Titre : Fille
Auteur : Camille Laurens
Editeur : Gallimard
Nombre de pages : 240
Date de parution : 20 août 2020

 

Dès la naissance, tu n’es pas un beau bébé ou Laurence. Non, tu es UNE FILLE. Elle te fait naître en te nommant ainsi. En te collant une étiquette. Et pour tes parents, «  tu n’es pas seulement une fille, tu es encore une fille. »

Nous sommes en 1959, il n’y avait pas encore d’échographie qui vous informait du sexe de l’enfant au bout de quelques mois de grossesse. Les pères voulaient un garçon pour le nom. Les mères, interdites de travail et de compte bancaire sans l’autorisation du mari, cantonnées à leur rôle de mère et de ménagère suivaient les valeurs du chef de famille. Pas de liberté individuelle mais le rangement sous la coupe de la famille qui ne souhaite jamais faire de vagues.

Laurence doit grandir avec les remarques d’un père misogyne, les blessures d’un grand oncle pédophile, les silences d’une famille, les craintes des parents qui mettent les filles en garde contre les garçons. Aucune place pour l’amour, le vrai.

 Quand elles seront grandes, quand elles auront un mari, ce sera différent. Elles auront le droit. Et même le devoir.

Comment devenir une femme de demain avec cette éducation ? C’est le sujet de la seconde partie dans laquelle nous retrouvons Laurence mariée et enceinte d’un garçon. « Une grossesse précieuse ». Les choses évoluent lentement!
La misogynie du père décide une nouvelle fois du destin de Laurence.

Faudra-t-il attendre la génération suivante pour que la fille de Laurence vive pleinement sa liberté ?

La différence, maman, entre hommes et femmes, tu vois, c’est que les hommes ont peur pour leur honneur, tandis que les femmes, c’est pour leur vie. Le ridicule ne tue pas, la violence, si.

De la même génération que Laurence, je me suis sentie pleinement concernée par cette éducation. Sans toutefois en connaître les nombreuses blessures . Il faut dire que Camille Laurens charge au maximum la barque de son personnage.

De nombreux romans, notamment ceux d’Annie Ernaux, traitent de ce sujet. Mais l’essentiel est fort bien vu et la construction du roman est pertinente. Partant d’un récit à la seconde personne, Camille Laurens donne ensuite la parole à Laurence.

« On ne t’a pas appris à te faire entendre

En campant son personnage enfant, adolescent, femme puis mère, l’auteure balaie tous les aspects de la féminité. Elle suit ainsi l’évolution de pensées de son personnage, son éveil face à l’évolution des moeurs.

Un roman fort bien écrit qui, si il ne m’apprend rien,  nous autorise à croire que les mentalités évoluent.

C’est merveilleux, une fille.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

28 septembre 2020 à 15 h 48 min

Dans ma pile mais pas encore lu…. J’ai hâte de le lire car je me sens également concernée et sans l’avoir lu je le recommande déjà autour e moi 😉



29 septembre 2020 à 3 h 38 min

Oui, un très bon moment de lecture, je confirme. De plus, l’auteure chasse les éléments de langage que nous reprenons mais qui révèlent encore bcp combien l’égalité est encore loin . Merci pour ce partage 😉



29 septembre 2020 à 10 h 00 min

Je suis en plein dedans et je trouve ce roman formidable !



29 septembre 2020 à 13 h 20 min

Un sujet déjà lu, qui me fait hésiter.



29 septembre 2020 à 21 h 11 min

j’ai hâte de le lire! Je viens de le réserver à ma BM



franckartbeagmailcom
8 janvier 2023 à 22 h 27 min

He ho les filles ce roman-récit est une piqûre de rappel.
Ce témoignage est essentiel dans les mouvements féministes d’hier et d’aujourd’hui.
Texte réaliste, ancré dans une époque où le féminin est un questionnement, parfois une douleur souvent une incompréhension.
Je suis née en 1960 et donc proche du personnage principal.
Sans avoir le même parcours, je suis profondément émue par ces révélations sincères.
Non ce n’était pas mieux avant, aucune nostalgie et exit le bleu et le rose.
C.Laurens par son talent d’écriture met des mots sur nos ressentis, nos incertitudes.
Traversée des années 60 à aujourd’hui, l’auteure maîtrise la grammaire française, nomme le féminin et le masculin dans une réalité figée par des conventions, des règles sociétales fausses, douloureuses et incompréhensibles.
C.Laurens met un coup de pied à ces non-sens.
Alors les filles, le combat continue.
Entre : « C’est une fille » et « C’est merveilleux une fille », il y a un abysse , surtout un apprentissage, une initiation.
Et ce n’est pas toujours la mère qui transmet, la fille aussi.



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