Titre : UnPur
Auteur : Isabelle Desesquelles
Éditeur : Belfond
Nombre de pages : 224
Date de parution : 22 août 2019
Lauréate du Prix Femina des Lycéens en 2018, Isabelle Desesquelles s’attaque ici à un sujet difficile, la pédophilie.
Impossible de traiter de telles horreurs de manière frontale. Le style de l’auteur, plutôt abrupt et parfois insaisissable se prête bien à ce genre d’exercice mais ne suscite pas naturellement l’immersion.
J’ai eu beaucoup de mal à entrer dans cet univers. D’autant plus que le narrateur, avec son récit au passé, celui de son enfance alors qu’il a aujourd’hui la cinquantaine, me laisse une impression lancinante de malaise.
Benjamin et Julien sont jumeaux, nés en 1976 d’une mère, extravagante et belle comme l’actrice qu’elle voudrait devenir. Sa joie de vivre dissimule une blessure d’enfance. Elle a tant d’amour à donner à ses fils.
Lors d’un voyage à Venise, Benjamin, âgé de huit ans, se fait enlever par celui qu’il appellera le gargouilleur. Pendant cinq ans, ce monstre abuse de l’enfant et l’utilise comme complice de ses méfaits.
« Il n’y a plus d’enfance en moi. Je découpe des roues de vélo dans les journaux, continue de chercher des rognures dans le tapis. »
Des décennies plus tard, Benjamin confesse à son jumeau ce qu’il n’a jamais osé dire à personne. Pourquoi ne s’est-il jamais enfui? Pourquoi n’a-t-il pas rejoint sa famille au lieu de fuir au Mexique? Que se passe-t-il dans la tête d’un enfant qui devient le pantin désarticulé d’un monstre? Que devient cet être, bafoué, avili, quand il grandi? N’a-t-il plus que des désirs malsains à offrir à son entourage? Se punit-il inconsciemment d’avoir accepté l’avilissement?
Isabelle Desesquelles suit Benjamin, cet adolescent en fuite puis cet homme résistant à ses pulsions en Amérique du Sud où il se terre pendant vingt ans. J’attendais le procès annoncé, le retour vers son jumeau. Il sera, à mon sens, bâclé et expédié.
Le style et le ton m’ont tenue à distance ce qui est peut-être préférable sur ce genre d’histoire. Mais, de ce fait, mon esprit devient plus exigeant, plus prompt à trouver les écueils. Les ellipses m’ont gênée. Je reste avec beaucoup de questions et de doutes.
Si le dénouement fait sens, je reste frustrée par la rapidité du procès, la facilité de jugement. Il me fallait sortir de la tête fracassée, du ton lancinant de celui qui restera à jamais un enfant traumatisé. Je n’ai pas trouvé le regard extérieur qui m’était nécessaire.
Si je suis restée en marge de ce texte, Yvan l’a beaucoup aimé.
Commentaires
Des avis très différent sur ce roman. Il m’intrigue.
J’ai du mal avec ces confessions sur un ton très personnel
Je n’ai pas encore lu ce livre; j’ai lu Mon père de Delacourt qui donne peu la parole à l’enfant: il se place du point de vue du père explosant de colère face au prêtre qui a abusé de son fils. Un débat avec l’auteur n’a parlé que de la pédophilie dans l’église et non du livre, ce que j’ai regretté.
Je ne lis plus Delacourt. Ici l’enfant est devenu adulte mais se replace au niveau de l’enfant. Je pense que c’est ce qui m’a gênée.
J’ai beaucoup aimé pour ma part
Oui ce roman a plu à de nombreux lecteurs. Je suis passée à côté
J’ai moi aussi beaucoup aimé ! Et j’avais eu un peu de mal avec son avant dernier… Ce n’est pas une auteur facile à aborder.
Je n’avais pas du tout aimé, ni compris d’ailleurs, son précédent roman. Je n’y reviendrai donc pas. Je pense qu’elle aune façon de faire qui me dérange davantage que les thèmes qu’elle aborde. Et puis , il y a tant à lire par ailleurs…..
Tu m’avais prévenue. Effectivement c’est davantage dans la manière de faire.
Je ne la classerai pas dans les auteurs difficiles mais elle a une façon particulière d’aborder ces sujets délicats. Je retrouve l’ambiance de Simple de Julie Estève, un livre qui a beaucoup plus aux lecteurs mais dans lequel je n’ai pas pu entrer. Je crois que c’est à cause de cette manière « d’infantiliser » des adultes avec un style particulier. Mais je suis ravie que ce roman plaise au plus grand nombre.
Je viens de le commencer et j’ai pour l’instant la même sensation gênante à lire ce récit d’un enfant en sachant que le narrateur a une cinquantaine d’années…
Cela me rassure, je me sentais un peu seule
Je l’ai terminé hier et je suis restée en dehors de l’histoire du début à la fin, malgré l’horreur des faits racontés, je n’ai ressenti aucune empathie pour le Benjamin de 50 ans…