Titre : Où bat le cœur du monde ?
Auteur : Philippe Hayat
Éditeur : Calman Levy
Nombre de pages : 429
Date de parution : 14 août 2019

La rentrée littéraire est souvent focalisée sur quelques noms d’auteurs bien connus qui reviennent régulièrement sur les listes de sélection de prix littéraires. Parmi les centaines de romans à paraître, j’aime bien trouver celui d’un auteur moins connu qui mérite, selon moi de sortir du lot. Pas forcément pour ses qualités littéraires, son style, son originalité (même si tous ces ingrédients sont ici bien présents) mais pour la cote d’amour qu’il peut susciter.  L’an dernier, j’avais élu un premier roman, La vraie vie d’Adeline Dieudonné.

Même si je n’en suis qu’au début de mes lectures, il me semble bien que Où bat le cœur du monde?, sera mon roman 2019 à défendre. Il s’agit du second roman de Philippe Hayat, un entrepreneur français, auteur de Momo des Halles (Éditions Allary, 2014).

Darry Kid Zak a quatre-vingt-dix ans. Soutenu par sa femme, Dinah, il va donner son dernier concert. Sur lui, il porte toujours le petit poisson d’argent que lui avait donné sa mère, « puisque à cause d’elle il avait failli ne pas être, et que sans elle jamais il n’aurait été. »

Né à Tunis, Darius est le fils unique d’un libraire tunisien et d’une mère juive d’origine italienne. La ville, sous contrôle des français est en effervescence. Les arabes détestent les juifs qui commercent avec les français.
De l’attaque contre son père, sous l’œil indifférent des militaires, Darius gardera des séquelles physiques et psychologiques. Il restera boiteux et muet. Sa mère rêve pour lui de grandes études, l’adolescent veut s’exprimer par la musique.
De belles rencontres, avec un professeur de littérature ou une jeune française, le poussent sur le chemin de sa passion. Mais pour Darius le choix entre le respect à sa mère et la vie par le jazz est cornélien.

«  Le grand amour, on ne le vit pas en se mutilant. »

Darius s’embarque avec des soldats américains pour soutenir les troupes débarquant en Sicile. Puis il échoue à New York en 1948.

« A l’époque, il rentrait du front, et il avait trouvé l’Amérique plus violente que la guerre. »

Dinah, une étudiante noire, l’aide à retrouver foi et confiance en sa musique. Ce musicien blanc, boiteux et muet rencontre alors les plus grands musiciens noirs.

 » Ce qu’ils cherchaient dans leur blues, il le cherchait aussi. Comme eux, il se débattait dans un monde qui se refusait à lui, il se heurtait à sa violence, alors il fallait le  réinventer, le secouer dans un rythme effréné, briser les mélodies convenues, improviser et jouer, jouer jusqu’à rendre cette vie fréquentable. »

En pleine ségrégation, Darry accompagne Billie Holiday, Charlie Parker et Miles Davis dans une tournée jusqu’à La Nouvelle Orléans, inventant le cool jazz.

Philippe Hayat nous embarque dans une grande aventure de la Tunisie française à l’Amérique ségrégationniste en passant par la guerre en Europe sous le swing remarquable d’un personnage inoubliable. A la manière de Billie Holiday, la magie de ses notes touche  » ce point précis où bat le cœur du monde. »

Un roman coup de cœur qui enchantera tous les lecteurs sensibles à cette musique qui enflamme, délivre une folle espérance face à la violence du monde.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

annie-france belaval
16 août 2019 à 14 h 18 min

Cela donne envie(j’aurai sans doute un pb avec la musique); l’an dernier, j’avais aussi voté pour la vraie vie, ainsi que pour les Déracinés, sorti un peu avant la rentrée



annie-france belaval
17 août 2019 à 11 h 17 min

Hier, je suis allée en librairie (à Cahors): en tête de gondole: Binet, Chalandon, Adimi et…Hayat! Mon oeil n’aurait pas été attiré sans ton avis!



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