Titre : Les petits de Décembre
Auteur : Kaouther Adimi
Éditeur : Seuil
Nombre de pages : 256
Date de parution : 14 août 2019
La cité du 11-décembre,dans une petite commune à l’ouest d’Alger a été construite en 1987 afin de loger les militaires. Depuis il en reste peu, quelques gradés à la retraite qui possèdent les plus belles maisons où les routes sont goudronnées. Le reste de la cité n’est guère entretenue.
Les enfants aiment se retrouver sur un terrain vague au centre de la cité, ils y jouent au football.
En ce mois de février 2016, avec la pluie qui fait craindre de nouvelles inondations, le terrain est plutôt une mare de boue. Ce qui n’empêche pas Inès, une fillette de onze ans, Jamyl et Madhi de s’amuser sur le seul lieu qu’il considère comme leur terrain de jeu.
Pendant ce temps, les adultes regardent la télévision, inquiets des inondations qui menacent une nouvelle fois Alger.
Ces parents, ces grand-parents, Kaouther Adimi nous les présente. Leur passé marqué par l’histoire du pays explique autant leur physique que leurs humeurs. Adila, la grand-mère d’Inès, est une intouchable grâce à son passé dans le FLN. Sa fille, Yasmine reste hantée par ses peurs de jeunesse.
» La société algérienne pouvait être d’une violence inouïe à l’égard des femmes vivant seules. »
Le colonel Mohamed, suivi de son collègue Cherif, a créé un parti d’opposition et rêve d’avoir enfin un rôle à jouer entre l’ancienne et la nouvelle génération. Ce futur politique est représenté par son fils, Youcef, prêt à défendre ses droits.
» Papa, si tout le monde ne pense qu’à son petit avenir et son petit confort, comment ferons-nous pour changer les choses? »
Aussi n’hésite-t-il pas quand deux généraux, Saïd, un des instigateurs de la purge des années 90 et Athmane viennent inspecter le terrain vague afin de prévoir les plans de leurs futures maisons.
« On n’a que ça! Eux ils ont tout le pays, ils ne peuvent nous laisser ce bout de terrain? »
Dans ce pays où la justice sert ceux qui ont les meilleures cartes, Youcef ne fait pas le poids face aux généraux.
Les craintes du vieux colonel Mohamed s’avèrent fondées. Les adultes vivent encore dans la peur, mais pas les enfants. La volonté des plus jeunes face à l’injustice, même si ce n’est que pour défendre un terrain vague, soutenue par les réseaux sociaux, donne un nouvel élan.
Kaouther Adimi construit un roman remarquable. Sensible grâce à la force de ses personnages, la fraîcheur de ces enfants affranchis de la peur qui musèle les parents. Enrichissant par le biais du journal qu’écrit Adila, militante pendant la guerre d’Algérie, arrêtée à dix-sept ans, humiliée, torturée, qui retrace les grandes lignes historiques du pays.
Avec cette photo d’un pays corrompu, l’auteur rend hommage à l’ancienne génération qui s’est battue, qui vit aujourd’hui avec les peurs et les cicatrices du combat, et montre l’état d’esprit d’une nouvelle génération, prête à défendre ses droits.
Si son dernier roman, Nos richesses, a été récompensé des prix du Style et Prix Renaudot des lycéens, celui-ci devrait connaître un large succès public.
Commentaires
Roman assez creux et superficiel même si le thème est intéressant et ambitieux. Kaouther Admini s’est, une fois de plus, gâchée avec ce livre.
C’est un avis personnel que je respecte. Tout comme Nos richesses, ce roman ne fera pas l’unanimité. Personnellement, je ne le trouve ni creux, ni superficiel. Peut-être suis-je un peu partiale, j’aime beaucoup l’univers de cette auteure. Découverte avec L’envers des autres, J’avais aussi beaucoup aimé Nos richesses.
Merci pour cette chronique sortie juste au bon moment; je ne suis évidemment pas d’accord avec Taleb; j’aime beaucoup les livres de Kaouter Adimi que je ne trouve ni creux ni superficiels mais son point de vue peut-être intéressant car il ne part sans doute pas du même regard
Nous lisons chacun avec notre parcours. Les différences d’opinion permettent souvent de construire et progresser. Merci à vous deux de vous exprimer librement
Je vous remercie pour votre commentaire.
Mon regard est celui d’un lecteur qui s’intéresse beaucoup à l’Algérie et aux écrivains algériens parmi lesquels il y en a de très talentueux.
Je pense notamment au regretté Rachid Mimouni, à Rachid Boudjedra, à Kamel Daoud et Boualem Sansal…
Après avoir lu ces écrivains, je peux vous dire que vous voyez tout de suite la différence avec les livres de Kaouther Adimi.
Que ce soit avec nos richesses ou les petits de décembre, je suis à chaque fois resté sur ma faim bien que les sujets soient pourtant ambitieux et intéressants.
Avec de tels sujet, Kaouther Adimi avait de quoi faire, mais je trouve qu’elle ne va pas au fond des choses et c’est bien dommage.
Autre déception, dans ses deux derniers roman elle parle à chaque fois de la guerre d’indépendance sans que ça n’apporte rien ou que cela ne nous apprennent rien.
Dans son dernier roman elle parle même de la décennie noire sans que ça n’apporte absolument rien du tout.
J’ai l’impression en lisant certains passages qu’elle s’est simplement contenté de noircir du papier pour écrire un bouquin .
Bien évidemment c’est avis n’engage que moi et ce n’est que mon avis.
Bonjour, je ne connais pas les deux premiers écrivains mais j’aime beaucoup Daoud et Sansal.
Je n’ai lu que son premier que j’avais beaucoup aimé et voilà qu’elle en sort un troisième…
Difficile de suivre tous les auteurs…
J’avais toruvé son précédent un peu inégal. Celui-ci a l’air meilleur.
Je n’avais pas lu le précédent. Si tu le lis, tu me diras si il progresse 😉
j’étais restée sur ma faim avec « Nos richesses » donc le thème me plaît mais j’hésite encore 🙂
J’ai eu un commentaire qui déplorait aussi cet aspect sur ce roman.