange et réciproque pour cet homme mystérieux, passionné et passionnant.
« Rien ne touche aussi puissamment l’esprit d’un adolescent que les ténèbres sublimes d’un homme d’âge mûr. »
La confusion des sentiments vient aussi de cette différence d’âge entre un jeune téméraire, naïf et la connaissance, le savoir, la domination d’un homme adulte dont chaque parole est loi et grâce.
Quarante après, c’est encore la voix du professeur qui s’exprime par la voix de Roland toujours confus de ses sentiments de désir homosexuel et adultère et de culpabilité.
Cette nouvelle traduction en format poche est l’occasion de redécouvrir ce chef d’œuvre classique et la puissance de l’écriture d’un auteur qui a marqué son temps.
Commentaires
Un auteur indémodable et un maestro inégalé à mes yeux.
Tout à fait d’accord
J’ai adoré découvrir Zweig avec Le joueur d’échec, celui-ci est aussi sur ma liste et ta chronique me donne encore plus envie 🙂
Superbe aussi Le joueur d’échec!
Il faudrait que je le relise.
Il y a tant à lire que je relis peu finalement
Je n’ai jamais lu cet ouvrage de Zweig. Il me manque de retrouver la plume et la finesse de l’auteur : je le note dans ma liste !
Pourtant un des plus connus avec Le joueur d’échec, j’ai mis du temps aussi à me décider à le lire.
Un des rares livres que j’ai lu deux fois ! Une merveille !
Un très bel auteur qui ne se démode pas. J’aime, de temps à autre, replonger dans la lecture des correspondances échangées avec Romain Rolland